Les derniers raids de l'Otan qui ont visé les milices de Gueddafi dans les villes de Tripoli, Zaouïa, Brega et Zenten ont apparemment semé la panique, non seulement au sein des habitants, mais également dans les troupes pro-Gueddafi qui ont multiplié les défections. Le poste frontalier de Ras Jedir a connu, par conséquent, une affluence massive, dimanche et lundi. Le nombre de ressortissants a dépassé, pendant ces deux jours, les 6.000 entre familles libyennes et autres personnes de nationalité égyptienne, soudanaise et marocaine. Les Africains ont été placés dans le camp de Choucha et les Egyptiens transférés directement à l'aéroport Jerba-Zarzis pour être rapatriés en Egypte. D'autre part, le fait qui retient l'attention et inquiète tout le monde dans la région est celui du carburant. Les camions-citernes qui livrent ce produit ont des difficultés à parvenir à Ben Guerdane où les deux stations-service de la ville sont complètement vides. Des contrebandiers leur ont interdit la vente de carburant et les ont menacées de les incendier si jamais elles s'adonnaient à cela. Le flux de véhicules a, de ce fait, gagné la ville de Zarzis où les six stations-service sont prises d'assaut, jour et nuit. Et pour se procurer quelques litres d'essence, il faut faire la queue et surtout se montrer patient. Des clients s'emparent parfoi de 400l d'un coup. Il s'agit de trafiquants qui ont profité de cette pénurie, à cause du grand nombre de véhicules. Ils font, incessamment, la navette entre Zarzis et Ben Guerdane où le bidon de 20l d'essence est vendu à 40D ou bien entre Zarzis et la Libye où le bidon d'essence est échangé contre 3 bidons de mazout. Quant aux propriétaires de taxis et d'auto-école, ils ont équipé leurs véhicules d'un système à gaz. Et là aussi, il faut prendre rendez-vous et attendre quelques jours. D'autres denrées commencent également à s'épuiser à Ben Guerdane comme le lait, le sucre et la farine à titre d'exemple. La situation dans la région du Sud-Est se complique ainsi de jour en jour, alors que le nombre de réfugiés augmente toutes les heures en provenance des deux postes frontaliers: Ras Jedir et Dhehiba.