Arrivé tout droit de Barcelone depuis le début du mois d'avril, Miquel Wert, invité dans le cadre des projets d'échanges d'artistes entre la Tunisie et l'Espagne, nous présente une exposition entièrement travaillée pour l'occasion, à L'Espace Aire Libre d'El Teatro. Diplômé de l'Ecole Supérieure des Beaux-Arts de l'Université de Barcelone en 2005, il compte à son actif plus de quatre expositions individuelles entre l'Italie, l'Espagne et la France. De culture mixte, Espagnol aux origines suédoises, Miquel Wert recherche dans ses peintures les éventuels ancêtres qu'il n'a pas connu. On visite donc l'exposition comme si l'on feuilletait un vieil album de famille, page après page, en s'apercevant que les images, les visages se sont estompés. Les photos noir et blanc et sépia se sont voilées laissant deviner plutôt que révéler. Il s'agit de variations autour de personnages, de familles, ici un portrait, là une pose pour la postérité. Des scènes intemporelles qui se seraient échappées d'un rêve. Miquel Wert utilise le traitement propre au fusain et entraine un dialogue entre ombres et lumières, c'est un travail tout en valeurs. Grâce aux possibilités lumineuses de cette technique, il réalise une véritable étude du sujet et en module les contrastes avec une belle maîtrise. Il tient compte de la direction de la lumière dès le début de la réalisation, laquelle est évoquée par les différentes textures de la poudre noire. Juxtaposer des effets, comme l'estompe et les hachures, l'aide à créer une dynamique visuelle où les plans rapprochés se distinguent des plans plus flous. On l'avait vu à l'œuvre, peignant sur les murs du Palais Abdellya dans le cadre du Printemps des Arts de La Marsa. Et on se rend compte que le blanc du papier, de la toile ou même du mur, joue lui aussi un rôle important, il est la partition sur laquelle s'écrit le dessin et fait partie intégrante de la réalisation, en tant que matériau. L'acrylique lui sert aussi parfois, à souligner un détail de ses monochromes. Miquel Wert se plaît en Tunisie, chaleureusement accueilli par l'artiste Dali Belkadhi, il affirme que cette « Total Immersion » lui aura permis de connaître la Tunisie comme jamais aucun touriste n'aurait pu la connaître. Ce projet d'échange d'artistes entre la Tunisie et l'Espagne pour des séjours de deux mois aura ainsi donné naissance à cette exposition individuelle d'une belle sensibilité. JISER Réflexions Méditerranéennes est en effet une association espagnole qui a pour dessein d'encourager les échanges artistiques entre la Tunisie et l'Espagne. Créée en 2005, elle compte à son actif plusieurs rencontres et expositions d'art contemporain réunissant des artistes tunisiens et espagnols ainsi que des colloques et conférences traitant principalement de sujets qui concernent la Méditerranée. En complément de cette exposition, le 18 juin, une Table Ronde sera organisée au sein de l'Espace El Teatro. Elle aura comme thème : Les propositions alternatives pour un art actuel. Tunisiens et espagnols animeront le débat pendant lequel l'échange sera justement de mise : Mohamed Ben Soltane, artiste et vice-président de Jiser, Amor Ghedamsi, Président du Syndicat des métiers des arts plastiques de Tunisie, Nadia Jellasi universitaire et artiste plasticienne, et Meriem Bouderbala, artiste plasticienne puis Toni Serra et Maribel Perpiñá, directrice de «LaPinta» à Barcelone apporteront leur grande expérience et leur vision personnelle aux problématiques de l'art actuel…