Ces derniers temps, on accorde un grand intérêt au développement régional. En réalité, on en parlait aussi durant les 50 dernières années, mais vu les résultats, il faut croire que l'approche était fausse. N'oublions pas que la révolution a commencé dans les régions les plus marginalisées, les plus oubliées. D'où l'urgence de rétablir la situation. Le gouvernement de transition s'est attelé en priorité à cette tâche et essaie de parer au plus pressé. Les budgets initialement consacrés aux régions ont été révisés en conséquence, 80% étant alloués, pour 2011, aux gouvernorats non-côtiers soit 14 régions. Ceci est visible. Mais pour le reste, c'est-à-dire les projets de développement, notamment les créations d'entreprises, cela prendra du temps. En fait, pour réaliser un rééquilibrage réel et efficace du développement de ces régions, il faudra que ce gouvernement, et surtout celui qui suivra, révisent le modèle de développement national dans le sens d'une plus grande importance au développement régional. Un certain nombre de réalités devront être prises en compte. Jusqu'ici, pour inciter les investisseurs privés à s'établir dans les régions, on a principalement baissé les charges et accordé des avantages fiscaux. Il faut croire que cela n'a fait qu'attirer les "chasseurs de primes", recherchant les bas salaires. Les régions ne sont alors considérées que comme "supports physiques" pour la localisation des activités des entreprises et non pas comme facteurs de dynamiques industrielles. En clair, les activités à faible valeur ajoutée seront concentrées dans les régions alors que celles à forte valeur ajoutée restent dans les régions les mieux loties. Ce qui veut dire que, dans ces conditions, les régions ne participent que très peu dans le développement national. S'en est suivi, entre autres, le chômage des diplômés, l'inexistence d'infrastructures adéquates. Dans un premier stade, on compte sur l'intervention des habitants des régions supposées les plus aptes à définir les priorités sociales, culturelles et économiques. Il serait aussi souhaitable, car très efficace, que les élites, particulièrement en matière économique, originaires de ces régions s'impliquent dans le développement de leurs régions respectives. Bien entendu, il y a des problèmes communs à ces régions : le déficit, voire l'inexistence d'infrastructures de base (routes, transports, télécommunications, etc.), facteurs essentiels à tout développement ; les problèmes fonciers qui handicapent l'édification de zones industrielles ; le manque de raccordement aux différents réseaux de gaz, d'électricité, à l'Onas ou encore en matière de fibre optique ; la centralisation qui fait que la longueur des procédures, et le retard des compétences concernées freinent les projets, et plusieurs investisseurs se sont retirés des projets qu'ils comptaient réaliser. Néanmoins 85 nouvelles zones industrielles seront aménagées, au lieu des 50 prévues dans le XIIe Plan de développement, sur 5.000 ha dans les 24 gouvernorats. Mais il ne s'agit pas de " coller " n'importe quel projet dans n'importe quelle région. Il faudrait tenir compte des spécificités, des richesses réelles et potentielles et des activités de chaque région. A Tataouine, par exemple, on produit du gaz mais la région n'en profite pas, puisqu'il est exploité ailleurs. Les habitants s'en plaignent à juste titre. Tabarka produit du liège de ses forêts mais il est traité ailleurs. Aussi, la création d'une unité de produits laitiers dans la région de Sidi Bouzid est un bon exemple de cohérence et d'efficacité, Sidi Bouzid étant la 2e région productrice de lait en Tunisie, avec, pour 2010, plus de 90 millions de litres. Cet exemple devrait être la règle pour tout développement régional. Et le développement vert, celui qui préserve et tient compte de l'environnement ? Mais cela c'est une autre histoire.