• La chira en vedette • 100 kg saisis aux frontières C'est le 7 décembre 1987 que l'ONU décréta la journée du 26 juin de chaque année «Journée mondiale de lutte contre les stupéfiants». C'était le prélude à l'intensification tous azimuts de la lutte contre un phénomène devenu alors de plus en plus ravageur de par le monde, comme en témoigne ce chiffre absolument effrayant : 210 mille tonnes à titre de production mondiale de la drogue rien qu'en 1987 ! Encore plus terrifant est le nombre des victimes de la toxicomanie dans le monde qui s'est multiplié par… sept! Un quart de siècle après, le bilan ne cesse de s'alourdir à tous les niveaux: 800 mille tonnes de production, 650 mille victimes, un trafic mondial tournant autour de quelque 79 milliards de dollars et un nombre de plus en plus élevé de filiales étrangères régnant sur un marché international aux ramifications pratiquement incontrôlables. Tunisie : la «chira» en force Qu'en est-il de la Tunisie ? Comment est géré ce dossier ? Et quelles en sont les perspectives ? La cote d'alerte n'est pas atteinte dans nos murs. L'adhésion de notre pays à la Journée mondiale de lutte contre les stupéfiants décrétée par l'ONU a donné lieu à la mise en place d'une stratégie préventive, étant donné que la prévention reste la condition sine qua non de la réussite de toute lutte qui se veut efficace. Cette stratégie repose essentiellement sur le verrouillage des postes frontaliers, par la mobilisation de «brigades canines» (des chiens entraînés pour la détection de toutes sortes de stupéfiants dissimulés dans les bagages des passagers) et l'usage «des valises à analyse instantanée» (elles sont dotées de produits chimiques à coloration spéciale, permettant l'identification de la natue de la drogue). Si des moyens importés de l'étranger ont donné la preuve de leur utilité, matérialisée notamment par la protection de la Tunisie contre les filiales étrangères, constamment à la recherche de plaques tournantes, il n'en demeure pas moins vrai qu'il y a une ombre au tableau, à savoir la prolifération des barbituriques, analgésiques, tranquillisants et autres calmants aux effets non moins nocifs que ceux des opiacées, amphétamines, solvants, hallucinogènes, etc. Autrement dit, faute de cocaïne, héroïne, opium et morphine, c'est la «chira» qui… mène aujourd'hui le bal auprès de nos toxicomanes. Sa présence est devenue tellement envahissante qu'on ne compte plus les coups de filet réalisés dernièrement aussi bien dans les postes frontaliers (plus de cent kilos saisis) qu'à l'intérieur des villes, et particulièrement dans les quartiers populaires. Parallèlement à l'augmentation de la consommation, on assiste aujourd'hui à une invasion de plus en plus grande des filières étrangères transitant par le territoire tunisien. D'où la nécessité absolue de redoubler de vigilance et d'éviter toute baisse de la garde.