Par Abdel-Jaoued BOUSLIMI Tout d'abord, je voudrais remercier l'auteur pour avoir éclairé ma lanterne et mon embarras du choix parmi la centaine de nouveaux partis politiques qui envahissent la Tunisie d'après-Révolution. Ce qui m'a surtout surpris, c'est le passage : «Aujourd'hui, je vous lance mon fort message pour vous dire messieurs les acteurs (+ de 80), cessez vos critiques et propos inutiles et insensés (n'est-ce pas Monsieur Marzouki) à l'égard de…». Vous ne pouvez pas imaginer, cher Monsieur, le plaisir et la jouissance d'un professeur d'université au pays de Descartes quand un étudiant me critique après mon cours ! Cela veut dire qu'il s'est intéressé à ce cours, cela veut dire qu'il n'est pas indifférent à mes propos et c'est à moi de le convaincre du contraire avec des arguments et des preuves ou bien lui donner raison, parce que ses critiques sont fondées. Voyez-vous, cher Monsieur, la critique c'est la base de la démocratie, chose qui semble vous gêner énormément ! Il n'y a pas pire que l'absence de critique et le silence complice que la Tunisie endure depuis 55 ans, car c'est l'indifférence qui tue, c'est l'indifférence qu'utilisent les dictateurs pour asservir les peuples. La légitimité des adultes, aux yeux de la jeunesse tunisienne, ne vient pas à travers la langue de bois du type : « La jeunesse c'est la solution et pas le problème», devons-nous remercier les politiques «benalistes» d'avoir elles-mêmes créé les causes de leur propre échec vis-à-vis de la jeunesse ? Cette dissonance cognitive longtemps alimentée par la langue de bois répétée à l'adresse de notre jeunesse aboutit, comme vous le sauvez, sans doute, à l'événement le plus heureux : la Révolution de la jeunesse tunisienne. Bref, interdire la critique à un professeur d'université issu de la Tunisie profonde comme tant d'autres me semble une drôle de façon d'interpréter la démocratie. La démocratie, cher Monsieur, est un comportement citoyen tout d'abord, si ce comportement dérive, c'est la démocratie qui s'en va. Faudrait-il entraîner nos adultes à écouter les uns les autres ? Faudrait-il les entraîner à accepter les critiques ? Tant de questions que les jeunes Tunisiens semblent avoir compris, six mois seulement après la Révolution. Bref, votre petit article qui touchait le fond du débat démocratique actuel m'a permis, à des milliers de kilomètres de mon pays, de m'engager au Congrès pour la République (CPR). Merci beaucoup, cher Monsieur, j'espère que nos compatriotes ont reçu le même message.