La médiathèque de l'Ariana a abrité mercredi dernier une rencontre littéraire et artistique animée par la poétesse Anne Marie El Khatib, qui a présenté au public une lecture poétique puisée de ses tout derniers ouvrages qui, sous forme de fragments de pensées et réflexions, sont dédiés au peuple tunisien, à la révolution tunisienne et aux grands hommes artistes et politiciens qui ont contribué intellectuellement et artistiquement au développement du pays. Alliant la poésie au chant, la littérature aux expositions, la rencontre a été ouverte par une projection d'une exposition de timbres qui datent de quelques décennies et qui illustrent les aspects de vie traditionnelle tunisienne de la médina et a été suivie par une présentation de plusieurs photos qui dessinent l'histoire de la révolution libyenne et du peuple libyen dans sa souffrance. «Les timbres sont aussi importants qu'une œuvre», nous a affirmé la poétesse dans sa première intervention pour démontrer le rôle important que joue l'artiste-créateur pour transposer la réalité telle quelle mais en essayant parfois de l'embellir tout comme se définissait l'acte de l'écriture poétique, cet acte provocateur mais aussi rêveur. Lors de cette présentation générale du rôle de l'artiste, porteur de message, Anne Marie El Khatib, nous a lu des extraits de textes tirés de ses tout derniers ouvrages qui, intitulés Entrée et fracture, sont placés sous le signe de la révolution tunisienne et se considèrent de la sorte comme un message adressé au peuple tunisien, dont la poétesse salue vivement le courage et la bravoure et auquel elle lance un appel pour avancer à grands pas et de progresser dans le monde artistique, intellectuel et social… La première partie de la rencontre s'est achevée par un très beau chant d'opéra signé du jeune médecin et amateur d'opéra Makram Ksouma qui a enchanté le public présent en interprétant un chant classique en langue allemande «Kom Susser Tod», qui, en évoquant le thème de la mort, retrace le parcours vécu récemment par la Tunisie. L'hommage rendu par la poétesse aux artistes dans tous les domaines de l'art a fait l'objet de la deuxième partie de la rencontre qui a été consacrée à un rappel de la mission de l'écrivain en se référant à de grands poètes français à l'instar de Baudelaire et Aragon ainsi que des écrivains francophones tel Amine Maalouf, tous connus pour leur lutte contre toute forme d'oppression et leur appel à la liberté d'expression et de création sur le plan artistique. Les intellectuels et artistes contemporain tunisiens ont également enregistré leur présence comme témoins et acteurs dans la scène culturelle tunisienne tels l'artiste caricaturiste Chedly Belkhamsa et beaucoup d'autres. Cet hommage rendu a été suivi d'«Au die Musik», une chanson également interprétée par le talentueux Ksouma, traduisant une élévation qui met en évidence l'art du sacré. Une partie de la rencontre a été consacrée à la lecture de plusieurs textes «poétiques» dont un composé de paragraphes courts et titrés développe des réflexions d'ordre philosophique ayant un aspect qui touche de près la société moderne. Parmi ces réflexions lus au public par la poétesse, nous citons les fragments Vérité et justice, Droit devant, Une parole vraie… A la manière du dictionnaire philosophique de Voltaire et de l'esprit de lumière, avec des réflexions personnelles de l'auteur concernant plusieurs thématiques universelles telles l'amour, la liberté tirés d'un vécu collectif et d'une analyse personnelle qui s'inscrivent dans l'actualité. La rencontre s'est achevée avec un troisième et dernier chant «Bist du Bein mur» (ensemble pour un meilleur avenir) interprété sur un ton joyeux, célébrant ainsi la victoire et le triomphe du peuple tunisien.