Le Suisse Sepp Blatter a été réélu mercredi 1er juin pour un quatrième mandat consécutif à la tête de la Fifa dont il est le président depuis 1998. Le 61e Congrès de la Fédération internationale de football, à Zurich, s'est déroulé dans un climat très lourd en raison des accusations de corruption qui se multiplient depuis quelques jours et qui ont poussé le rival du président sortant, le Qatari Mohamed Ben Hamman, à se retirer de la course. Sepp Blatter a donc été réélu «par acclamation» au Hallenstadion de Zurich, où se déroule un des Congrès les plus tendus de l'histoire de la Fifa. Depuis quelques jours, l'élection à la présidence, qui devait opposer Blatter au Qatari Mohamed Ben Hamman, président de la Confédération asiatique, s'est en effet transformé en guerre sans merci pour le pouvoir. S'accusant mutuellement de corruption, les deux candidats se sont même retrouvés dimanche, à trois jours des élections, sur le banc des accusés de la commission d'éthique. «Crise ? Quelle crise?» Malgré sa décision de se retirer de la course dans la nuit de samedi à dimanche, Ben Hamman fait, depuis, l'objet d'une enquête et a été suspendu de ses fonctions en compagnie du président de la Concacaf, la Confédération d'Amérique du Nord, Amérique Centrale et les Caraïbes, Jack Warner, pour avoir tenté d'acheter les votes de nombreux délégués caribéens… à raison de 40.000 dollars chacun. Quant à Sepp Blatter, il a été blanchi malgré les menaces de Warner de provoquer un «tsunami» contre lui avec des révélations croustillantes. Parmi celles-ci, un don d'un million de dollars à la Concacaf, annoncé par le président de la Fifa lors du congrès de la Concacaf à Miami, le 3 mai dernier, sans avoir respecté les procédures habituelles. La veille du congrès, dans une conférence de presse expéditive, il a sèchement répondu aux journalistes qui l'interrogeaient sur les affaires: «Crise ? Quelle crise ?», leur a-t-il demandé. Le président de la Fifa a multiplié les rencontres dans les heures précédant le congrès pour rassurer les 205 délégués de tous les continents (un par fédération associée à la Fifa). Mais la Fédération anglaise, particulièrement revendicative depuis qu'elle a été éliminée de la course à l'organisation du Mondial 2018 au profit de la Russie, est loin de partager l'optimisme de Sepp Blatter. Depuis des mois, les autorités et la presse anglaises multiplient les accusations à l'encontre de membres de la Fifa. Il y eut notamment David Triesman, ancien président de la Fédération anglaise, qui a accusé de corruption quatre membres du comité exécutif de la Fifa, dont Issa Hayatou, président de la Confédération africaine, et Nicolas Leoz, son homologue sud-américain. Le Sunday Times a, de son côté, accusé Hayatou et l'Ivoirien Jacques Anouma d'avoir monnayé leur vote pour la candidature du Qatar pour le Mondial 2022. Mais ni l'un ni l'autre n'ont apporté la moindre preuve pour étayer ces accusations. Tsunami contre la Fifa Mardi 31 mai, quelques heures avant le début du congrès de la Fifa, le président de la Fédération anglaise, David Bernstein, est revenu à la charge en demandant officiellement le report de l'élection prévue le 1er juin afin de permettre à d'autres candidats de se manifester et pour mettre au point un comité indépendant de contrôle pour mener à bien des réformes indispensables: «Comment une élection peut-elle se dérouler en pareilles circonstances, avec un tel environnement, avec toutes ces accusations qui tournent autour de nous» ? Et bien sûr, avec Monsieur Warner qui promet un tsunami contre la Fifa dans un proche avenir.Une position qui reste largement marginale malgré l'intervention remarquée de certains des principaux partenaires de la Fifa, comme Coca Cola, Visa et Adidas, qui ont exprimé leur inquiétude pour l'image offerte ces derniers jours. Malgré ces menaces, Joseph Blatter a ouvert mardi soir le 61e congrès de la Fifa, tout en constatant que «le monde de fair-play et de respect», qui devrait être celui du football, semble avoir déserté et qu'il y a aujourd'hui «péril en la demeure». Ses adversaires se sont faits plutôt discrets allant même jusqu'à demander à leurs partisans de ne pas boycotter le congrès et même, comme Jack Warner dans une lettre à ses collègues caribéens, à appeler à voter pour Blatter. Joseph Blatter a donc entamé mercredi 1er juin, à 75 ans, un nouveau mandat de quatre ans. Un dernier tour avant de tourner enfin la page ouverte en 1998.