La journée printanière de gala des courses turques s'est déroulée dimanche dernier sur le magnifique hippodrome de Veliefendi à Istanbul en présence d'un public nombreux et enthousiaste. La réunion riche de huit épreuves dont quatre groupe I et deux groupe II, avait pour tête d'affiche le Derby des 3 ans de pur-sang anglais, doté de 850.000 TL (environ 800.000 Dinars) avec une prime au naisseur de 212.500 TL et disputé sur la distance classique de 2.400 mètres : le très populaire «Gazi Derby» fondé en 1927 sur instruction du leader Mustafa Kemal Atatürk. L'hippodrome de Veliefendi est étendu sur 596.000 m2 et compte deux pistes principales : la première en gazon longue de 2.020 m et large d' une trentaine de mètres et la seconde en «polytrack» (synthétique) de dernière génération longue de 1870 m et large d'une vingtaine de mètres. Vingt-deux partants ont pris part à cette 85e édition célébrée avec éclat. Après le défilé d'usage devant les tribunes, un ténor a chanté d' une voix puissante et porteuse l'hymne national. La course a connu un déroulement limpide. Judicieusement monté en course d'attente par Halis Karatas, Anatoly (second au dernier betting) a démarré franchement à mi-ligne droite pour se détacher irrésistiblement et remporter cette prestigieuse épreuve sous les applaudissements et les vivats nourris du public. Les accessits sont revenus à Hanbes, Little Gangster et Tough Guy. A signaler la déroute du principal favori Unforgettable. Issu de Red Bishop et Black Shadow (par Persian Bold), le vainqueur appartient à son naisseur M. Osman Hattat, un important homme d'affaire «stambouliote» et est entraîné par Faik Gönültas. C'est la 4e victoire du jockey Karatas dans ce derby (Bold Pilot en 1996, Popular Demand en 2005 et Hizel Beyi en 2006). En revanche, c'était un premier succès pour le propriétaire et l'entraîneur et le troisième gagnant pour l'étalon Red Bishop, après les succès de Hizel Beyi (2006) et Pan River (2008). Auparavant, le Prix Ali Riza Bey Stakes (Gr II international – 1.400 m) pour pur-sang arabes de 4 ans (10 partants) fut une proie facile pour la grandissime favorite et seule étrangère du lot Rawdat Al Khalidiah, montée par David Badel, et au prix d'un finish impressionnant et irrésistible. Issue de Tiwaiq (un étalon objet actuellement de controverses) et de Rayyan, la lauréate appartient à l'écurie saoudienne Al Khalidiah Stables et est entraînée par Jean-Francois Bernard. The Turkish War Of National Liberation Stakes (Gr I – 2100 m) pour pur-sang arabes de 4 ans (16 partants) a été enlevé par Onurkaan. Vers une coopération tuniso–turque M. Faouzi Ben Jedira, président de la Société des courses de Tunis, a profité de cette heureuse occasion pour tenir une séance de travail avec son homologue turc, M. Ömer Faruk Girgin élu pour la troisième fois à la tête du Turkish Jockey Club. Après avoir salué le succès de la «Révolution tunisienne», ce dernier lui a présenté l'organisation du T.J. C. qui gère l'organisation des courses, de l'élevage et du pari mutuel, déclarant avec fierté : «Nous faisons un chiffre d'affaires de 1,5 billion d'euros, en jouant uniquement sur nos courses ! Le monde hippique turc a connu beaucoup de problèmes depuis la fondation de la République turque en 1923, avec des périodes glorieuses mais d'autres moins heureuses. Depuis une vingtaine d'années suite à d'importantes réformes en matière de gestion et de politique d'élevage et la modernisation de nos installations et l'informatisation de nos systèmes, l'hippisme turc s'est bien développé et compte désormais parmi les plus performants au monde. Nous sommes membre fondateur de la Fédération internationale des autorités hippiques ….». Le PMU turc prélève sur les jeux un montant record de 50 %. Il partage quasiment avec les parieurs… Mais «l'argent du cheval» est remis au développement et à l'encouragement de la filière équine. 2/3 du budget sont ainsi alloués aux allocations. Le Turkish Jockey Club gère huit hippodromes : Istanbul, Ankara, Izmir, Bursa, Urfa, Elazig, Adana et le tout dernier Diar Bakir . Un projet d'un nouvel hippodrome dans la zone touristique d'Antalia est à l'étude. Le jeu sur les courses turques est étendu à des républiques voisines. Poursuivant sa présentation Mr Ömer Faruk Girgin a cité quelques statistiques : «Pour développer les courses hippiques, il faut d'abord stimuler l'élevage. En 2006, 1070 juments de pur-sang anglais ont été saillies par 39 étalons, dont 22 appartenant au Turkish Jockey Club et nous avons enregistré 954 naissances. L'élevage de pur-sang arabes est moins développé, avec 439 poulinières saillies par 27 étalons (dont 19 du Jockey Club), ce qui donnera 364 naissances (52 juments n'avaient pas été pleines) cette même année. Six haras ont été créés par le Jockey Club, 4 pour les pur-sang, 2 pour les arabes. Le plus important a ouvert ses portes en 2001 : le centre de Karacabey emploie toute l'année 220 personnes, s'étend sur 500 hectares et possède 790 box pour les poulinières. Au printemps, il accueille près de 1200 équidés (800 après juin et le départ des poulinières suitées et des 2 ans)». Les étalons du Turkish Jockey Club sont majoritairement américains : 15 sur les 21 en activité en 2009. Notons en particulier la présence de Eagle Eyed, propre frère de Danehill, Sea Hero (gagnant du Kentucky Derby et de 2 autres groupe I aux USA), Sri Pekan, Strike The Gold (un autre gagnant du Kentucky Derby), Divine Light (père de Natagora, par Sunday Silence), Mountain Cat, Manila…et parmi les autres origines : Doyoun (IRE), Common Grounds (G.B.), Distant Relative (IRE), Always A classic (CAN), etc. Dans le cadre de ses encouragements et de son assistance à l'élevage, le T.J.C. propose les saillies de ses étalons à des prix modérés. «Pendant la saison 2010, 2301 poulinières ont été couvertes par 51 étalons de pur-sang anglais (dont 26 privés) et 25 de pur-sang arabe (dont 9 privés). A la fin de la saison de monte, 1968 poulinières ont été vérifiées pleines. Ce taux de réussite de 90.94% est l'illustration de la qualité et du sérieux du travail fourni par les haras du T.J.K. au service des éleveurs», a affirmé M. Ömer Faruk Girgin. En matière de pur-sang arabe, l'élevage turc a été l'objet d'une grande réforme en 1926. L'effectif de départ était composé de chevaux provenant de Turquie et du Moyen-Orient (Syrie, Irak, Arabie Saoudite). Des importations ponctuelles de chevaux d'origine polonaise, américaine, allemande, bulgare ont été effectuées, avec toujours le souci de préserver le modèle et le type classique du pur-sang arabe. Le stud book turc est resté fermé aux origines françaises. Ce choix a permis de garder une certaine homogénéité dans l'effectif des courses. Après une période probatoire, la Waho a reconnu officiellement le stud book turc en 1996. Le TJC est aussi impliqué dans la formation des métiers liés au cheval, avec notamment une école d'apprentis- jockeys et une clinique vétérinaire établies sur l'hippodrome de Veliefendi. De son côté, M. Faouzi Ben Jedira a présenté à son homologue turc un panorama succinct sur les courses et l'élevage en Tunisie et a notamment déclaré : «La brillante réussite de la Turquie est un bel exemple dont on voudrait s'inspirer pour la relance et le développement des courses tunisiennes». En conclusion de cet entretien, les deux «chairmen» ont envisagé d'établir des relations de coopération entre leurs deux institutions. Pour commencer, une course dédiée au T.J.C. sera organisée l'année prochaine à Tunis et réciproquement une épreuve consacrée à la Société des Courses de Tunis sera disputée à Istanbul.