Le Sud-Est a enregistré, depuis l'insurrection du peuple libyen contre son régime, une affluence record de réfugiés africains et asiatiques venus à travers les deux postes frontaliers Wazen-Dhehiba et Ras Jedir. Mais les ressortissants de presque toutes les nationalités ont été rapatriés, les dizaines de milliers de Libyens ont élu domicile dans les gouvernorats de Médenine et Tataouine. Parmi eux, il y a des pro-Kadhafi et des rebelles. Ce qui fait que le risque est grand pour que la bataille éclate un jour entre les deux belligérants sur le territoire tunisien. Le poste frontalier Wazen-Dhehiba est toujours aux mains des rebelles qui sont bien positionnés et ont résisté à toutes les offensives des milices. Ras Jedir, par contre, est contrôlé par les pro-Kadhafi. Mais, dernièrement, après les attaques de l'Otan, les insurgés ont gagné du terrain, dans la partie ouest de la Libye et visent à reprendre le contrôle du point de passage de Ras Jedir dans les prochains jours. Samedi, les habitants de Ben Guerdane ont vu un enfant de 7 ans brandir une kalachnikov sur la terrasse d'une véranda. Avisées, les forces de l'armée ont été dépêchées sur place et ont trouvé dans la maison louée par des Libyens 6 armes du même genre. Des anti-Kadhafi qui se préparent à attaquer les milices postées à Ras Jedir, à partir du territoire tunisien. Apprenant la nouvelle, quelque 200 à 300 jeunes de Ben Guerdane, sympathisants avec les pro-Kadhafi, ont manifesté, hier soir, dans la grande avenue du Maghreb Arabe, scandant des slogans au profit du colonel. Encerclés par l'armée, ils sont restés jusqu'à minuit sans qu'il y ait de débordements. Heureusement que l'armée et la gendarmerie sont en état d'alerte et aux aguets et ont agi en toute neutralité, mais le risque est toujours présent près de la frontière.