La salle 7e art a accueilli, mardi dernier, la projection du film Châteaux de sables. Ecrit et réalisé par Mustapha Taïeb, c'est un court métrage de dessins animés d'une durée de 14 minutes. De par son expérience, le réalisateur est un habitué de ce genre cinématographique. Il a en effet un autre film d'animation à son actif: Secourez-la, elle est en danger, primé aux JCC 86. Sa filmographie compte également Le calligraphe (1987), Le soulier (1989) et Le déluge (1992). Comme son nom l'indique, Châteaux de sables est un docu-fiction historique qui se place dans le désert tunisien. La curiosité du jeune Anis envers l'histoire de son pays nous mène à le suivre dans son voyage dans le temps. Il part d'une recherche sur internet et se retrouve, et nous avec, à l'intérieur d'un récit qui narre les grandes époques par lesquelles le pays est passé, depuis l'âge de pierre, auquel les historiens attribuent la première apparition de l'Homme dans la région. Ce n'est pas par hasard que le personnage que l'on suit est un jeune garçon. Châteaux de sables est destiné aux enfants. Le réalisateur espère qu'il saura réveiller l'intérêt d'autres enfants pour aller à la recherche de leurs origines et savoir d'où ils viennent. Si cet exercice est nécessaire pour tout être, en temps normal, que dire alors en ces temps transitoires que nous vivons, et qui s'accompagnent, on le voit bien, par la recherche de repères, voire d'une identité. Les Berbères, autochtones de la Tunisie, sont au cœur du film de Mustapha Taïeb. Son œuvre relate comment ces derniers ont vécu les différentes invasions, depuis les Phéniciens, les Romains, les Vandales, les Byzantins, et jusqu'aux Arabes. Il s'intéresse également de près aux traditions et mode de vie berbères, expliqués, entre autres, par les images des Ksours de Tataouine où ils habitaient et cachaient leurs moyens de subsistance, et par la voix off qui apporte des éléments d'information supplémentaires. Entamé longtemps avant le 14 janvier, le film a été, comme on a pu le constater, mis à jour pour ne pas passer à côté de cet événement désormais majeur de l'histoire de la Tunisie. Dans une suite condensée, le spectateur revoit des images supposées représenter la colonisation, l'instauration de la république et des années Bourguiba et Ben Ali, avant de s'achever sur celle de Mohamed Bouazizi, qui, en s'immolant, a déclenché les larges protestations populaires débouchant sur la chute du régime. On espère que le choix d'incorporer «la révolution» dans le film n'est pas hâtif. Cette partie du film est beaucoup moins développée que le reste. Quand on sait que l'on a encore du mal à digérer et à comprendre certains épisodes lointains de notre histoire, ne faudrait-il pas un certain recul pour pouvoir parler d'un événement qui est, de surcroît, encore en marche? La responsabilité du film est d'autant plus grande qu'il est destiné aux enfants. Tout comme Anis, ces derniers gagneront à chercher par leurs propres moyens pour développer une lecture propre de l'Histoire. Cela nous semble le plus important enseignement de Châteaux de sables.