Savoir rester modeste quand on est un champion est une qualité rare. Il existe pourtant certains boxeurs, des champions tunisiens que j'ai côtoyés, non infatués de leur personne, qui, malgré ovations et éloges, ont su conserver une mentalité saine, faite de simplicité et de réserve. Sur eux les flatteries exagérées n'ont eu aucune emprise, les déclarations des grandes amoureuses aucun effet. Ils sont venus à la boxe, certes, poussés par le désir d'être un jour de grands pugilistes, mais aussi et surtout pour gagner vite plus ou moins beaucoup d'argent; les évènements leur ont prouvé hélas ! qu'il y a loin de la coupe aux lèvres et qu'il fallait longtemps pour y arriver. Sagement, ils ont compris que la boxe n'était pas toujours le pactole et que les efforts devaient être continus pour porter leurs fruits. Courageusement alors, ils ont lutté, souffert, puis enfin réussi. Les (plus ou moins) belles bourses sont venues, offertes par les organisateurs, les patrons des magasins de sport et d'autres, les photos en première page des journaux, les acclamations du public, les billets doux, les sourires prometteurs. Et ils ont résisté à tout cela. Brahim Jeune, Bill Joe, Sadok Bahri, Aïd Ben Younès, Abdelkrim Hammou «El Bhim», Mohamed Bouchiba, Edmond Zerbib, Kid André, Young Salah, Young Perez, Sadok Omrane, Tahar Belhassen, Simon Bellaïche, Rezgui Guizani, Ahmed Lamine, Omar Le Noir, Moussa Saâd, Mohamed Ben Mohamed, Balbouli, Férid Ben Jeddou, Lakdhar Hrizi, Ahmed Lamine, Tahar Rezgui, Faïçal Neifer, Felix Brami, Azzouz Béchir, Hafnaoui, Nabli, Kamel Bou Ali, Béchir Jelassi, Lotfi Missaoui, Hichem Dahmani, F.Dahmani, Omar Tahar, Mongi Hédhili, Mohamed Bettaïeb Lakdhiri, Younès Sdiri, Raouf El Harbi, Khémaïs Refaï sont de ceux-là. Ils ont eu tout de suite une plus normale compréhension des choses de la vie. Et malgré la gloire factice des soirs tout illuminés de (échecs) victoires, modestes et consciencieux pugiliste, ils sont restés. Ils font ainsi honneur à ce sport trop souvent décrié. Conseils à nos jeunes boxeurs ! Tous les jeunes avides de voir leurs noms murmurés élogieusement lorsqu'ils passent se doivent de résister à tout le fatras des plates et irréparables flatteries destinées à créer une notoriété trop souvent passagère. Parole d'un vieux routier de la boxe!