Après des années de silence imposé par le régime déchu, la section tunisienne d'Amnesty International a pu, hier, présenter le rapport annuel de l'association sur la situation des droits de l'Homme dans le monde. Sous le gouvernement du président déchu, la section n'a jamais pu organiser de conférence de presse. Pourtant la section Tunisie avait obtenu en 1988 l'autorisation d'exercer ses activités. "A partir des années 90, il nous a été interdit d'organiser des conférences de presse, souligne M. Marsit, Président de la section. Après le 14 janvier, nous avons de nouveau pu exercer notre activité". A l'occasion du cinquantième anniversaire d'Amnesty International, la section tunisienne a organisé une conférence de presse à son siège au cours de laquelle les membres d'Amnesty International ont présenté le rapport annuel sur la situation des droits de l'Homme qui s'articule autour de quatre grands axes, à savoir une lecture évaluative des droits de l'Homme dans le monde, une présentation de la situation des droits de l'Homme dans chaque pays, un volet sur les conventions qui ont été signées de par le monde et un autre volet comportant des informations sur Amnesty International.Dans l'introduction du rapport annuel pour l'année 2011, le secrétaire général d'Amnesty International, Salil Shettya, a mis l'accent sur le rôle prépondérant joué par les réseaux sociaux tels que facebook, twitter....dans la chute des dictatures. La libération du peuple de l'oppression de l'Etat a été précédée d'une bataille rangée pour le contrôle de l'accès à l'informaton sur les réseaux sociaux. Après une lutte sans merci, les internautes ont pu déjouer les multiples tentatives qui ont, en vain, tenté d'étouffer l'information sur le Net, ce qui a pu permettre en Tunisie et en Egypte de mobiliser des milliers d'internautes qui sont descendus dans la rue crier leur droit à la liberté et à la dignité. Ce rapport présente, par ailleurs, la situation des droits de l'Homme dans le monde en 2010, mettant en lumière une aggravation de la situation dans certains pays comme l'Ukraine, le Bélarus ou le Kirghizistan où les militants qui ont osé exprimer leur postion sur la question des droits humains, de la pauvreté, de l'inégalité entre les hommes et les femmes et de la corruption ont été sévèrement réprimés. Dans ce rapport qui a également mis en exergue la montée du mouvement en faveur de la liberté et de la justice au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, à la fin de l'année 2010, le secrétaire général d'Amnesty International a relevé que ce vent de liberté qui souffle sur le monde arabe offre une occasion sans précédent de faire progresser les droits de l'Homme dans le monde. "Les grandes puissances ont sous-estimé l'aspiration profonde des peuples du monde entier à la liberté et la justice. Elles doivent désormais appuyer les réformes et non retomber dans leur cynique soutien politique à la répression". Outre la présentation de la situation des droits de l'Homme en 2010, Amnesty International a également relaté les principaux événements qui ont eu lieu en 2011, revenant notamment sur le référendum qui s'est tenu en janvier 2011 au Soudan et lors duquel la population du Sud-Soudan s'est prononcée à une écrasante majorité en faveur de la séparation. En Côte d'Ivoire, l'escalade de la violence suite aux élections présidentielles contestées de novembre 2010 a donné lieu à des exécutions extrajudiciaires et à des arrestations arbitraires. Au Nigeria, de violents affrontements ont opposé les partisans de partis politiques rivaux durant la période qui a précédé les élections législatives et présidentielles au niveau des Etats qui se sont tenues entre le 9 et le 28 avril. S'agissant de la Tunisie, le rapport revient sur la répression subie par les opposants et les militants des droits de l'Homme qui ont été emprisonnés et torturés sous le régime Ben Ali. On y retrouve le cas du journaliste Fahem Boukadous qui a été emprisonné durant quatre ans pour avoir écrit un article sur la situation des chômeurs dans la région de Gafsa. Au cours de cette conférence de presse, plusieurs questions ont été posées s'articulant autour de l'existence ou non d'une législation relative à la gestion des réseaux sociaux.