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Emprisonné et interdit de publication pour avoir défendu la liberté d'expression !
Jelloul Azzouna, président de la Ligue des Ecrivains Libres…enfin, libre !
Publié dans Le Temps le 04 - 02 - 2011

Romancier, nouvelliste et critique littéraire, Jelloul Azzouna est l'auteur de nombreux écrits dont « Et demeure la question » (Wa yabqa assou èl, Maison Arabe du Livre, 1981), « Le Pain, l'amour et le délire » (Al Khobz wal Hob wal Hedheyen, Bouslama Edition ,1991) , « Le déshonneur, les criquets et les singes » (Al Ar wal jarad wal qirada, Imprimerie de l'U.G.T.T.,1993) , Mon Amour pour qui ? ( Ichqi limen yabqa ? Sahar Edition, 1998 ). Il est tout à la fois, fondateur et président de la Ligue des Ecrivains Libres depuis 2001 comme il est aussi fondateur du Parti de l'Unité populaire, (PUP) en 1981 dont il fut écarté de la direction par la police de Ben Ali en 1988.
Incarcéré en 1989 pour ses prises de position en faveur de la liberté d'expression, il devient ainsi premier prisonnier politique de l'ère Ben Ali.
Le temps où l'on muselait et bâillonnait la liberté d'expression est révolu. Nous avons eu l'honneur de recevoir Jelloul Azzouna dans nos locaux et lui avons réservé l'espace dont il a été privé sur ces mêmes colonnes pour s'exprimer. Interview.
Le Temps : durant de nombreuses années, vous avez été écarté, voire interdit de la scène culturelle et intellectuelle pour vos prises de position et vos écrits. Pourquoi ?
-Tout simplement, pour avoir défendu la liberté d'expression et d'organisation. D'abord, en tant que militant et fondateur du Parti du l'Unité Populaire (PUP), qui a voulu suivre en 2008, une ligne politique d'opposition véritable au régime de Ben Ali, et ensuite, en tant que fondateur de la Ligue des Ecrivains Libres (LEL), qui a mené toute une campagne de lutte contre la censure. Pour vous citer un exemple, l'accès à l'établissement de la radio tunisienne m'a été interdit depuis la première année de l'ère Ben Ali. Présentant avec feu Abdelhamid Bel Algia une émission sur le malouf dont la première diffusion remonte à 1980, on m'a interdit de la poursuivre en 1989, sans aucune explication.
Ne pensez-vous pas que le brutal effondrement du régime de Ben Ali a ouvert la voie vers une démocratie et une liberté de l'information ?
Après les journaux français interdits auparavant en Tunisie (Libération, le Monde, Le Canard enchaîné…), la majorité des livres anciennement bannis, sont d'ores et déjà exposés dans nos librairies dont « La Régente de Carthage ». Qu'en pensez- vous ?
-La révolution tunisienne et de sa jeunesse a brisé le carcan de la dictature de Ben Ali ouvrant ainsi la voie à la liberté . Il est normal de voir tous les titres interdits exposés dans les vitrines de nos librairies. Mais il reste beaucoup à faire parce que tous les organismes de la dictature sont encore en place d'où la nécessité de la vigilance la plus absolue de tous les citoyens et à tous les niveaux.
Cette vigilance devient absolument requise pour ouvrir une nouvelle page où l'on trouverait le respect total des opinions les plus diverses et la tolérance de toutes les approches contraires.
La liste dont les lisières débordent de livres interdits, est longue. Ben Ali a saisi au moins une soixantaine de livres en dix ans, en comparaison à l'ère de Bourguiba où seulement une dizaine d'ouvrages ont été saisis . Il faut dire aussi, que malgré l'annonce de Ben Ali le 7 novembre 87, de ne plus censurer les livres, on constate l'interdiction d'un grand nombre de titres dont, « Du changement démocratique » de Abderrahmane Abid, « Mon destin est de partir » de Fadhel Sassi, « Poèmes pour l'Irak » de Abejjabar El Ech, « Journal du militant » de Arbi Akremi, « Un capitaliste qui a réussi » de Habib Hamrouni et « La tempête et le deuil » de Abdelkader Dardouri, sans oublier les livres signés, Moncef Marzouki, Hamma Hammami et Taoufik Ben Brik.
Donc, un grand nombre de titres attend d'être republié ou rediffusé. « Liberté et littérature, même identité » dont je suis l'auteur, a été saisi durant cinq ans, de 2003 à 2008, mais le dernier livre interdit, c'était le 1er janvier 2011, un recueil de nouvelles de Abdelkader Dardouri, « La tempête et le deuil ». Son auteur qui était le président de la section de la Ligue Tunisienne des Droits de l'Homme ,( Kelibia, Korba, et Menzel Temime), est décédé le lendemain.
Votre prise de conscience politique et votre conviction en la nécessité de combattre l'oppression, l'injustice et l'inégalité vous poussèrent à vous faire l'écho des préoccupations de vos concitoyens et à opter pour une littérature engagée comme en témoigne votre récit « Les criquets et les singes » où il est question de rêves avortés , d' ambitions déçues et de révolte sauvagement réprimée d'une génération , celle des années soixante- dix. Peut-on parler du caractère prémonitoire du récit
-Effectivement, ma prise de conscience est relativement précoce pour la lutte pour les libertés ; je suis issu d'une famille de paysans sans terre à Menzel Temime, et militante dans la lutte contre le colonialisme français et ayant vécu à l'âge de huit ans, la répression coloniale contre les nationalistes ; ( l'arrestation en janvier 1952 de mon oncle maternel, Habib Soussi, (il était membre du conseil national du Néo-Destour), l'arrestation de mon frère aîné, Hamadi Azzouna, (militant de base), de mon directeur d'école primaire Ali Bouothmane, de mon instituteur Bouothmane Bouothmane, de mon beau frère, Mahmoud Ben Hammouda et du mari de ma tante, Ahmed Ben Fadhel).
Ensuite, j'ai participé dès l'âge de dix-sept ans, aux activités de la Jeunesse Scolaire au collège Sadiki, puis milité à l'UGET (à Tunis et à Paris).
Ma rupture la plus importante avec le Régime de Bourguiba a eu lieu en 1974, à l'annonce de sa présidence à vie. j'ai présenté ma démission du PSD.
Depuis, j'ai entamé une activité de militant au MUP, (Mouvement de l'Unité Populaire), au PUP, (Parti de l'Unité Populaire), dont je devins en 1981, l'un des fondateurs et premier rédacteur en chef de son journal, « Al Wihda » (L'unité).
Dans mes écrits, cette vie de militant a laissé des traces tangibles qui ont été relevées par un certain nombre de critiques. De même, de nombreux papiers de présentation de mes premiers recueils de nouvelles ont vu le jour sous les plumes de Moncef Khemiri, Anouar Attia, Mahmoud Tarchouna, etc…
A mon avis, la littérature n'a jamais été une transposition de la réalité mais plutôt, l'écho de la vie, de ses événements et de la conviction profonde des écrivains ; « Les criquets et les singes », mon premier roman, en est l'illustration.
L'Union des écrivains tunisiens a été toujours à l'image de ce que l'ancien régime voulait donner. Quel rôle voyez- vous à l'avenir ?
-Ayant été membre de cette Union dès l'année 1972 et ayant été élu membre du comité directeur de 1985 à 1996, j'ai dû démissionner de cette responsabilité publiquement et par écrit lors de la tenue du congrès de 1996. Cette Union a été détournée de sa tâche initiale et essentielle qui est celle de défendre la liberté d'expression comme le stipule l'article premier de ses statuts. En effet, l'Union des écrivains a été tout simplement transformée en cellule du parti au pouvoir éliminant et ignorant toute voix discordante et contestataire. Un certain nombre d'écrivains a eu alors recours à la création en 2001 de la Ligue des Ecrivains Libres (LEL) qui n'a jamais pu obtenir d'autorisation officielle d'où le recours au tribunal administratif et l'affaire est toujours en cours.
Cette situation ne nous a pas empêchés de mener nos activités malgré l'absence totale des médias invités à les couvrir. On a tenu en dix ans, presque une centaine de réunions dont un grand nombre a été interdit par la police. Pour un rassemblement composé d'une vingtaine ou une trentaine de personnes, on nous envoie une cinquantaine de policiers politiques ; les deux dernières réunions interdites remontent au mois de mars 2010. Malgré cet encerclement continu, on a pu se rencontrer à Tunis, Monastir, Kairouan, gabes, Sfax Gafsa, Kélibia, Menzel Temime, etc…grâce aux efforts des différentes Sections de la Ligue des droits de l'homme. Ces réunions ont pu avoir lieu aussi au local de la section d'Amnesty international à Tunis, place Barcelone.
A ce propos, nous tenons à rendre hommage à l'association internationale ALTALER (atelier en espagnol), dont le président d'honneur n'est autre que Nelson Mandela et dont le siège principal se trouve à El Menzah 5 et dont on a disposé tout le temps malgré l'interdiction par la police et les tracasseries causées à la directrice de ce centre , Corinne Comar, (indienne).Nous tenons aussi à rendre hommage à deux organismes internationaux qui ont aidé LEL.
D'abord, l'Union internationale des éditeurs qui nous a aidés à assister à Genève en 2005 au premier Sommet international de l'informatique. La deuxième association, c'est Pen international qui nous a permis d'être présents au congrès international organisé à Istanbul en 2006 pour protester contre la censure en Turquie et dans le monde
Par ailleurs, nous avons établi durant une dizaine d'années, une liste non exhaustive des livres saisis par Ben Ali que nous avions diffusée sur Internet et nous avons écrit des dizaines d'articles dénonçant la censure , parus dans « Al Mawkif », « Attarik Al Jedid et « Mowatinoune ». Nous avons aussi adressé des lettres ouvertes et des lettres recommandées à l'ex- président de la République, au Premier ministre, aux ministres de l'Intérieur et de la Culture, au Gouverneur de Tunis et à l'Union des écrivains tunisiens. Mais vous devinez la suite; tous ces écrits sont restés lettre morte !
Propos recueillis par : Sayda BEN ZINEB


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