Alors que les prix des produits de base (céréales, produits animaux et aliments de bétail) enregistrent une montée en flèche à travers le globe, la Tunisie peine encore à garantir sa sécurité alimentaire. En effet, la hausse des prix internationaux des céréales a atteint 82% pour les blés, 102% pour le maïs et 92 % pour l'orge en avril 2011. Or, il se trouve qu'en Tunisie, les indicateurs de progrès stagnent encore. C'est que la balance commerciale agricole nationale s'annonce visiblement déficitaire, affichant un taux de couverture vers la baisse, soit 81% entre 1984 et 2003 et 70% de 2007 à 2009. Plus, le pays importe toujours en grandes quantités céréales et produits de bétail. L'on reconnaît tous que les moyens s'avèrent très limités (climat semi-aride à aride, rareté de l'eau, manque de richesses naturelles). Toutefois, il faut admettre que la Tunisie est capable de nourrir tous ses enfants et d'assurer son autosuffisance en produits alimentaires. Comment y parvenir? Voilà la problématique posée par l'étude y afférente présentée, hier, à Tunis par M. Abdelmajid Slama en présence de M. Benoît Horemans, coordinateur du bureau sous-régional de la FAO pour l'Afrique du Nord, et M. Salem Hamdi, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Agriculture et de l'Environnement. S'agissant de la consommation actuelle des céréales, l'étude l'estime à 210 kg par habitant par an. Sachant que les produits céréaliers représentent 16% des dépenses alimentaires du Tunisien. Des dépenses qui pourraient atteindre 30% pour les populations à faible revenu. D'ailleurs, en 2005, la consommation en blé dur a diminué de 34% et celle du blé tendre a augmenté de 10%. Cela s'explique par l'amélioration de l'urbanisation. Au total, la demande en produits céréaliers est estimée à 2,5 millions de tonnes en 2010. Dans la même perspective, l'étude note que l'on importe 54% de nos besoins en céréales, soit 32% de blé dur et 81% de blé tendre. S'y ajoute consécutivement l'incapacité du pays à assurer son autosuffisance en aliments de bétail, avec un total d'importation estimé à 1684,5 millions UF. Toutes ces carences et défaillances qui s'annoncent de plus en plus alarmantes ont suscité une réflexion approfondie sur les problématiques posées et les issues possibles. Dans ce sens, l'étude propose trois programmes pilotes, dont le premier vise l'amélioration de la productivité de la céréaliculture et de l'élevage en pluvial et en irrigué dans les zones à haut potentiel du nord de la Tunisie. L'objectif est d'élever le rendement de 1,7 tonne/ha actuellement à 2,5 tonnes/ha à court et à moyen termes. Pour ce qui est de la production laitière, le même programme œuvrera à réaliser pour la race pure une moyenne de 5.500 litres par vache par rapport à la moyenne actuelle : 3.500 litres, et pour la race locale croisée une moyenne de 2.800 litres par an par rapport à la performance actuelle d'environ 1.800 litres. Il tentera également de développer les capacités des services d'appui, de faciliter l'accès à des lignes de crédit favorable, de réviser les normes d'attribution des crédits de campagne, de simplifier et d'accélérer les procédures d'octroi de crédits. Le coût total de ce programme est estimé à 82 millions de dinars. Le deuxième programme pilote consiste à opérer des interventions dans des régions où la pluviométrie se situe entre 300 et 450 mm/an, à savoir Siliana, Le Kef, Zaghouan et Kasserine. La première phase pilote de ce programme ciblerait 30% des superficies en pluvial et en irrigué (187.000 ha) et 30% des exploitations en pluvial et en irrigué (23.000 agriculteurs), suivie par une deuxième phase d'expansion sur 40% des superficies et du nombre des exploitations additionnelles et par une troisième phase d'expansion et de consolidation sur les 30 % restants en superficie et en nombre d'exploitations. Le coût de ce programme est estimé à 64 millions de dinars. Le troisième programme pilote vise l'amélioration des céréales en irrigués dans le centre, en intervenant dans les périmètres irrigués par les puits privés de surface et des forages publics dans les gouvernorats de Kasserine, Sidi Bouzid et Kairouan et en partie à partir du barrage de Merguellil dans le troisième gouvernorat. Le programme assisterait les exploitations agricoles irriguées où les céréales font partie des assolements intégrant l'élevage bovin et ovin sur une superficie potentielle de 50.000 ha de blé.