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La vache rira-t-elle de nouveau ?
Enquête : Malgré l'ajustement des prix du lait
Publié dans Le Temps le 20 - 11 - 2007

Que l'on soit des adeptes du lait ou non, nous avons tous reçu des échos sur la crise relative à la commercialisation d'une quantité réduite de lait par rapport à la normale, qui a frôlé le pays pendant une poignée de jours ; la crise, un terme peut être exagéré comme le sous-entendent certains responsables et concernés du domaine de l'élevage et du lait
, lesquels responsables affirment qu'il s'agit plutôt d'un corollaire de la conjoncture économique actuelle en Tunisie mais aussi dans le monde (plus précisément les pays voisins).
En effet, les vaches « soupçonnées de faire la grève », mais mises hors de cause, représentent tout de même le point déclencheur de cette vague de pénurie de lait, puisque aujourd'hui, en Tunisie, il est préférable que les agriculteurs arrivent à assurer la majeure partie de la production de la nourriture du bétail composée d'éléments produits sur le territoire tunisien, la partie qui reste (matière première pour la fabrication du concentré) est importée de l'étranger et qui dit importation dit toujours dépendance et adaptation économique. La logique commerciale dispose que, si le prix de la matière première ou d'une de ses composantes enregistrait une hausse tendancielle, le prix de vente final suivrait le même courant, c'est ainsi que l'augmentation du prix de soja et dans le même temps la révélation faite par les pays asiatiques, tels que la Chine, des nouvelles pratiques culinaires à base de soja, de blé et d'orge (les pâtes principalement), en plus l'usage de ces matières pour la fabrication du biocarburants, ont tous débouché sur une forte demande mondiale de ces matières et, conséquent de ce fait un prix d'importation élevé.
Si nos agriculteurs venaient à garder le même prix initial d'un litre de lait sans prendre en considération cette augmentation de prix qui est pour le moins influente, ils auraient ainsi un important manque à gagner auquel il faudra remédier et cela touchera aussi bien le corps agricole que la politique gouvernementale du secteur de l'agriculture. C'est de là que venait la sollicitude insistante des agriculteurs auprès de leur organisation (UTAP) pour une évidente et indispensable augmentation du prix du lait.
C'est dans le cadre de la politique gouvernementale projetant l'encouragement de la production du lait et l'amélioration du niveau de revenu de l'agriculteur et encourageant les éleveurs au maintien du cheptel et de son développement que le ministère de l'agriculture et des ressources hydrauliques et le ministère du commerce et de l'artisanat dans leur publication du mardi dernier décrètent une augmentation de prix du lait frais au niveau de la production de l'agriculteur spécialisé auprès des centres de collecte et les centrales de transformation laitière et ce de l'ordre de 50 millimes le litre à partir du 15 novembre 2007 pour qu'il devienne comme suit :
* Au niveau de la production : 450 millimes le litre.
* Au niveau de la centrale laitière : 480 millimes le litre.
Entre autre, ces prix sont considérés fixes garantis pour le producteur, de même l'augmentation des prix infligée au titre de la qualité du lait reste en vigueur et le lait collecté doit répondre d'une qualité supérieure sur le plan sanitaire et conforme aux normes et aux mesures mises en pratique.
Toujours est-il nécessaire de rappeler que le secteur du lait revête sur le plan national une importance capitale et sociale de par sa contribution dans la réalisation de l'autosuffisance et la sécurité alimentaire du pays et de par celle dans l'embauche :
* 25% de la production de l'élevage
* 9% de la production totale de l'agriculture et de la pêche
* + de 120.000 éleveurs bovins.
Ce qui prouve bien entendu l'intérêt du secteur pour l'Etat qui a prévalu comme solution immédiate une révision du prix du lait et ce dans l'attente d'une vision stratégique plus profonde compte tenu des conjonctures nationales et internationales.
Aujourd'hui, l'économie tunisienne peut s'accrocher à un scénario plus optimiste pour le secteur du lait.


Sons de cloche
Voyons ce qu'en pensent les gens du domaine auxquels nous avons posé les deux questions cruciales suivantes : quelle est votre perception de l'augmentation du prix du lait au niveau de la production et comment voyez-vous l'avenir de ce secteur ?
M.Salah Farhat, petit éleveur de la région de Kalaat El Andalous : « depuis 15 jours j'ai entendu parler de cette augmentation du prix du lait, elle n'est pas encore mise en pratique jusqu'à ce jour mais je vous avoue que cette augmentation serait une sorte de bouée de sauvetage pour nous tout particulièrement les petits éleveurs. Vous savez j'ai 5 vaches, pour qu'elles puissent donner du lait et du bon lait il faut bien les nourrir, ce qui nous revient cher actuellement vu que les prix du bétail ont augmenté (1 tonne d'orge coûte 270d) avec une production de 20 litres en moyenne par jour vendue à 390 millimes l'unité, c'est à peine si on arrive à couvrir le coût de production.
De mon point de vue, si les conditions demeurent inchangeables avec l'absence de collectivité publique, je serais probablement obligé de vendre mes vaches.»
M.Omran Lahbib, petit éleveur de la région de Kalaat El Andalous : « j'avais 7 vaches, maintenant je n'en ai plus que 2. Avec l'augmentation du prix du bétail, j'ai du mal à suivre et assurer pour mes bêtes une alimentation requise pour une bonne qualité de lait. Il m'est même arrivé de jeter une quantité assez importante de lait que je produis par faute d'acheteur. Si l'offre dépasse la demande pour le produit lait, la quantité collectée ne peut pas être écoulée dans sa totalité. »
M.Habib Ben Mehrez, responsable des comptes dans un centre de collecte de lait dans la région de Kalaat El Andalous :
« Ici, nous produisons en moyenne 7000 litres de lait par jour, nous traitons avec une équipe de 6 ramasseurs de lait qui le collectent de 45 éleveurs tous de la région. Cette augmentation du prix du lait et bien qu'elle n'est pas encore entrée en vigueur nous réjouit d'avance. Elle représente le moyen le plus efficace qui nous permettra de palier aux effets négatifs de la flambée des prix des aliments du bétail.
M.Karim Daoued, membre exécutif chargé de la production animale : « je considère cette augmentation du prix du lait au niveau de la production comme bonne et nécessaire, c'est vrai qu'il y a eu cette année trois augmentations de prix et nous sommes aujourd'hui à un prix pour l'éleveur de 450 millimes. Si cette escalade de prix est nécessaire c'est tout simplement parce que le prix de l'alimentation destinée au bétail a grimpé lui aussi, de ce fait le prix du lait doit suivre cette augmentation régulière afin de supporter le coût de production. L'alimentation animale représente 70% du prix de revient d'un kilogramme de lait. Le concentré qui amène l'énergie sous la forme de maïs et les protéines par le soja pour nourrir la vache sont importés : 1litre de lait contient 600gr de concentré.
Cette augmentation régulière depuis deux ans du prix des intrants dans le coût de production dévoile un impact négatif. Et c'est là qu'entre en scène la caisse de compensation qui joue un rôle éminent en particulier sur l'orge (aliment pour le bétail) qui se vend à 22d en Tunisie par rapport à 40 dollars vu que les prix des céréales ont flambé.
Néanmoins, il est question actuellement de trouver un substitut des produits importés visant à compresser les importations.
Il faut savoir qu'en Tunisie, l'équivalent du maïs est l'orge et pour doper sa production, des mesures présidentielles telles que l'augmentation du prix de l'orge, vont pousser les agriculteurs à semer l'orge en plus grande quantité. En ce qui concerne les protéines, le soja sera secondé par la féverole mais il y a aussi l'utilisation des sous-produits de l'industrie agro-alimentaire, des produits issus des oliviers, la mélasse, l'industrie du sucre et les déchets des dattes.
Pour l'avenir, il faudra continuer à développer l'élevage en Tunisie, essayer de subvenir à nos besoins vu que le lait est aujourd'hui très demandé dans le monde entier et importé au double de son prix.
Dans le même sens, il faudra réaliser une sécurité alimentaire importante tout en maîtrisant le coût de production. L'usage de techniques d'élevage modernes et un encadrement des éleveurs (par la création des groupements d'agriculteurs) et agir sur l'amélioration de la productivité avec l'appui de la recherche scientifique ».
Pour revenir sur la notion de l'autosuffisance, il faut dire qu'elle est difficile à manier, en terme général l'autosuffisance est accordée à 80% de la couverture du produit à l'échelle nationale, si elle atteint les 100%, un souci de la gestion de l'excédent se posera alors (en Tunisie, l'autosuffisance est assurée depuis l'année 1998 dans le secteur du lait).
Et si en cette période, on arrive à une chute de disponibilité de lait cela est bien entendu dû à une panoplie de facteurs, le fait est que le consommateur tunisien a changé ses habitudes et oriente plus sa consommation vers les produits laitiers. S'ajoute à cela les 6 millions de touristes qui nous rendent visite chaque année et qui ne manquent pas de prendre acte de l'augmentation de consommation du lait et ses dérivés.
Et puis, à dire vrai, nous vendons le lait et ses dérivés en Tunisie nettement moins cher qu'en Libye et en Algérie par exemple : respectivement 3d200 et 3d400.
Alors, accuser un léger déficit avec une augmentation du prix non pas qu'elle soit accrue au niveau du lait uniquement mais aussi au niveau de ses dérivés.
Et pour combler le déficit rien de tel qu'une importation conjoncturelle malgré un passé de 7 ans d'autosuffisance.
Dynamiser le secteur de l'orge par la multiplication des implantations, développer une culture foragère intensive dans les périmètres irrigués au niveau national, se tourner vers les sous-produits agricoles (surtout le maïs qui est une source d'énergie pour les biocarburants), changer les habitudes d'élevage pour une même qualité (surtout arachides, pulpes de betterave) sont toutes des solutions bien envisageables pour stopper ou du moins liliter au mieux les importations qui pénalisent le coût de production et par conséquent influencer le prix de vente du lait et ses dérivés.


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