Le cinéma fait face à une concurrente omniprésente: la télévision qui ne détourne pas seulement les spectateurs du 7e art, mais aussi les metteurs en scène et les acteurs. L'audiovisuel se trouve de nos jours en pleine transformation, mais il est encore difficile de préjuger des effets qu'aura sur l'industrie cinématographique l'évolution des techniques audiovisuelles et les NTIC (câble, satellite, vidéo, programmes cryptés, etc.) Cependant, il importe de donner aux salles de cinéma la place qui est la leur parmi les mass médias en concurrence et d'en faire ce qu'elles étaient à l'origine : des lieux de promotion du film. Promotion intense du cinéma tunisien En Tunisie, le cinéma est de bonne qualité. Il fait honneur à nos réalisateurs, surtout que plusieurs films de grande valeur artistique sont régulièrement primés à l'étranger. En outre, notre pays est devenu le plateau de tournage idéal pour beaucoup de producteurs internationaux. Néanmoins, il reste beaucoup à faire pour la décentralisation. En effet, si dans certaines villes tunisiennes, telles que Tunis, Bizerte, Nabeul, Sousse et Sfax, il existe des salles de cinéma modernes, bien équipées et offrant aux citoyens les films en vogue, il n'en est pas de même dans beaucoup de régions à l'intérieur du pays. On citerait à titre d'exemple le gouvernorat de Kairouan (plus de 600.000 habitants) où il n'existe aucune salle de cinéma à part la salle polyvalente de la maison de la culture (800 places), la salle de la maison de la culture de Haffouz (300 places) et celle d'El Hajeb (300 places). En outre, on n'y passe que des navets et des films de très mauvaise qualité (et depuis la révolution, il n'y a plus de projection cinématographique aussi modeste soit-elle). Enfin, le fameux Casino de Kairouan et qui était fréquenté par beaucoup d'intellectuels a été détruit. Alors, devant cette situation, les jeunes et les cinéphiles ne comprennent pas pourquoi ils sont privés d'apprécier, par exemple, les grands films tunisiens qui sont primés à l'étranger. Cette situation leur paraît un peu bizarre, surtout dans une ville considérée, dans les années 60 et 70, comme étant la capitale du cinéma tunisien, grâce aux efforts et à la persévérance de beaucoup d'intellectuels kairouanais, dont Mustapha Nagbou, Youssef Adhoum, Ahmed Khechine, Hamadi Bouabid, etc. C'était l'époque florissante où les activités des ciné-clubs étaient hebdomadaires. En outre, la revue Jha, spécialisée en cinéma, est née à Kairouan. Et des courts métrages et des films ont été tournés à Kairouan. Alors, pourquoi les privés ne pensent-ils pas investir dans l'industrie du spectacle cinématographique ?