Par Taïeb Yousfi Notre pays vit au rythme d'une dynamique ascendante dans le cadre d'un processus accumulant les acquis de la révolution du 14 Janvier, en vue de réaliser tous ses objectifs, qui requièrent vigilance, persévérance et patience, surtout que cette révolution est unique en son genre partant du fait qu'elle est spontanée, pacifique, sans leadership et encadrement et sans référence idéologique. Le peuple tunisien a réalisé ainsi un acte historique sans précédent, annonciateur d'une vie meilleure sur tous les plans et dont l'impact a dépassé nos frontières. Toutefois, certains aspects méritent à notre humble avis d'être clarifiés davantage pour mener cette épopée salvatrice à bon port. Dans cet ordre d'idées on remarque un amalgame consistant à confondre régime politique et Etat, à telle enseigne que certains sont allés jusqu'à parler de l'effondrement de l'Etat et de toute autorité. Or le peuple tunisien ne s'est pas révolté pour abolir l'Etat et anéantir toutes ses institutions, mais pour chasser la bande mafieuse qui présidait à ses destinées, notamment le président déchu, le clan des Trabelsi, leurs valets, les corrupteurs et les corrompus et tous ceux qui ont dilapidé les deniers publics ou se sont enrichis illicitement sur le dos des Tunisiens. En un mot, l'objectif de la révolution était de libérer l'Etat des pirates qui l'ont pris en otage, de le sauver de la déchéance et de la déliquescence et de rétablir l'ordre républicain et la souveraineté populaire. Ainsi, il convient de distinguer le régime politique qui, par définition, reste provisoire quelle que soit sa durée de vie et l'Etat qui, par essence, survit à l'autorité politique et aux gouvernements successifs. Néanmoins, l'Etat tunisien aurait pu s'effondrer avec ce que cela signifierait comme conséquences désastreuses, n'eût été le patriotisme, le dévouement et le sens de l'Etat qui animent les hommes qui n'ont pas hésité à assumer leurs responsabilités historiques, la majorité des cadres de l'Etat et de l'administration, l'Armée nationale et le corps de sécurité intérieure qui reste dans son ensemble sain, et tous ceux qui étaient et qui demeurent prêts à consentir les sacrifices pour préserver l'entité de l'Etat et sa pérennité, partant de leur conviction inébranlable que le régime meurt et l'Etat demeure. Et ce n'est pas par hasard que l'administration et les établissements publics ont continué à fonctionner et que les services vitaux, à l'instar de l'alimentation en électricité, en gaz, en eau potable, etc, n'ont connu aucune rupture et n'ont subi aucun dégât, chose qui n'était pas aisée, surtout durant les jours qui ont suivi le 14 janvier 2011 et qui étaient marqués par l'effervescence, le déferlement, les actes de sabotage et de pillage. Aujourd'hui, alors que notre pays est libéré du joug de la dictature et du despotisme et que notre chère patrie aborde une étape décisive de son histoire, il est du devoir de tous les partis politiques, les composantes de la société civile et de toutes les bonnes volontés d'être au diapason des exigences de la transition démocratique et de contribuer à réunir toutes les conditions requises pour l'organisation des élections de l'Assemblée constituante selon le calendrier établi et les normes internationales et de bannir tout corporatisme ou sectarisme. L'objectif ultime demeure la préservation des acquis de la révolution de la liberté et de la dignité et la consolidation de l'indépendance et la souveraineté de notre pays qui priment sur tous les intérêts partisans et les calculs électoralistes. Et durant cette phase cruciale de l'histoire de notre pays et du processus de la révolution, il incombe à tous de ne pas sous-estimer les menaces extérieures qui exigent de toutes les forces vives de rester vigilants et de conjuguer les efforts pour se prémunir contre ces menaces et préserver le climat de concorde et l'invulnérabilité de notre pays, conditions sine qua non pour mener à bien la transition démocratique.