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- SIDI BOU - : Trop aimé et trop encombré !
Redécouvertes
Publié dans Le Temps le 09 - 12 - 2007

Qui n'a pas encore succombé au charme de Sidi Bou Saïd ? Quel visiteur, quel promeneur n'a pas envoyé, au retour d'une flânerie dans les ruelles du village, une carte postale ou une photo pour essayer de faire partager l'émotion, le plaisir ressenti ?
Allons plus loin : qui, d'entre nous, n'est jamais allé, ne va pas, au moins une fois par an, à « Sidi Bou » ? Pourquoi donc y revenir si souvent ? Pour en apprécier tous les charmes ? Pour en connaître tous les aspects ? Plus « profondément », plus « intimement » : pour avoir, durant un moment, bref ou long, le sentiment de vivre à, dans Sidi Bou !
Qu'on s'en approche par la mer ou par la terre, cette « éminence » émerge toujours des croupes qui bordent le littoral du site de Carthage. Même si, à notre avis, des bâtiments récents, trop grands, déparent le pied du versant Sud, vers Tunis, la route qui grimpe, en venant de La Marsa, le long de la mer, est encore bien belle. La verdure des arbres qui la bordent contraste avec les bleus des cieux et de la mer. La petite voie qui enserre la colline en plongeant vers le Golfe de Tunis et le port de plaisance est un enchantement quand les mimosas dorés saupoudrent les pentes escarpées, ocre rouge sanglant qui dévalent vers les flots turquoise, parfois lavés de jade et cernés de bleu, marine - évidement ! - à l'horizon au pied des collines vert sombre du Bou Kornine et des Jebel du Cap Bon.
Quel dommage qu'un énorme hôtel, sans aucun intérêt architectural, ait été bâti, là, sur l'emplacement d'un petit port antique.
Saint augustin, l'Africain, en est parti vers Rome, dit-on, tandis que sa mère éplorée : Sainte Monique, regardait s'éloigner le vaisseau du haut de la colline ! Essayons d'imaginer ce qu'aurait pu être ce mini golfe. Le port antique transformé en une petite « marina » blottie dans une combe tapissée de verdure ! Une vieille maison de style mauresque résiste encore, à notre grande satisfaction, aux tentations des bâtisseurs. Même si les sommet des collines ocre se sont couverts, depuis quelque temps déjà, de villas trop modernes et trop grandes, en dépit, certainement, d'interdictions de construire, souhaitons, aujourd'hui, que leurs propriétaires, jaloux de leur privilège, bloquent toute nouvelle tentative de construction, sur ces pentes, depuis la route venant de Carthage jusqu'au Cap situé derrière le port de plaisance. Souhaitons que « Sidi Bou » conserve encore longtemps son aspect de colline verdoyante, parsemée des tâches blanches des habitations et piquetée de macules colorées d'où surgissent la silhouette élancée de grands arbres sombres ou de minarets blancs.

Un peu d'histoire
Sans remonter à des millions d'années, époque où cette colline était une île, sans doute, à l'époque préhistorique, était-elle un peu plus haute et un peu plus étendue. Elle a certainement été peuplée dès le néolithique. Que s'y est-il passé durant l'époque punique ? Certains historiens, surpris de ne pas découvrir de vestiges d'habitations sur la colline de l'Acropolium - la « Byrsa » officielle ! - antérieures au IIème siècle avant J.C., ont pensé que la colline de Sidi Bou, plus haute, avait porté l'acropole de Carthage. Ils ont expliqué « Byrsa » comme étant une déformation de l'expression phénicienne : « Fi rassa » : « sur la tête ... sur le Cap ». Elle convenait parfaitement à la colline de Sidi Bou qui forme le Cap Carthage, alors que le rivage au pied de la Byrsa officielle est rectiligne. Sans doute, bien qu'il soit impossible d'y faire des fouilles importantes, de riches demeures patriciennes campagnardes ont été construites sur ce promontoire aux époques punique et romaine.
Après la prise définitive de Carthage par les armées arabes en 698 et l'abandon du site jugé indéfendable parce que les flottes byzantines régnaient alors sur la Méditerranée, le site de Sidi Bou retrouva sans doute une vocation pastorale. A l'époque des Emirs aghlabides, de très nombreux « ribat » : monastères fortifiés ont été construits le long du littoral pour défendre le pays. Certainement, dès cette époque, y a-t-il, sur le sommet de la colline, un ribat doté d'une tour d'où l'on pouvait faire des signaux avec des feux. Il est probable qu'au pied du ribat, une population de pêcheurs et d'agriculteurs se soit installée, protégée par des moines - soldats qui accueillaient peut-être dans leur « monastère » de savants théologiens venus les instruire. Ainsi les chroniques racontent qu'au début du XIème siècle, le Saint patron de Tunis, Sidi Mehrez vint méditer à « Sidi Bou ».
Cette colline, au charme particulier, a attiré de façon privilégiée, de savants mystiques soufis et d'illustres orthodoxes sunnites à différentes époques.
Celui dont l'Histoire a mis le nom en exergue est Abou Saïd El Bèji qui a vécu de 1156 à 1232 mais qui ne donnera son nom à la colline que beaucoup plus tard. Le Saint Homme y avait établit sa retraite et enseignait ses disciples, dit-on, le long de la pente qui descend vers le rivage. Les gens qui connaissent « Sidi Bou » vous indiquent encore un lieu appelé « Korsi - Es - Sollah » : « La chaise des gens vertueux » !
La plus belle légende est certainement celle qui prétend que le roi Saint Louis ne serait pas mort à Carthage mais se serait converti à l'Islam et serait devenu Sidi Bou Saïd, au XIIIème siècle !
En tout cas, Louis IX n'aurait pas perdu au change : troquer les sombres murailles froides du Louvre médiéval où régnait la sévère et très pieuse Blanche de Castille, sa mère, contre les pentes tièdes, fleuries et ensoleillées de « Sidi Bou » baignée par la Méditerranée ! Il avait tout à gagner. Et si « Paris vaut bien une messe » d'après le bon roi Henri IV, quel est le prix de Sidi Bou ?
Plus sérieusement, au XVIème siècle, à l'époque Hafside, les chrétiens menés par Charles Quint prennent le ribat. Puis les Turcs ont débarqué pour chasser les Espagnols alliés aux derniers Hafside. Il paraît que ce sont les « pirates barbaresques », venus s'installer dans le « sillage » de la reconquête turque, qui ont choisi Abou Saïd comme Saint Patron protecteur et qui ont donné son nom à la colline.
Les souverains hafsides et ottomans ont préféré les rivages de La Marsa pour construire leurs résidences secondaires. Les Husseinites, Ali Bacha 1er en particulier, se sont installés à Sidi Bou Saïd, entraînant dans leur sillage, les princes et les dignitaires de la cour, imités par les grands bourgeois de Tunis. L'agglomération attira évidement des écrivains, des poètes et des artistes nombreux qui chantèrent sa renommée. Hommes et femmes de lettres, artistes, peintres, français, tunisiens, européens sont venus « profiter » des charmes de Sidi Bou et en ont fait un lieu privilégié qui attire des foules cosmopolites.

SIDI BOU SAID
Après avoir écrit que les soubassements du phare sont peut-être constitués de blocs taillés à l'époque ... punique ou romaine, que, dans le sol du village, on a retrouvé surtout des tombes et des stèles antiques, faisons un immense saut dans la modernité. La Municipalité de Sidi Bou Saïd a été créée en 1893. Elle essaie aujourd'hui, autant que faire se peut, de préserver l'harmonie du site - il existe une couleur « bleu Sidi Bou Saïd » ! - dans le droit fil d'un décret de 1915, pris à l'instigation du baron Rodolphe d'Erlanger, assurant la protection de l'architecture locale. Aujourd'hui, « Sidi Bou » et sa voisine Carthage sont classés et inscrits sur la liste des sites du Patrimoine mondial.
Décrire, signifie-t-il dessiner en écrivant avec des mots ? Quel écrivain serait-il capable de décrire, non pas toutes, mais seulement les principales « facettes » de Sidi Bou ?
Palais et demeures, après un moment d'abandon, au milieu du XIXème siècle quand R. d'Erlanger faisait bâtir sa « maison » : Ennajma Ezzahra, l'étoile de Venus, ont été restaurés avec goût. On ne présente plus le baron d'Erlanger ni sa villa qui réunit tous les arts traditionnels arabo-tunisiens qu'un riche mécène, artiste par surcroît a décidé de promouvoir, au moins de sauver de l'oubli. Il a décidé d'en faire le « centre » de la musique arabe qu'il a contribuée à faire connaître.
Il est d'autres demeures prestigieuses. Citons la plus facile à visiter : Dar Saïd. Aujourd'hui transformé en un hôtel de charme, au sens propre, où d'heureux privilégiés savourent la quiétude d'un espace harmonieux. Datant de la même époque : le règne d'Ahmed Bey, Dar Mohsen est devenu une résidence d'été familiale puis le propriété de la famille d'Erlanger. Dar Fourati a été construit à la fin du XIXème siècle et entretenu soigneusement. Les salons et les pièces décorées de somptueuses faïences polychromes ceignent le patio-jardin de Dar Ismaïlia qui s'ouvre sur l'azur du ciel et les flots du golfe. Il y en aurait d'autres à citer, plus modernes, pensons, par exemple, au Dar Ennadhour érigé au sommet de la colline.
Il faudrait aussi décrire les fêtes : la Kharja, les rituels, les portes, les fleurs : les bouquets de jasmins et de bougainvillées, les cafés et les restaurants : se mêler de « parler » de « Sidi Bou », impose d'écrire un livre abandemment illustré ! Mais ...

« SIDI BOU MAL AIME »
Il ne faudrait pas qu'à trop l'aimer, à vouloir l'étreindre trop fort, on finisse par étouffer « Sidi Bou ». Expliquons-nous. Tout le monde convient de dire que ce village - il faut qu'il reste « village » ! - baigne dans une atmosphère particulière, faite de quiétude, de beauté, de parfums, de couleurs, bref, une ambiance harmonieuse. Qu'en reste-t-il quand, de plus en plus souvent, des dizaines de cars « vomissent » des centaines, des milliers de visiteurs qui escaladent « LA RUE » comme on monte à l'assaut. Les éventaires des marchands ont débordé sur la chaussée et rétréci le passage. Et, la rue devant le « Café des nattes » ressemble à une fourmilière piétinée. Les gens agglutinés ne peuvent plus avancer, ne savent plus où aller et derrière eux, des centaines d'autres personnes arrivent, ils remontent du port, ils descendent du sommet, ils montent des parkings. Ceux qui sont là, n'ont plus qu'une idée : s'en aller, sans plus rien voir, sans rien acheter, sortir de cette foule grouillante ! Est-ce cette dernière vision, cet ultime souvenir de « Sidi Bou » que les « Responsables » désirent donner aux visiteurs ? Est-il normal qu'un journaliste et des visiteurs étrangers soient contraints de payer un péage au pied de la colline pour pouvoir poursuivre leur promenade vers le port de plaisance ? Une route et le bord de mer sont du « Domaine Public », ce nous semble. Les visiteurs ont tourné les talons et sont repartis en affirmant que ce n'était certainement pas ainsi qu'on régulerait les flots de touristes arrivant à « Sidi Bou ». Il est certes flatteur de pouvoir affirmer que X millions de touristes visitent Carthage, le musée du Bardo et le site de Sidi Bou. Est-ce une bonne « politique » que de les laisser partir en se disant : « C'est infernal, on s'y bouscule comme sur un champ de foire, c'est une véritable foire d'empoigne, on ne peut même pas s'asseoir pour boire un café, je n'y reviendrai plus ! ».
Si c'est la rançon du succès, il faut avoir conscience qu'aucune rançon n'est agréable à payer ! Il vaut mieux, à notre avis, prévoir des solutions, telles que l'étalement des arrivées.
Ce ne sont pas les « centres d'intérêt » qui manquent à proximité : la basilique de Saint Syprien le tunisois qui mériterait d'être mieux présentée, l'Abdellya de La Marsa que personne ne visite, la nécropole antique de Gammarth dont les tombeaux servent de dépotoirs, entre autres curiosités. Ainsi, les « Responsables » ne seraient pas contraints de « rançonner » les visiteurs.


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