Une influence ibérique (artistes espagnols ou ayant résidé en Espagne) se mêle à un savoir-faire tunisien, du 23 avril dernier jusqu'au 14 mai, à la galerie de la Soukra Kanvas Art Gallery, dans une exposition au titre suggestif [odela]: visions d'artistes contemporains. Organisée conjointement avec l'association espagnole Jiser Reflexions Mediterrànies, qui travaille dans des projets d'art contemporain en Tunisie, cette exposition se veut une fenêtre ouverte sur l'autre. “L'idée est de promouvoir les échanges artistiques et rendre fécondes ce genre de rencontres”, explique, dans ce sens, la galleriste Yosr Ben Ammar. De Nadia Jlassi, le “ Siège” (symbole du pouvoir) est répliqué en plusieurs versions. A travers son installation, “ take a seat” (technique mixte), les sièges déployés en petits formats s'offrent en spectacle dans une vitrine... Dali Belkadhi nous présente, lui, une série de sérigraphies sur toile portant toutes le titre (rejoignant celui de l'expo) “D'ici et d'ailleurs” : sorte de compositions en damier présentant, juxtaposés, icônes, emblèmes révolutionnaires et aplats de couleurs. L'on peut aussi rencontrer, un peu plus loin, deux peintures sur bois, “ Carmen I ” et “ Carmen II”, signées du même artiste. Mohamed Ben Soltane est dans la caricature, avec sa peinture et collage sur bois présentant quatre personnages, selon lui, typiques de la société tunisienne, et “qui se définissent de manière confuse et contradictoire”. Dénonciateur avec son triptyque “ Cri pour plus de tolérance” (peinture et collage sur bois) où, à côté de ses figures stylisées, caricaturales, l'on peut lire les “slogans” suivants : “Merde aux ennemis de l'alcool ”, “ Merde aux ennemis de la religion”, “ Merde aux ennemis des bisous ”. La photographie est au rendez-vous avec la série de clichés “Asphalte à vue d'aile”, de Wassim Ghozlani, présentant six prises aériennes de différents moyens de locomotion renvoyant à la fascination qu'ont certains de nos compatriotes pour ces mobiles. L'exposition présente également une installation vidéo du photographe féru d'art, Ismael, qui nous offre 5h 20 d'images insonores, tantôt en couleurs, tantôt en noir et blanc, où le corps se fait rythme et lumière. Omar Bey est de la partie avec une peinture sur bois (technique mixte ), “odela”, et une sculpture intitulée “ Le poids du faire ”. Paco Seron nous présente son triptyque de collages sur bois “Las puertas de la percepcion” (les portes de la perception) où il nous livre ses spéculations autour de la perception , qui se présentent comme “ Un voyage de l'être humain qui doit se demander s'il existe des marges à travers lesquelles les valeurs de ses représentations tombent dans le néant, entraînées par l'effet de gravité de l'irréflexion contemporaine ”, note l'artiste. Xavier de Luca nous livre, de son côté, sa lecture sur les tangentes, les frontières à travers sa série de photographies en diptyques profitant de la picturalité des jeux d'ombres, de perspectives , d'éléments architecturaux et de textures. De Miquel Wert, deux dessins au crayon et au fusain, "constelacion extincta" et "constelacion familiar" (tableaux de familles différentes) réfléchissant autour de questions telles que la transmission, les conflits de générations ( au-delà des liens et du temps)... Emilie Hallard (France) nous dépeint, à travers ses clichés de photos (noir et blanc), des moments d'extase et d'évasion à travers le plaisir. Encore de la vidéo avec Claudio Zulian (Italie) qui projette "l'avenir" (23mn). A voir.