Il a, depuis quelque temps, quitté le musée de Sidi Bou Saïd où il avait ses habitudes — et dans la programmation duquel son absence est sensible — pour s'installer dans ses cimaises : un magnifique espace, dont il a conçu l'architecture en fonction de son travail, ouvert en plein ciel sur la colline de Gammarth, ménageant de belles échappées, préservant d'intimes retraits, et offrant le recul nécessaire aux grands formats de l'artiste. Un thème à cette exposition, qui n'est certes pas nouveau, dans le travail de Zaouche, mais qui est exclusif cette fois : celui de la nature morte. Une discipline dans laquelle ce fervent tenant de la peinture classique est passé maître, et dont il nous offre une déclinaison pleine de virtuosité Cet artiste a une particularité qui est un joli usage que son public apprécie : ses invitations ont la forme d'un élégant catalogue, donnant un aperçu de ses collections et délivrant, chaque fois, un message personnalisé qui est aussi une profession de foi. Nous livrons celui qui accompagne cette exposition : «Si je devais qualifier cette exposition, je dirais qu'elle est l'expression d'une volonté claire et déterminée de me placer dans ce qui fait l'essentiel de l'Art, le sentiment de servir une cause plus grande que la mienne. Je me souviens de mon professeur à l'atelier d'Art de Montparnasse qui, visitant ma première exposition à Paris, me disait : “Zaouche, ne sacrifiez jamais le pictural au symbolique!”. Cette phrase m'a accompagné tout au long de ces longues années de peinture, et le pictural est resté une de mes préoccupations essentielles parce qu'il représente, à mes yeux, la probité de l'Art. Le pictural est la vibration sensible d'une toile obtenue par des effets appartenant exclusivement à la matière, effets de transparence et d'opacité qui est le propre de la peinture classique. Dans cette soumission, il y a l'expression d'une avant-garde picturale qui se ressource dans le classique avec un engagement dans lequel l'esthétique est érigée comme une valeur absolue».