Témoin de la scène du combat entre «Ouled Bou Yahia» et les «Jridiya», deux grandes tribus de Métlaoui, notre interlocuteur a tenu à garder l'anonymat. Rencontré à quelques kilomètres de la scène du drame, du côté du Sahara donnant sur la délégation de Mdhilla, il nous a livré le récit d'un face-à-face tragique sur un ton amer et saisi d'une profonde sensation de désenchantement. D'ailleurs, il n'a point songé à ce que les bonnes relations de voisinage et la coexistence pacifique entre les deux tribus dérapent un jour pour déboucher sur un lourd bilan. «Je suis très ému. Excusez ma voie tremblante, ce que j'ai vécu et entendu est aussi horrible qu'il suscite de grandes mélopées». Les mélopées des sages sur la grave légèreté des hommes dénués des plus nobles de nos valeurs : tolérance et sagesse. Retour sur l'histoire d'un conflit étroitement lié à la principale fortune de la région : les mines. «Après la chute du régime Ben Ali, tout a explosé à Métlaoui. Les sit-in n'en finissaient pas, exigeant des postes d'emploi. Les gens se sont rendus compte que les promesses mensongères n'aboutiront à rien et qu'il faut bouger pour améliorer leur situation, en intégrant la Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG). Ces sit-in ont eu lieu dans tout le bassin minier du gouvernorat. Ce faisant, le gouvernement a demandé à rencontrer des représentants des quatre bassins miniers : Mdhilla, Oum Laârayes, Redayef et Métlaoui. Lesdits représentants ont rencontré des ministres. A la demande des représentants des bassins miniers de Gafsa, il a été procédé à la nomination d'un nouveau président-directeur général à la tête de la CPG, à savoir, M.Kaïs Dali. Ce dernier a décidé d'octroyer à chaque région des postes d'emploi en fonction du nombre de ses habitants. Ainsi, il a été décidé d'accorder à la délégation de Mdhilla 530 postes, à Métlaoui 1.000 postes, à Moularès 600 postes et à Redayef 450 postes». Ce faisant, il était permis d'espérer que le calme reviendrait, mais le branle-bas de combat était vite de retour. Cela dit, quand les représentants du bassin minier de Métlaoui ont décidé de distribuer équitablement les postes d'emploi aux différentes composantes de la région, certains anciens rcédistes et syndicalistes étaient entrés en scène pour semer la pagaille. «Certains ont avancé que la tribu «Ouled Bou Yahia» représente 60% des habitants de Métlaoui. D'autres ont noté que la tribu «Jridiya» présente plus. Ainsi, le désaccord allait crescendo et lesdits intrus profitaient de l'occasion pour entraîner les deux clans dans un conflit tribal. A l'origine de ce conflit, ces maudits pourcentages de recrutement. En effet, je me rappelle d'une affiche annonçant que la tribu Ouled Bou Yahia aurait le plus fort pourcentage des recrutements : 60%. Ce qui a provoqué une échauffourée avec la tribu «Ouled Slama» qui a revendiqué une part digne de son statut de grande tribu. Source de fierté d'appartenance à une tribu ou à une autre, les querelles et disputes foisonnaient çà et là à travers la ville. Quelques jours passés, cela s'est calmé, avant de découvrir un homme appartenant à la tribu «Jridiya» en train de fabriquer des cartouches. Ce qui a encore une fois provoqué un grand combat au cours duquel certains commerces et cafés ont été incendiés. Grâce à l'intervention de certains sages, l'affaire était réglée. Les choses ont encore une fois dégénéré quand quatre personnes relevant des deux tribus ont mené un combat sanglant, suite auquel on a propagé la rumeur qu'un homme des «Jridiya» avait été assassiné. Alors qu'il était vivant. C'est ainsi que Métlaoui avait pris feu, mutilée par cet insignifiant conflit tribal. Je prie pour que les hommes se méfient de cette douloureuse légèreté humaine qui a gravement affecté une ville et des hommes», renchérit notre interlocuteur. M.H. ABDELLAOUI