Un groupe de militants tunisiens (Mustapha Filali, Mansour Moalla, Abdessalem Kallel, Hamed Zeghal, Tahar Boussemma, Abderrazak Ladab et Aïcha Farhat) estime que : 1- La situation dans le pays exige plus de fermeté afin de sauver l'ordre public, renforcer la confiance, préserver l'économie de la récession, protéger les entreprises et contrôler les affaires publiques. 2- Il est nécessaire à cet effet de promouvoir une atmosphère de réconciliation générale fondée sur une coopération sincère entre les forces politiques modérées et sur la conviction que les composantes de l'identité arabe, musulmane et moderniste de la nation tunisienne sont définitivement établies et ne peuvent supporter de controverses et n'appellent pas de révision. 3- Il est important d'admettre la nécessité de sortir le pays de la situation politique exceptionnelle transitoire qui perturbe la vie politique ainsi que l'activité des institutions publiques et des entreprises économiques. Il y a lieu également d'instaurer une période de stabilité et d'action permettant de traiter les graves problèmes qui commandent l'avenir du pays. 4- En vue de cette stabilité nécessaire, il faut convenir que l'échéance du 23 octobre constitue le début d'une nouvelle étape qui doit se traduire par l'institution d'une Assemblée nationale pour une période raisonnable (3 à 4 ans), assemblée qui doit être en même temps une assemblée constituante, législative et politique ayant le triple rôle d'établir la nouvelle Constitution, de légifier et de constituer un gouvernement transitoire ayant la confiance de cette assemblée et fonctionnant sous son contrôle et capable d'assumer légitimement la charge de gouverner. 5- En ce qui concerne le chef de l'Etat, il appartiendra à l'assemblée nationale de l'élire à la majorité qualifiée (aux deux tiers ou aux trois quarts de suffrages exprimés) pour un mandat qui devra s'achever avec la promulgation de la Constitution dont on appliquera alors les stipulations relatives à l'élection du président de la République. 6- Il faut en conséquence prendre les décisions nécessaires à cet effet au moyen de décrets-lois, et ce, dans les plus brefs délais afin de permettre aux citoyens et aux organisations publiques et sociales d'être informés et de bien comprendre le processus. 7- Etant donné les attributions confiées à l'Assemblée nationale élue et étant donné également l'instabilité qui pourrait résulter aussi bien du mode de scrutin de liste et de la proportionnelle, ainsi que du très grand nombre de partis politiques, il est nécessaire de constituer une «union des partis du centre» qui devrait les regrouper autour d'un programme commun et une stratégie commune pour parvenir à une majorité à l'Assemblée nationale capable d'assurer les responsabilités importantes qui l'attendent. 8- Il faut également qu'il puisse exister en même temps une opposition nationale responsable pour empêcher la majorité de dériver. Gouvernement et opposition sont aussi nécessaires pour le fonctionnement de la démocratie et doivent coexister et se comporter de manière civilisée. 9- Enfin, il importe que toutes les forces politiques se comportent avec sagesse et modération et veillent à l'instauration du calme et de la sécurité de manière à ne pas nuire à notre révolution et à lui assurer le succès.