L'implication de la femme tunisienne dans la cause féminine en général et dans la réalité de la femme dans le monde arabe ne fait pas de doute. Une implication réfléchie qui émane d'une conviction indétrônable de l'importance du rôle de la femme dans le développement économique et social, mais aussi dans l'évolution positive des mentalités, notamment dans un contexte civilisationnel à dominante conservatrice comme c'est le cas dans les pays arabes. Une implication réfléchie parce qu'elle est fondée sur une expérience salvatrice, dont les racines remontent à plus d'un demi-siècle, et dont les fruits sont perpétuellement cueillis. C'est pourquoi la Tunisienne perçoit douloureusement toute atteinte aux droits de la femme. Elle réfute les injustices que vit la femme en général et celle arabe en particulier, plus spécialement en temps de guerre. Sarra Hattab, juriste, spécialisée en droit international humanitaire, est l'une des femmes tunisiennes qui appellent au droit international humanitaire de la femme et de de l'enfance. Son implication dans la cause de la femme et de l'enfance s'inscrit dans le cadre de l'élaboration de deux œuvres. La première consiste en une étude portant sur le droit international humanitaire dont l'intitulé est : “La protection de la femme en temps de guerre entre la réalité et la législation”. La seconde œuvre consiste en un livre ayant pour thème et pour titre L'enfant dans les conflits armés. Interview. Pourquoi avez-vous choisi le thème du droit international humanitaire pour faire l'objet d'une étude? Le droit international humanitaire se présente comme une nouvelle spécialité en matière de droit. Madame Leïla Ben Ali, actuellement présidente de l'Organisation de la femme arabe ( OFA), a déjà suggéré l'instauration d'un comité se chargeant d'imposer et de faire respecter le droit international humanitaire de la femme dans la région arabe. Une proposition qui a été vivement acceptée et qui a eu un écho considérable de par son importance. D'autre part, je suis avant tout une femme de droit et je me présente comme la première spécialiste en droit international humanitaire. Parlez-nous de l'étude C'est une étude académique qui définit d'abord le droit international humanitaire en tant que droit, de la femme, à la protection en temps de guerre. Les quatre conventions et les deux protocoles de Genève constituent les textes-clés du droit international humanitaire. Ils traduisent parfaitement la volonté des organismes mondiaux à imposer ce droit. Toutefois, la réalité est, hélas, de loin moins rassurante. Mon étude établit la comparaison entre un théorique positif et une réalité des plus négatives. Prenons, à titre indicatif, le vécu quotidien des femmes palestiniennes et irakiennes. Leur réalité n'est point fondée sur le droit à la protection en temps de guerre. Bien au contraire, d'autant plus que dans ces temps, toutes les violences sont permises. Quelles recommandations avancez-vous à la fin de cette étude? Je recommande la mise en place de mécanismes nécessaires à la diffusion de la culture du droit international humanitaire, à l'instar de comité de l'OFA, pour le droit international humanitaire destiné à la femme arabe. Je pense, en outre, que la généralisation de l'enseignement du droit international humanitaire aussi bien dans les facultés de droit que dans les instituts de presse, comme l'Ipsi, est de mise, et ce, afin de mieux vulgariser l'information et de faire connaître aux journalistes de terrain leurs droits à la protection en temps de guerre. L'organisation d'un forum hebdomadaire pour traiter de thèmes ayant trait au quotidien de la femme dans les sites des conflits armés serait, à mon avis, fort intéressante. Et pour ce qui est du livre L'enfant dans les conflits armés? C'est un livre qui se veut de référence. Dans ce travail également, je mets en exergue l'écart entre le théorique législatif et la réalité. Pour ce, je traite en premier lieu des sources de protection de l'enfant dans les textes de loi internationaux ; des solgans contrecarrés par une série interminable d'aspects portant atteinte à l'enfance. Parmi les plus flagrants figurent la militarisation de l'enfant arabe et africain et la fabrication d'armes spécialement conçues, de par leur poids mais aussi de par la facilité d'utilisation, pour être manipulées par des enfants. Par le biais de mon livre, je lance un appel insistant à toutes les parties concernées, notamment les organisations humanitaires, pour diffuser l'information portant sur les lois interdisant l'implication des enfants dans les conflits armés.