Par Taha BELKHODJA* Aujourd'hui, le monde entier rentre dans une nouvelle ère inaugurée par le soulèvement de la dignité et de la justice du " printemps arabe" pour donner un nouveau souffle plein d'espoir pour un monde meilleur. Dans le cadre du soutien manifesté par l'Europe en faveur de la Tunisie et de l'Egypte et le renforcement des relations nord-sud et la relance de la coopération politique et économique entre les continents suite au sommet de Lisbonne, après le démantèlement des droits de douane sur les marchandises à partir de janvier 2008, il se trouve aujourd'hui que les personnes n'ont pas eu ce privilège puisqu'elles paient toujours un " droit de passage " pour l'obtention d'un visa d'entrée dans certains pays, il y a lieu d'une double peine: 1 - Le visa, cette procédure devenue humiliante, on dirait un inculpé qui va rentrer en cellule, exigée pour entrer dans certains pays d'accueil: c'est une atteinte à la liberté qui dédaigne le postulant. 2 - La pénitence : ces frais qu'on paie, presque le prix d'un billet d'avion ! Pire encore, il y a ceux qui n'obtiennent pas leur visa pour revenu insuffisant ! Et tenez-vous bien, ces pauvres gens se trouvent, quand même, démunis desdits frais déjà acquittés sans pouvoir les récupérer, il est incompatible et inadmissible de dépouiller quelqu'un qu'on a jugé sans ressource suffisante ! Où est donc le sens élémentaire de l'humanisme dont parlent ces pays ? En effet, le droit international de libre circulation d'un Etat à un autre occupe une place centrale parmi les droits fondamentaux de la Déclaration universelle des droits de l'Homme: " tous les hommes naissent Libres et égaux en dignité et en droit ". Il se confirme ainsi que la liberté internationale d'aller et de venir est un droit fondamental non soumis au pur bon vouloir de la puissance publique nationale d'accueil. Il ne suffit pas pour l'Etat concerné d'adopter une loi pour rendre légale la restriction imposée à un droit international ! Le droit de libre circulation est reconnu de plus en plus comme un droit élémentaire et non comme un privilège. Les personnes, au nom de la libéralisation des services devenue un des principes de l'Organisation mondiale du commerce (OMC ), se déplacent pour accompagner les activités ainsi libéralisées. Nous espérons que le discours politique du sommet de Lisbonne Afrique-Europe, appelé par certains dirigeants européens " Sommet entre égaux ", se concrétise réellement entre les continents en commençant déjà par la suppression immédiate de ces frais de visa, c'est un profit illégal. Cette mesure préventive de sélectionner ses visiteurs est dans le seul intérêt du pays émetteur du visa. Celui-ci, comme tout autre pays, doit supporter seul les frais de la procédure de sécurité qui est la sienne, ceci ne constitue en aucun cas une prestation de service rendue au postulant, qui justifie la cause de cet enrichissement ! On ne peut pas vendre un droit, ceci constitue une infraction fondamentale à tous les droits internationaux: " l'enrichissement sans cause est puni par toutes les lois du monde ". Ces frais de visa se chiffrent à des millions d'euros et portent un grand préjudice aux populations des pays du Sud et surtout les plus pauvres d'entre eux, c'est une perte d'argent considérable subie par ces populations fragiles en toute illégalité, c'est une sorte de néocolonialisme. Il faut absolument arrêter cet abus de profit illicite, c'est une pratique discriminatoire et un comportement dictatorial, alors que ces gens-là sont accueillis dans nos pays les bras grands ouverts, gratuitement ! Les pays des droits de l'Homme ne peuvent que soutenir notre requête. Le montant de ces frais de visa ne va nullement retenir ou empêcher un " sans-papier" d'immigrer, nous savons tous qu'ils arrivent à payer 3.000D pour aller à Lampedusa. En revanche, ces frais pénalisent plutôt ceux qui voyagent souvent pour le tourisme et le commerce. Il faut que les pays riches arrêtent de dépouiller ces pauvres gens et instituent peut-être une sorte de green-card gratuite. Ce visa, qui sera permanant, motivera davantage la coopération bilatérale, facilitera la collaboration entre les différents pays en toute dignité et évitera certainement des pertes de temps et d'argent à tout le monde dans le cadre d'une économie équitable et d'un véritable partenariat "gagnant-gagnant ".