«Il est temps de donner leur chance à de nouveaux enseignants. Les anciens directeurs pensent plus à leur propre intérêt qu'à celui de leur pays. Ils ont peur de perdre leurs avantages. Il ne faut pas oublier leur passé politique. Le ministère aurait pu barrer la route à tous les directeurs qui ont été nommés avant la révolution , sur proposition du RCD. Or ces derniers peuvent se présenter au concours afin de postuler pour la fonction de directeur», souligne Sami Tahri, secrétaire général du syndicat général de l'enseignement secondaire. Près de deux mille directeurs et censeurs ne décolèrent pas. Ces derniers ont effectué, hier, un sit-in devant le ministère de l'Education nationale pour protester contre les nouveaux critères de recrutement des directeurs et des censeurs. Les actuels chefs d'établissements secondaires ont soit la possibilité de réintégrer le cycle de l'enseignement secondaire soit passer, à l'instar des enseignants, le concours organisé du 11 au 19 juillet par le Premier ministère pour de nouveau postuler au poste de directeur ou de censeur au titre de l'année 2011/2012. Cette mesure a soulevé partout une vague de colère et entraîné des mouvements de protestation dans la plupart des gouvernorats. A Tunis, au Kef, à Sfax, les directeurs se sont indignés de cette nouvelle décision du ministre de l'Education qu'ils jugent «injustifiée et sans fondement dès lors qu'elle ne respecte pas le code du travail et qu'elle n'obéit à aucun texte juridique». Les directeurs et les surveillants des lycées et des collèges dans le gouvernorat de Sfax ont observé, hier, un sit-in illimité pour protester contre cette mesure et se sont réunis devant le siège du commissariat régional à l'éducation, rendant publique la décision de ne pas participer au prochain mouvement des directeurs et des censeurs sur la base des nouveaux critères établis par le ministère. Pour exprimer leur colère, certains ont décidé de ne pas quitter leurs postes, et de ralentir la vie scolaire, en refusant d'effectuer les tâches administratives routinières. Les sit-in se sont poursuivis également à Tataouine, à La Manouba et à Tunis. Plusieurs directeurs d'établissements secondaires ont manifesté leur colère pendant toute la matinée d'hier devant le ministère de l'Education nationale. «Nous avons très mal pris le fait que le ministère ait décidé, avec l'accord du syndicat, d'écarter nombre d'entre nous après plusieurs années d'ancienneté, alors que nous n'avons commis aucune faute grave qui justifierait une telle décision, observe la directrice d'un établissement secondaire. Je ne comprends pas le fait que le syndicat soit consulté pour le choix des directeurs d'établissements secondaires. Cela ne se passait pas comme ça avant. Les nouveaux critères ont été établis avec leur aval. Beaucoup ont de nombreuses années d'ancienneté derrière eux et occupent le poste de directeur depuis au moins vingt ans. Venir du jour au lendemain nous supprimer nos avantages, nous écarter de nos fonctions, nous demander de réintégrer le cycle de l'enseignement secondaire et de redevenir de nouveau enseignants après tant d'années passées à un poste de direction a été très mal pris par beaucoup d'entre nous. Nous l'avons ressenti comme une sanction». Une autre directrice renchérit : «Nous pouvons, certes, passer le concours pour postuler. Mais nous partons déjà désavantagés par rapport à certains enseignants qui vont se présenter au concours et qui ont assuré l'intérim après la révolution. Ces derniers vont bénéficier d'un bonus. En outre, nous allons être pénalisés par le fait que seul le nombre d'années passées à enseigner sera réellement pris en compte. On ne tiendra pas compte de notre ancienneté dans l'administration. Or certains d'entre nous ont une courte expérience de l'enseignement par rapport au nombre d'années passées dans la fonction de directeur». Par ailleurs, parmi les nouveaux critères qui ont été établis: celui de la note éliminatoire au test psycho-technique. Or le jury de ce test sera dorénavant composé de membres du syndicat de l'enseignement secondaire. «Je peux vous affirmer qu'ils ne nous portent pas dans leur cœur», souligne la directrice. De son côté, Sami Tahri, secrétaire général du Syndicat de l'enseignement secondaire, désapprouve les sit-in des directeurs d'établissements qui ralentissent la marche de la vie scolaire et critique vivement les arguments avancés par ces derniers, jugeant qu'ils ont autant de chances que les enseignants de réussir au concours interne ouvert pour les postes de directeur et de censeur. «Parmi les critères qui ont été retenus pour ce concours, il y a l'ancienneté dans le secteur de l'enseignement ainsi que la dernière note pédagogique obtenue, explique M. Tahri. Les anciens directeurs qui pensent que nous ne tiendrons pas compte de leur ancienneté dans l'administration se trompent. Ils glaneront un point pour chaque année passée au poste de directeur, outre les points correspondant au nombre d'années passées à enseigner. Il est temps de donner leur chance à de nouveaux enseignants. Les anciens directeurs pensent plus à leur propre intérêt qu'à celui de leur pays. Ils ont peur de perdre leurs avantages. Il ne faut pas oublier leur passé politique. Le ministère aurait pu barrer la route à tous les directeurs qui ont été nommés avant la révolution , sur proposition du RCD. Or ces derniers peuvent se présenter au concours afin de postuler à la fonction de directeur». Affaire à suivre. Mouvement des directeurs et des censeurs Les conditions de participation Dans un communiqué rendu public, le ministère de l'Education a annoncé le démarrage des candidatures en vue de participer au mouvement des directeurs et des censeurs pour le compte de l'année scolaire prochaine qui touchera, exceptionnellement, tous les collèges et les lycées. Ce communiqué fixe les conditions qui doivent être remplies pour postuler aux postes de directeur et de censeur. Ainsi, pour le poste de directeur, tout candidat doit être titulaire d'une maîtrise et faire valoir une ancienneté d'au moins huit ans en tant que professeur de l'enseignement secondaire. Les conseillers pédagogiques aspirant à la fonction de directeur d'un lycée doivent avoir une ancienneté d'au moins dix ans. Quant aux candidats qui postulent à un poste de censeur dans un établissement d'enseignement secondaire, ils doivent être titulaires d'une maîtrise et avoir une ancienneté de professeur d'enseignement secondaire d'au moins cinq ans. Ces conseillers pédagogiques aspirant au poste de censeur doivent faire prévaloir une ancienneté d'au moins sept ans. Les candidats qui veulent avoir plus d'informations ou de détails sur le mouvement peuvent consulter l'adresse web suivante: www.edunet.tn