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Quand notre ministre de l'Intérieur fait de l'exégèse
La chronique de Youssef Seddik
Publié dans La Presse de Tunisie le 17 - 03 - 2011

Bénis ces moments, pourvu que ça dure, où, sans vous manquer de respect nullement, nous vous interpellons chers gouvernants, pour vous prévenir, critiquer, vous adresser nos doléances et même prétendre vous remettre à vos places respectives quand il arrive que vous vous en écartiez. Le plus dur pour nous, citoyens-observateurs, c'est d'avoir à dénoncer vos cachotteries, vos tentations à vous moquer de nous, voire vos mensonges et vos incompétences. Mais, que voulez-vous ? En ces temps de flottement où vous vous êtes proclamés gestionnaires de nos affaires, certains d'entre nous vous jalousent, font tout pour vous éjecter de vos sièges quand d'autres se contentent de vous mettre en garde contre vous-mêmes, surtout contre la tentation qui menace chacun d'entre vous de se faire happer par les mauvaises habitudes de notre monde. Car, hélas, et ce n'est pas un compliment, vous n'êtes pas nés de la dernière pluie révolutionnaire. Quoique vous disiez, et bien que vous ayez le mot de révolution dans toutes les bouches qui vous font parler, par concession à tout ce qui bouillonne depuis le 14 janvier, vous n'êtes, pour bon nombre d'entre vous, que les enfants en fin de croissance de l'ancien régime. A vous, on fait moins confiance qu'à notre vigilance de vous empêcher de nuire, à tenir votre poste de gestionnaire de nos affaires courantes le temps que nous prenions notre destin en main.
A ce propos, et après avoir, sur ces mêmes colonnes et sous cette même signature, félicité Monsieur Farhat Rajhi pour avoir été clair, distinct et même distingué lors d'une conférence de presse où il a dénoncé avec vigueur et volontarisme une partie de sa police, donner des noms, annoncer de fermes décisions pour assainir son département, nous voici obligés de signaler qu'il est revenu aux vieux démons d'antan, de la démagogie, de l'imprécision, des contre-vérités manifestes et ce, lors d'une récente interview accordée à Al Jazeera dans des propos repris çà et là sur d'autres médias.
Avant d'arriver au point le plus grave de cette chronique, j'aimerais titiller Monsieur le Ministre Rajhi sur un point qui paraît anodin dans la forme, qui ne l'est pas du tout dans ce qu'il recèle. En cherchant à innocenter la grande majorité de ce corps de police, dit "politique", dont il vient dans des propos déjà signalés d'annoncer la dissolution, il cite d'ailleurs incorrectement un verset du Coran : " Ô vous autres croyants obéissez à Dieu, à son Envoyé et à ceux "parmi vous" chargés des affaires…". Les différents commentaires de ce verset ont fait couler chez les spécialistes des tonnes d'encre, et voici que Monsieur Rajhi, juge de son état, nous explique que des policiers tortionnaires, persécuteurs, violeurs des intimités et de l'honneur des citoyens, n'ont fait qu'obéir aux ordres et agissaient en conformité à une divine prescription. L'enthousiasme de ce Cadi moderne, devenu le premier responsable de la police, défendant ses " ouailles " et prêtres dans le temple de l'horreur qu'est le Ministère de l'Intérieur, l'a fourvoyé dans sa tentative d'exégèse de ce verset. Il a oublié le terme essentiel dans ce fameux passage du Coran, le terme "minkum" ("parmi vous"). On ne doit obéir, en effet, selon une juste compréhension de ce passage, qu'à ceux chargés de nos affaires qui sont des "nôtres". C'est-à-dire à ceux qui ont, auparavant et comme nous tous, obéi à Dieu et à son Envoyé. Or comment les tortionnaires seraient-ils dans l'obéissance "à Dieu et à son Envoyé" quand ils appliquent des ordres de meurtre, de viol, d'injustice et d'arbitraire ?
Il y a pire, dans les derniers propos soumis à l'écoute et au jugement de millions de téléspectateurs : le total de ces hommes de la police politique ne "dépasserait pas les deux cents individus". Allons donc Monsieur le ministre !!! Pour ne pas avoir honte de mon ministre, je préfère m'en tenir aux chiffres de son collaborateur, Monsieur Nabil Abid, qui avance le chiffre de quelques milliers ou peut-être deux mille. Car pour ne pas compliquer cet échange, je m'en tiens à un seul cas personnellement vécu par le signataire de cette chronique. Celui-ci n'a cessé, depuis les faits ci-après décrits, de faire part de ses plaintes, par écrit et oralement, à des personnalités habilitées du temps de Ben Ali de les accueillir et de les transmettre "à qui de droit", Messieurs Zakaria Ben Mustapha et Moncer Rouissi, entre autres, chargés alors par le président déchu, de veiller aux libertés et aux droits de l'homme. Naoufel Sassi, mon propre neveu, longtemps dorloté sur mes genoux comme mon propre enfant, a été délogé du seuil de sa maison, étalé de tout son long sur la chaussée, par huit individus de cette police politique qui l'ont roué de coups de pied au vu des passants affolés ou effrayés. L'un de ces passants, un agent municipal, pensant à une simple bagarre, démesurément inégale, a exprimé du haut de sa moto son indignation. Il a été embarqué avec la victime, une fois terminé le passage à tabac public. Ils étaient huit. Deux ou trois d'entre eux empêchaient la maman et la tante désespérées et folles d'une colère impuissante de lui venir en aide. Ils étaient huit pour un seul jeune homme de 28 ans, nouvellement promu major de l'Ihec. De deux choses l'une, Monsieur le ministre, ou il n'y a jamais eu dans notre pays que vingt-cinq Naoufel Sassi dont vos deux cents policiers politiques se sont "occupés", huit pour chacun, ou le chiffre que vous avez annoncé pour gommer 23 ans de monstrueuse répression est un chiffre fallacieux. Que vous l'annonciez ne sied pas à un haut fonctionnaire de notre pays! Choisissez et dites-nous quel est votre choix.
Il vous reste quelques mois à être du nombre de ceux, parmi nous, chargés des affaires. De telles bizarreries, ne le craignez-vous pas, risquent de coûter cher le jour où les gouvernants seront les élus du peuple.


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