Les étudiants de première année de l'Institut Préparatoire des Etudes Scientifiques et Techniques « IPEST » ont boycotté, hier, leurs examens de mini-concours. Aucun des 157 étudiants ne s'est présenté en salle d'examens pour passer les épreuves. Ils contestent le contenu de la circulaire N° 08/46 du 2 juin 2008. Ladite circulaire précise qu'à partir de l'année universitaire 2008-2009, le ministère ne prendra en charge pour les examens oraux des concours d'accès aux grandes écoles d'ingénieurs en France qu'un maximum de 50 % des candidats, y compris ceux ayant des revenus limités dûment justifiés. En plus, seuls 30% des étudiants admis dans l'un de ces concours peuvent postuler à une bourse d'Etat. Les étudiants boursiers doivent s'engager à travailler pour une entreprise tunisienne durant dix ans suite à l'acquisition de leur diplôme. Le père du candidat à la bourse doit signer en caution solidaire de son fils. Donc, la fine fleur des bacheliers scientifiques se retrouve désormais confrontée à chaque fin d'année à une pléiade de problématiques qui les déconcentrent de leurs examens. Pourtant, selon eux, ces mesures auraient dues être prises avant leur affectation à l'IPEST : « lorsque nous avons été orientés à l'IPEST, la règle était que tous les étudiants bénéficient d'une prise en charge entière de leurs examens oraux en France. En plus, tous les étudiants admis peuvent postuler à une bourse d'Etat pour poursuivre leurs études à l'étranger. Nous nous sommes engagés à poursuivre nos études à l'IPEST sur cette base de prise en charge exclusive de nos examens d'accès aux grandes écoles françaises et de nos études supérieures ultérieures. Ce n'est pas normal que l'on vienne nous informer maintenant de ce changement de cap. Et puis c'est une décision qui n'est pas réglementaire. Lorsque nous avons été affectés à l'IPEST, il y a bien un règlement, des clauses administratives et des procédures usuelles qui organisent l'enseignement dans cet institut. C'est ce règlement et ces pratiques qui s'appliquent à notre promotion. Si l'administration, voire le ministère, veut changer ce cadre réglementaire, elle est appelée à aviser au préalable les étudiants concernés pour qu'ils fassent leurs choix en intime conviction». L'amertume se lisait sur les visages de ces jeunes surdoués. Ils ont obtenu leur baccalauréat avec des moyennes supérieures à 18/20 et ils ont tous de grandes ambitions d'être parmi l'élite des scientifiques et des chercheurs à l'échelle internationale. Ce dégoût est plus profond du fait que cette nouvelle coïncide avec la période de leurs examens qu'ils étaient en train de préparer d'arrache-pied : « l'information nous a fait l'effet d'une douche écossaise. Ceci nous a complètement déconcentrés. La majorité d'entre-nous n'ont pas les moyens de couvrir leurs charges en France. Et puis, il ne faut pas oublier qu'on a raté des bourses de coopération au Japon, en Algérie, au Maroc, au Sénégal, etc... Auxquelles nous aurions pu postuler. Mais que nous avions laissé tomber parce que nous étions sûrs d'accéder à des bourses en France. » Du côté de l'administration, personne ne voulait donner des précisions. M. Hachemi Saïed, le directeur de l'IPEST était tout le temps, soit en réunion au ministère ou dans les couloirs de l'Institut. On a eu beau laisser nos coordonnées, l'on n'est pas encore parvenu à l'IPEST à l'ère de la transparence dans la communication. Toute précision reste, toutefois, la bienvenue surtout qu'elle concerne des étudiants considérés comme étant la crème de l'université tunisienne.