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«Une réforme fondamentale du système est nécessaire»
Interview: Mustapha Ben Jaâfar, secrétaire général du Forum démocratique pour le travail et les libertés (Fdtl)
Publié dans La Presse de Tunisie le 10 - 06 - 2011

•«Le mode de scrutin adopté n'encourage pas les alliances»
•«Nous sommes pour un régime présidentiel avec des garde-fous limitant les pouvoirs»
Quelles sont les spécificités qui distinguent votre parti des autres ?
D'abord nous pensons que le bilan et le passif du système Ben Ali nécessitent une réforme fondamentale et non pas de simples retouches. C'est là notre philosophie et ce qui nous distingue en premier lieu des partis qui considèrent que le bilan n'est pas aussi négatif et qu'il suffit seulement de quelques réformes pour redémarrer sur de bonnes bases.
C'est pourquoi nous estimons que l'Etat doit avoir un rôle de stratège et de régulateur pour assurer une redistribution plus juste des fruits de la croissance. Dans le même temps, nous n'avons pas de position dogmatique et nous pensons que le rôle du secteur privé dans la dynamique économique et dans la concrétisation des objectifs de notre politique de développement est primordial. L'Etat est donc appelé à soutenir le secteur privé national dans le cadre d'un partenariat gagnant-gagnant sur la base d'une entreprise citoyenne fonctionnant dans la transparence, le respect des lois en matière d'imposition et la création d'emplois, l'amélioration du taux d'encadrement et le transfert technologique. Pour encourager la concrétisation de ces objectifs, l'Etat peut soutenir l'entreprise en fonction de son adaptation à ces objectifs.
Un autre volet est particulièrement préoccupant à nos yeux, c'est le problème du chômage qui nécessite, bien entendu, la création du plus grand nombre possible d'emplois avec ce que cela implique comme investissements publics et privés, la création de pôles industriels intégrés, mais surtout une révision du système éducatif pour remédier à la dégradation de la qualité de la formation en Tunisie.
Concernant les autres secteurs, qu'il s'agisse de la culture, la santé, le tourisme, l'agriculture et autres, ils nécessitent l'octroi de la parole à leurs acteurs afin qu'ils définissent eux-mêmes les priorités.
Nous envisageons, de ce fait, de lancer de véritables états généraux de tous les secteurs si jamais les urnes nous donnent leur faveur.
Où se situe votre parti dans le spectre des mouvances politiques actuelles ?
En nous référant à la classification française, nous nous situons dans la mouvance centre-gauche.
Quel régime présidentiel préconisez-vous ?
Nous sommes pour un régime présidentiel avec des garde-fous limitant les pouvoirs et faisant du président de la République le garant de la Constitution et de l'intégrité territoriale avec un rôle d'arbitrage possible en cas de crise entre le gouvernement et l'Assemblée nationale.
Il faudrait également garantir la séparation et l'équilibre des pouvoirs, l'indépendance stricte de la justice ainsi que la liberté d'expression des médias.
Il faudra mettre en place un pouvoir régional disposant d'un budget autonome assumant la responsabilité et l'élaboration des projets ainsi que le contrôle de la mise en application et de l'exécution.
Quelle est la place des jeunes dans votre parti ?
C'est la place de tous ceux qui adhèrent au parti. Les jeunes constituent l'avenir du parti et occuperont la place qu'ils voudront occuper. Nous le faisions naturellement mais peut-être d'une manière plus marquée, aujourd'hui, par fidélité à la révolution de la dignité qui a été menée par les jeunes qui ont fait preuve autant de courage que de maturité. Notre rôle consiste à leur faciliter également l'accès à l'exercice de la responsabilité.
Vous avez toujours déclaré que la santé dans notre pays est à deux vitesses. Quel régime sanitaire proposez-vous pour assurer l'amélioration du secteur ?
Il faut que notre médecine aille à une même vitesse en accordant le soutien nécessaire à la médecine de base pour faciliter l'accès notamment du monde rural, en améliorant l'encadrement et en réduisant les distances. Il faudrait réviser l'organisation des structures hospitalières pour faire participer les professionnels de la santé à la gestion.
Enfin, il est plus que nécessaire de réviser le système d'assurance maladie pour le rendre plus efficace et plus juste. Tous les problèmes doivent être appréhendés dans le cadre d'une réforme globale du système en dehors de toute démagogie et de toute improvisation.
Avant le 14 janvier vous étiez l'un des partis, avec le PDP, Ettajdid et quelques autres, marginalisés par le pouvoir. Après la révolution, on s'attendait à un rapprochement entre vos partis. Or on constate aujourd'hui plutôt une certaine guéguerre entre vous. Qu'en dites-vous ?
Non, il n'y a pas de guéguerre. Mais il faudrait revenir au passé, il était plus facile du temps de Ben Ali de constituer des fronts, car l'adversaire était tout indiqué, il s'agissait de combattre la dictature.
Si ce front n'a pas existé, c'est qu'il y avait des raisons objectives qui l'empêchaient. Les mêmes raisons n'ont pas disparu d'un coup de baguette magique avec le départ de Ben Ali.
Les partis sont confrontés d'abord à la nécessité de se construire, chose qu'ils ne pouvaient pas faire à l'époque du dictateur, mais aussi de se faire connaître dans le cadre d'une compétition saine afin de permettre au citoyen de faire son choix dans la clarté.
Il faut aussi souligner que le mode de scrutin, liste à la proportionnelle, adopté n'encourage pas les alliances. Celles-ci seront, cependant, incontournables ou nécessaires pour constituer le gouvernement issu de la Constituante. Ces alliances futures doivent être préparées par un dialogue franc sur la base de la concordance en termes de projets socioéconomiques de gouvernement.
Nous sommes réceptifs à la discussion avec les partenaires qui répondent à ces impératifs pour préparer la prochaine étape.
Des ex-Rcédistes flirtent avec d'autres partis. Est-ce que vous avez reçu des propositions ? Si jamais vous en receviez, quelle serait votre réponse ?
Nous faisons une distinction claire entre les anciens responsables impliqués soit dans la répression soit dans la corruption. Ceux qui n'étaient que de simples adhérents soumis à la contrainte des pressions de la vie quotidienne sont des citoyens comme les autres et doivent pouvoir exercer leur droit de citoyens en toute quiétude.
Etes-vous pour le report des élections ?
Aucune date n'est sacrée, nous acceptons la date du 23 octobre 2011. Parce que nous considérons que la priorité des priorités est de réussir le rendez-vous des élections. Ce qui veut dire avoir toutes les garanties pour que les prochaines élections soient démocratiques, plurielles et transparentes et que ces élections ne soient pas mises, en aucune façon, en doute.
Nous avons confiance dans la commission indépendante chargée des élections qui nous a présenté des arguments convaincants quant à l'impossibilité d'organiser de vraies élections le 24 juillet.
Des voix appellent au remplacement des élections constitutionnelles par un référendum populaire sur la Constitution. Qu'en pensez-vous ?
Ce genre de débat fait partie de la diversion au moment où nous avons plus que jamais besoin de nous concentrer sur une feuille de route claire, déjà établie.
Quel jugement portez-vous sur la situation sécuritaire durant cette phase transitoire ?
D'abord, il faut qu'il y ait une enquête sérieuse pour connaître les tenants et les aboutissants des incidents graves qui se sont déroulés récemment à Métlaoui.
En arrière-plan de ces événements, il n'est pas exclu qu'il y ait des forces soucieuses de bloquer le processus de démocratisation. Cela dit, en comparaison des semaines qui ont suivi le départ de Ben Ali, la situation sécuritaire s'est améliorée, même si la confiance n'est pas totalement revenue en raison de la présence de symboles du passé aussi bien dans le système sécuritaire qu'au sein de l'appareil judiciaire et du secteur de l'information.
Nous savons que la tâche est lourde et qu'elle nécessite du temps et de la patience mais l'opinion publique attend des signaux forts pour être rassurée.
A la lumière des derniers événements à Métlaoui, d'aucuns déplorent l'absence de l'encadrement de la population par les partis politiques dans les régions…
Notre société a été déstructurée par la dictature et certains veulent que, par une baguette magique, tout se remette en place. Il faut donner du temps au temps.
De plus, nous sommes confrontés à plusieurs tâches à la fois, le pays étant en phase de préparation d'élections. Nous sommes donc appelés à agir sur plusieurs fronts. La question de la sécurité étant fondamentalement du ressort du gouvernement.
Que pensez-vous du silence du gouvernement dans la foulée des événements de Métlaoui ?
On peut le regretter, la communication sur cette question et d'autres est toujours nécessaire. Peut-être que le gouvernement attend les résultats de l'enquête pour communiquer.
Quels sont vos rapports avec le gouvernement ?
On va dire des rapports normaux. Nous sommes dans l'Instance supérieure de la réforme politique qui regroupe la majorité des partis et des représentants de la société civile.
Etes-vous satisfait de la marche du dossier judiciaire concernant les enquêtes sur les malversations, la corruption, les responsables de la dictature, de la répression, de la violence, etc. ?
Nous ne sommes pas satisfaits de la marche de la justice. Nous estimons qu'elle pourrait aller plus vite. On a l'impression que les affaires sont traitées comme des affaires courantes alors que le pays vient de vivre une révolution et que le gouvernement est appelé à regagner la confiance du peuple sans laquelle l'insécurité et l'instabilité risquent de persister.
Quel est votre sentiment concernant la diffusion du communiqué de l'avocat du président déchu dans le journal télévisé d'El Watania 1 ?
Ça ne me dérange pas si la transparence de l'information l'exige, mais un menteur invétéré ne peut gagner en crédibilité du simple fait qu'il parle à partir du pays de La Mecque.
Justement, vous avez toujours déploré l'absence d'équilibre et d'équité concernant la représentativité des partis dans les médias audiovisuels et notamment la télé. Pouvez-vous préciser davantage vos propos ?
Nous pensons qu'il y a deux questions qui méritent des mesures urgentes : la première est la réorganisation du secteur de l'information, et nous attendons une action plus nette de l'Instance nationale indépendante pour l'information et la communication, la seconde concerne le financement des partis politiques et non des financements de la campagne.
Nous attendons des règles qui établissent une certaine égalité des chances sans laquelle toute compétition est biaisée dès le départ. Ce qui met en danger la crédibilité des prochaines élections qui ne peuvent être réduites à la campagne électorale toujours limitée dans le temps.
Que pensez-vous de la suspension de la participation du parti Ennahdha à l'Instance supérieure de la réforme politique ?
Je pense que c'est regrettable et que mieux vaut débattre au sein d'une instance dont la crédibilité n'est pas mise en cause que de la quitter et prendre le risque de mettre des obstacles au processus de transition.
La focalisation et la diabolisation du Parti Ennahdha ne vous semblent-elles pas contre-productives. Pouvant provoquer l'effet contraire de celui souhaité par ceux-là mêmes qui le diabolisent ?
Nous l'avons toujours pensé, toute forme de diabolisation de la gauche ou de la droite dessert le débat politique. Au Fdtl, nous n'avons pas d'ennemis, nous avons des adversaires. Seul un débat politique serein permettra aux citoyens de faire leur libre choix.
Vous avez déposé une lettre à l'Elysée adressée au président Sarkozy concernant «le traitement indigne» réservé aux migrants tunisiens en France. Avez-vous reçu une réponse ?
J'attends toujours la réponse. Peut-être qu'elle a été adressée au Premier ministre… (sourire).
Etes-vous optimiste concernant l'avenir démocratique du pays ?
Je l'ai toujours été et il n'y a aucune raison qu'après le départ de Ben Ali, je le sois moins.
Etes-vous candidat à la présidence de la République ?
Une fois que le régime politique sera définitivement adopté par la Constituante, la question de ma candidature se posera. De toute façon, je suis depuis quarante ans au service de la cause démocratique et de la Tunisie et je ne m'arrêterai qu'à mon dernier souffle.


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