Le paysage sportif n'a pas bougé d'un iota en dépit de quelques timides avancées. Personnages et pratiques sont toujours là. L'omerta est de mise. Certains nous reprochent l'insistance et même la violence avec laquelle nous exigeons, chaque jour que Dieu fait, le départ de tous les bureaux, de toutes les fédérations sportives tunisiennes. Qu'on sache tout d'abord que nous ne cesserons jamais de le faire, que nous sommes décidés à aller jusqu'au bout et que les prochaines assemblées générales extraordinaires électives de onze fédérations ne peuvent en aucun cas constituer l'arbre qui cache la forêt ou une pillule qu'on nous fait avaler pour mieux cacher tout le reste. Nous irons même plus loin : si certaines fédérations, si certains présidents et si certains membres tiennent tellement à rester, c'est qu'ils ont tant de choses à cacher et qu'ils cherchent à gagner du temps pour faire disparaître les preuves de leurs méfaits. Imaginez-vous, par exemple, qui si des clubs décident de retirer leur confiance à un président de fédération, c'est sur le bureau de ce dernier qu'atterrit leur pétition avant qu'elle ne parvienne au ministère. Des présidents qui ont alors tout le temps et toute la latitude de manipuler, de menacer et de diviser afin de renverser la tendance. Certains sont parvenus à leurs fins, à passer entre les mailles des filets; d'autres sont tombés dans la trappe et s'apprêtent même à affronter la justice pour de graves malversations financières. La majorité, malheureusement, continuera à couler des jours tranquilles car nous doutons que les grands dossiers apparaissent au grand jour et que leurs successeurs aient le courage de les ouvrir. Dans le sport comme dans la mafia, l'omerta (la loi du silence) est de mise. Ceci pour vous dire que nous nous étonnons (mais pas trop tout de même) et que nous sommes surtout indignés que, quatre mois après le 14 janvier, le sport fait cavalier seul et fait surtout figure de brebis galeuse de la révolution. Une avancée insignifiante Avec tous les scandales qu'il y a eu, qu'il y a et qu'il y aura (normal quand on ne sévit pas), aucune commission nationale d'établissement des faits n'a été instaurée. Il y a bien un effort entrepris au ministère de la Jeunesse et des Sports, mais, submergés comme ils sont, ces messieurs de la tutelle ne peuvent entreprendre et faire aboutir une œuvre aussi énorme comme pour la politique et l'économie, il faudra une commission nationale sportive d'établissement des faits avec dans sa composition des personnes au-dessus de tout soupçon. Mais attention, le système est parfaitement verrouillé avec la permanence des présidents de la majorité des fédérations, dont on retrouve certains au Cnot nommés par l'incontournable Slim Chiboub, Cnot qui vient de remettre ça jusqu'en 2012. Nous aurions souhaité que le ministère ait le courage d'exiger des assemblées générales électives pour toutes les fédérations car le ministre sait, le directeur de l'élite sait, nous savons tous que tous les présidents des fédérations sont là par la grâce de l'ancienne présidence, du parti, de Slim Chiboub, de Abdelhamid Slama. Tous illégitimes comme ces présidents pitoyables qui passent leur vie à essayer de s'accrocher à une chaise chancelante, qui se font insulter, humilier et dénoncer par toute l'ambiance du sport qu'ils gèrent. Et l'on se pose la question de savoir pourquoi ils y tiennent tant, même si la réponse est claire: intérêts personnels et volonté de cacher des choses. Où sont nos champions ? Où sont passées les sommes colossales allouées aux ministères, aux fédérations et aux clubs? Quelle mémoire pour les morts de Béja ? 23 ans d'impunité, c'est trop. Qu'attend-on pour enquêter sur la gestion des fédérations ? Qu'attend-on pour les dégager afin que leurs successeurs commencent enfin à remettre le sport tunisien sur les rails, à le moraliser ? Ou alors veut-on faire le silence sur 23 ans de mauvaise gestion, de trafic de tous genres et de résultats catastrophiques et accorder un surplus de temps à ceux qui cherchent à faire disparaître les preuves de leurs méfaits et ceux de leurs prédécesseurs? La Tunisie sportive exige des réponses. Tout de suite !