Contrairement au poste frontalier de Dhehiba qui est aux mains des rebelles, du côté de Ras Jedir, ce sont plutôt les pro-Gueddafi qui contrôlent le passage. C'est la raison pour laquelle six officiers libyens, ayant fait défection, ont choisi la voie maritime pour fuir les combats. Ils ont accosté au port d'El-Ketf, à Ben Guerdane, à bord d'une barque à moteur. Plusieurs autres véhicules ont emprunté des pistes sahariennes pour accéder au territoire tunisien sans être empêchés par les milices. A l'Ouest, et précisément à Dhehiba, un calme prudent règne dans les environs du point de passage tenu actuellement par les rebelles. M. Ahmed Saïd, Libyen, qui était fidèle à Gueddafi avant de rejoindre les insurgés arrive de Nalout. Il ne paraît pas très optimiste : «Quelque chose mijote à Ghazaya et Wazen. On comprend bien que les milices sont en train de préparer une offensive. Il faut prendre garde et ne pas leur faire confiance. C'est le calme qui précède la tempête». Au point de passage, la circulation est fluide, en général. Le nombre de véhicules est considérable. 2000 ressortissants en deux heures, jeudi matin, dont 6 Egyptiens, 2 Irakiens, 2 Soudanais et un seul Algérien ont pu fouler le sol tunisien. Les douaniers et les forces de l'ordre tunisiens maîtrisent bien la situation. Leur comportement est exemplaire, d'après les dires des réfugiés. A noter également que des véhicules, peu nombreux, ont déposé leurs familles entre de bonnes mains, se sont ravitaillés et ont pris le chemin du retour pur aider les rebelles. Par ailleurs, M. Frej Souissi, directeur de l'Office des Tunisiens à l'étranger, a rendu visite, hier matin, au poste de Dhehiba. «Cette visite s'inscrit dans le cadre d'un travail de suivi. On va essayer de superviser les besoins et assurer l'accompagnement des réfugiés», dit-il. Dans la localité de Dhehiba, une caravane humanitaire formée de 10 véhicules est arrivée ce jeudi. M. Ali Mehrez, le coordinateur du convoi déclare : «Ces aides proviennent des gouvernorats de Ben Arous, Sfax, Gabès, Médenine et Tataouine. Il s'agit d'une bonne quantité de médicaments, jouets pour enfants, couches, et produits alimentaires.» Un autre convoi de 3 véhicules chargés de produits alimentaires et de médicaments est arrivé de La Marsa. M. Ali Soltani, secrétaire général adjoint du Croissant-Rouge à Tataouine, nous apprend que l'Organisation de l'éducation et de la famille a également dépêché un minibus contenant des vivres et des médicaments, alors que le Koweït a mis à la disposition de 1.000 familles libyennes des bons d'achat de 50D chacun. Toujours dans le cadre de l'élan de solidarité, des bénévoles tunisois sont venus prendre connaissance des besoins à l'hôpital régional de Tataouine et au dispensaire de Dhehiba pour arrêter une liste desdits besoins et se les procurer le plus tôt possible.