La Tunisie actuelle a besoin d'entamer un véritable débat sur des questions clés qui touchent directement aux droits économiques et sociaux de sa population, a recommandé le Réseau euroméditerranéen des droits de l'Homme (Remdh). Dans son nouveau rapport publié récemment, sous le titre "La Tunisie d'après le 14 janvier et son économie politique et sociale, les enjeux d'une reconfiguration de la politique européenne", le réseau euroméditerranéen a présenté des recommandations mettant l'accent sur la nécessité d'affronter les questions telles que la lutte contre la corruption, la promotion du dialogue social, la réforme du système éducatif et la diminution des inégalités entre les régions. Il a aussi insisté sur la promotion de la participation des femmes au marché du travail, la protection de l'environnement et la révision des relations économiques entre la Tunisie et l'UE, y compris la gestion actuelle des flux migratoires. Lors d'un point de presse, tenu, hier, à Tunis, le directeur exécutif du Remdh, Marc Schade-Poulsen, a indiqué que ces recommandations ont été élaborées en collaboration avec des économistes tunisiens auxquels il a été demandé de faire la lecture critique de ce nouveau rapport. M. Poulsen a expliqué que ce rapport basé sur les recherches approfondies conduites avant la révolution tunisienne par une équipe dirigée par Mme Béatrice Hibou, directrice de recherche au Cnrs en France, a été mis à jour par des recherches de terrain menées en Tunisie et à Bruxelles entre janvier et mars 2011. Il a ajouté qu' "il est assez troublant de voir que les politiques économiques et sociales menées par l'ancien régime restent largement incontestées et que l'Union européenne semble penser que les anciens programmes de soutien restent valables aujourd'hui et ont besoin de peu ou pas de révision». Défaillances structurelles Il a ajouté que ce rapport qui est écrit pour alimenter le débat au sein de la société tunisienne est le résultat du groupe de solidarité pour la Tunisie du Remdh mis en place en 2009. Pour sa part, Mme Hibou a indiqué que dans ce rapport, le Remdh déconstruit le mythe derrière le soi-disant "miracle tunisien" en démontrant la profondeur des défaillances structurelles que le régime de Ben Ali avait tenté de couvrir pendant plus de deux décennies. Elle ajouté que le rapport fournit des données détaillées sur le taux de chômage élevé paralysant l'économie du pays, le manque d'accès aux soins médicaux de base, les questions liées à la corruption et le nombre impressionnant de jeunes Tunisiens qui essaient de rejoindre la rive nord de la Méditerranée à la recherche d'une vie meilleure. Mme Hibou a fait savoir que ces recommandations peuvent aider les acteurs tunisiens (économistes, hommes politiques, société civile) pour lancer un débat sur les questions économiques et sociales en Tunisie et trouver les solutions appropriées. De son côté, M. Ridha Raddaoui, directeur du Remdh Tunisie, a passé en revue les activités de ce réseau en Tunisie, notamment dans les régions intérieures, pour être à l'écoute des préoccupations de leurs citoyens et aider les associations et la société civile à mieux travailler dans le domaine des droits de l'Homme.