Un ancien ministre vient de traiter le chef du gouvernement de menteur. Je n'emploierai pas ce mot au sujet de la protestation publiée par M. Bouamoud dans La Presse, le 12 courant. Mais je crois que ce romancier a manqué au devoir d'exactitude. Les personnes présentes à la table ronde organisée en hommage aux lauréats du Comar, peuvent, en effet, témoigner que je n'ai à aucun moment parlé des problèmes de langue évoqués par mon collègue M. Anouar Attia, au sujet de Ce qu'Allah n'a pas dit. Si je l'avais fait, je n'aurais certainement pas dit, comme le prétend M.Bouamoud, que "son dernier roman est émaillé de défaillances", mais "émaillé de fautes". Il reste que je souscris à tout ce que M.Attia, orfèvre en la matière, a pu souligner au sujet du roman de M.Bouamoud. C'est d'ailleurs M.Attia (et non M.Garbouj) qui a conseillé à cet auteur de se faire relire par des "amis, des personnes compétentes" et non pas par des "universitaires", lesquels, par parenthèse, ne sont pas forcément incompétents, même s'ils n'ont de leçon à donner à personne. J'ajouterai que ni M.Attia ni aucun autre membre du jury ne ressent la moindre antipathie à l'égard de M.Bouamoud. La seule chose que j'ai eu, pour ma part, à déplorer concernant cet auteur, c'est l'accueil discourtois qu'il m'a réservé, lorsque je suis allé le féliciter pour le Prix spécial que le jury lui a décerné. Il peut penser, s'il veut, que je me suis opposé à lui à ce sujet, mais que mes collègues en ont décidé autrement. Je ne lui répondrai pas sur ce point, les délibérations du jury étant, par définition, secrètes. J'ai, d'autre part, parlé de façon élogieuse du livre de Rabaâ Ben Achour Borj Louzir, parce que c'est un beau récit, bien écrit et véritablement captivant. Je ne puis que confirmer cette opinion, car c'est toujours un plaisir que de saluer un auteur qui a le respect de ses lecteurs et de la langue où il a choisi d'écrire. Quant à l'expression "petit livre" que j'ai employée au sujet du beau roman d'Aïda Hamza Une Heure de la vie d'une femme (85 pages), tout le monde dans la salle a parfaitement compris que "petit" désignait le volume et non pas le contenu de ce roman. M. Bouamoud, après avoir exprimé de façon oblique le souhait que je ne fasse "plus jamais partie d'aucun jury au monde", se présente comme un "homme autodidacte" (je n'aurais pas, personnellement employé, ici, le mot "homme") ; il rappelle, en outre, qu'il est l'auteur de quatre romans qui ont "tous" fait l'objet de diverses distinctions littéraires, ajoutant charitablement que l'auteur de ces lignes n'a jamais écrit de roman. Je répondrais sobrement qu'il n'en sait rien et, qu'en outre, nul n'a besoin d'être un compositeur pour apprécier la Neuvième Symphonie. (Membre du jury Comar du roman de langue française) Ndlr : Avec cette réponse, nous considérons que l'affaire, qui n'a heureusement pas pris des allures polémiques et discourtoises, est close et qu'une éventuelle poignée de mains entre MM. Garbouj et Bouamoud n'est pas à exclure.