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Allier dextérité manuelle et intelligence créative
Artisanat
Publié dans La Presse de Tunisie le 15 - 06 - 2011

Quinze formateurs tunisiens opérant dans le secteur de l'artisanat effectuent, depuis lundi dernier, un stage de formation de huit semaines dans le Centre de formation du campus des métiers et de l'entreprise à Paris. S'inscrivant dans le cadre du nouvel accord de coopération bilatérale entre la Tunisie et la France, et financé par le gouvernement français, ce stage devrait bénéficier, dans une seconde étape, à une centaine de formateurs tunisiens. C'est une chance à saisir pour qui veut entreprendre et allier dextérité manuelle et intelligence créative.
L'artisanat tunisien, qui montre, depuis des années, des signes d'essoufflement, montre qu'il a encore des faiblesses ou des idées préconçues qu'il doit bousculer. C'est une filière réputée délaissée par les jeunes et avec peu de perspectives de carrières, un secteur peu adapté aux contraintes économiques face à la mondialisation, qui offre des conditions de travail et avantages sociaux «moins bons», qui rémunère «peu» et qui souffre encore de stéréotypes sur ses produits.
La concurrence d'autres pays et les produits de contrefaçon sont aussi pointés du doigt comme principales menaces pour l'artisanat.
Constitué d'entrepreneurs qui investissent sur leur propre savoir-faire, l'artisanat est le dépositaire de traditions anciennes, de techniques éprouvées, d'une culture qu'il enrichit et adapte au gré des évolutions de la société et des goûts de sa clientèle.
Les principales recommandations du compte rendu du séminaire tuniso-français sur le thème‑: «Artisanat, culture et tourisme», dont la lecture a été donnée samedi dernier en présence de M. Mehdi Houas, ministre du Commerce et du Tourisme et de son homologue français M. Frédéric Lefebvre, secrétaire d'Etat chargé du commerce, de l'artisanat, des petites et moyennes entreprises, du tourisme, des services, des professions libérales et de la consommation, ont permis de mettre le secteur au diapason des évolutions et ont balisé la voie à une adaptation du secteur à la vie moderne et aux attentes des consommateurs grâce à un recours fréquent aux nouvelles technologies pour générer de nouveaux projets et de nouveaux services qui façonneront l'artisanat de demain, qui sera tourné résolument vers l'avenir.
D'emblée Mme Catherine Gras a souligné qu'à l'instar des autres activités artistiques «les métiers d'art en Tunisie ont connu au fil des années une certaine décadence face à un compromis difficile entre la préservation de l'identité nationale et l'impérieuse nécessité de répondre aux exigences d'une modernité poussant davantage vers une internationalisation et une standardisation aussi incolore qu'anonyme l'une que l'autre». Dès lors, la question qui pointe est : «Comment réhabiliter ce secteur pour lui assurer la pérennité dans le sens le plus favorable, et surtout le plus concret possible?», ajoute-t-elle.
Car parler aujourd'hui de fiançailles entre artisanat, culture et tourisme, c'est redonner à l'objet artisanal et non folklorisé, outre sa fonction d'usage, sa vocation de maître, en peuplant notre environnement culturel complètement réifié.
«Mais tout d'abord, quelle stratégie adopter pour le développement du secteur de l'artisanat tunisien, qui emploie 350 mille artisans et génére annuellement 10 mille emplois dans diverses branches», s'est-elle interrogée? «Sur ce point, la réflexion centrale était de réfléchir sur les modalités de structuration des acteurs économiques par une mise en réseau, s'appuyant sur l'innovation, la qualité et la formation dans l'objectif d'atteindre une plus grande notoriété nationale et internationale», poursuit-elle. En effet, les actions proposées dans la première table ronde organisée lors de ce séminaire «reposent essentiellement sur la nécessité de structurer le secteur de l'artisanat pour le mettre en mouvement autour de ses entreprises, à l'instar de Chambres de métiers et de l'artisanat, la structuration des entreprises artisanales en association professionnelle ou encore la création d'opérateurs d'accompagnement en financements», a-t-elle renchéri.
«Pour être réhabilité, valorisé et réintroduit dans la modernité, le secteur des métiers d'art joue un rôle socioéconomique d'une très grande importance dès lors qu'il est pourvoyeur d'emplois et il est en grande partie rural et donc facteur de maintien des populations dans leurs régions, dont chacune a ses richesses et particularités qui font la culture matérielle de la Tunisie profonde», a-t-elle poursuivi.
«Dans ce sens, explique-t-elle, l'accent est mis sur la perspective du Pnda par l'expérimentation du Prda déclinée dans quatre gouvernorats du sud et de l'est‑: Gabès, Médenine, Kébili et Tataouine. Ce choix est dicté par les réalités économiques déjà existantes, ainsi que par les richesses locales. A ce stade, il faudrait veiller à développer par une expertise partagée, la prise en compte des facteurs de l'innovation dans la création des produits des métiers d'art et la mise en place de processus de commercialisation des produits (qualité, traçabilité, mise sur le marché) au niveau national et international».
Au-delà de la stratégie, le débat a aussi porté sur la façon logique d'entreprendre pour mettre en valeur le patrimoine tunisien et les savoir-faire des entreprises artisanales. A cet effet, les actions envisagées lors de la deuxième table ronde ont permis de mettre le doigt sur la nécessité de procéder à un inventaire détaillé des métiers artisanaux, des compétences professionnelles, des trésors vivants et la constitution d'un annuaire des artisans.
Dans cet esprit, «l'idée de la mise en place de villages de l'artisanat, comme étant des espaces appropriés pour la complémentarité créative entre artisans, entreprises artisanales et artistes, ne peut qu'être encouragée, tout en veillant parallèlement à réorganiser et dynamiser les structures professionnelles pour qu'elles puissent contribuer pleinement et comme il se doit, à la normalisation et à la labellisation du produit, ainsi qu'à l'encadrement et l'accompagnement des jeunes artisans et nouveaux promoteurs» a pris forme lors des débats. Evidemment, «cela ne peut se faire sans le partage et l'apport de l'expertise sur la labellisation des entreprises anciennes et détentrices d'un savoir-faire (différent de la normalisation des produits) par un partenariat avec l'ISM gestionnaire du label d'Etat entreprise du patrimoine vivant (EPV), qui ne peut être perçu qu'un signal fort de reconnaissance et de promotion des savoir-faire? Un savoir-faire qui peut être même encouragé dans des événements nationaux, tels que les journées des métiers d'art Inma ou par le lancement de concours pour récompenser des jeunes créateurs», explique Mme Gras.
Un rôle scientifique?
«Dans ce processus de valorisation, le côté scientifique ne devrait pas être cependant occulté dès lors que des chercheurs et ingénieurs jouent aussi un rôle dans le développement de l'esprit de recherche inventive et innovante», poursuit Mme Gras.
«En effet, Si tous ces ingrédients sont mis à profit, les atouts d'excellence du développement de tout un secteur sont possibles pour hausser le niveau de prestations, développer l'offre de tourisme rural , pourvoyeur d'emplois, et d'entamer ainsi une dynamique territoriale». Sur ce point «Tourisme et territoire», thème de la troisième table ronde, l'accent est mis sur les moyens à mettre en œuvre, en termes d'assistance technique, pour créer une plateforme de veille stratégique et d'intelligence économique, accompagner la création d'un label régional visant à valoriser les identités d'une Tunisie plurielle, l'expertise marketing afin de réorienter et d'optimiser la nouvelle stratégie marketing et de communication en cours de lancement et de l'optimisation des budgets investis dans les plans médias sur les principaux marchés émetteurs internationaux en s'appuyant sur la centrale d'achats espace d'Atout France.
En ce qui concerne l'apport d'expertise réglementaire de la France, il s'agit d'adapter et de mettre à jour la législation touristique dans le domaine de la qualité et du classement des hébergements touristiques marchands. L'encouragement d'un tourisme alternatif au tourisme balnéaire est possible par la constitution d'une offre valorisant le savoir-faire artisanal dans les circuits touristiques et en abandonnant les clichés de folklorisation qui ne répondent plus aux attentes de la clientèle.
Le dernier point, sans moindre importance, demeure le tourisme rural, où l'accompagnement par la fédération des gîtes de France de l'organisation du tourisme rural tunisien, passant par l'invitation en France à une réunion de présentation de l'organisation des gîtes en France et des conditions de création de nouveaux circuits touristiques ruraux.
Ceci dit, et pour renforcer les bases de la coopération bilatérale dans ce domaine, le jumelage ayant conduit à la remise au niveau de l'ONA par le développement de l'expertise dans le domaine de la qualité doit être prolongé notamment à travers la création d'une référence, ainsi que dans le domaine de la formation dans la suite jumelage. Cela aiderait à un partage d'une bonne pratique de commercialisation (les boutiques de talents) avec les Ateliers d'art de France.
Pour M. Frédéric Lefevbre, secrétaire d'Etat français chargé du commerce, de l'artisanat, des PME, du tourisme, des services, des professions libérales et de la consommation, le grand enjeux pour le tourisme tunisien, c'est le développement d'un tourisme des territoires, un tourisme local qui valorise l'arrière-pays tunisien et son patrimoine vivant.
Il a, en outre, exprimé la volonté de son pays de soutenir les efforts déployés par la Tunisie visant à garantir une montée en gamme de ses services et mettre en place une offre croisée qui associe patrimoine culturel, patrimoine naturel et patrimoine vivant.
Deux conventions de jumelage pour promouvoir la formation touristique
Dans le même sillage, deux conventions de jumelage dans le domaine de la formation professionnelle dans le tourisme, ont été signées à l'issue de cette rencontre entre la Chambre de métiers et de l'artisanat de la Seine-Saint-Denis (France), d'une part, et l'Institut des hautes études touristiques de Sidi Dhrif (Tunisie) et le Centre de formation touristique de Kerkouane (Hammamet), d'autre part. L'objectif de ces deux conventions est la mise en œuvre d'un programme de coopération technique en formation professionnelle initiale dans les secteurs de la boulangerie, pâtisserie, restauration et hôtellerie.
M. Lefebvre a exprimé, lors de cette occasion, la volonté de son pays de soutenir la nouvelle Tunisie, notamment dans le domaine du tourisme, de l'artisanat et du commerce. «Nous sommes très fiers d'être aux côtés de cette Tunisie nouvelle et d'un peuple qui aspire à plus de liberté, qui veut revaloriser ses racines, son histoire. Nous essayons de construire un partenariat gagnant-gagnant avec la Tunisie sur de nouvelles bases et cette initiative n'est que le signal fort de notre volonté de faire bouger les choses et de traduire les projets en actes», a-t-il précisé.
De son côté, M. Houas a indiqué, que «la volonté de commencer à construire l'avenir par cette formation et enclencher une nouvelle dynamique ne feront que positionner la Tunisie sur un nouveau trépied qu'est l'artisanat, la culture et le tourisme». Il s'est, par ailleurs, félicité du fait que pour concrétiser immédiatement, ces conventions, «quinze formateurs tunisiens sont reçus, le 13 juin, par la Chambre de métiers de la Seine-Saint-Denis».
L'importance de cette action réside, en effet, dans l'espoir que nos produits artisanaux chargés d'histoire recontribuent à faire perpétuer le rayonnement de nos souks, connus à travers les chroniques pour leurs bruits, leurs odeurs et leurs couleurs, et qui en font des lieux magiques à la conjonction du passé, du présent et du futur, mais qui, au grand dam de tous, sont de moins en moins fébriles ces jours-ci.


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