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Le nouveau relief du cinéma
Analyse
Publié dans Le Temps le 30 - 04 - 2010

Difficile de ne pas se réjouir de voir des dizaines de nos compatriotes faire de longues files d'attente devant une salle de cinéma, un jour de semaine hors festivals. En choisissant de programmer en 3D, « Alice » et « Avatar », le cinéma Africart est en passe de sauver une saison dont la programmation éclectique et exigeante n'a pas toujours rencontré un public qui semble avoir définitivement tourné le dos ( ou presque) à un cinéma de qualité.
La frénésie qui semble s'être emparée du public tunisois semble beaucoup moins dictée par un soudain amour du cinéma que par la volonté de communier avec ces millions de privilégiés à New-York ou à Paris qui ont eu accès au cinéma 3D. Entre « Avatar » et « Alice au pays des merveilles », James Cameron et Tim Burton, notre choix s'est porté sur ce dernier. Burton est un cinéaste dont les fantasmagories cinématographiques et l'imaginaire débridé ont souvent accouché de films inventifs, d'une candeur et d'une fraîcheur salutaires pour qui le cinéma relève aussi du rêve éveillé. L'inoubliable « Edward aux mains d'argent » ou le film d'animation « L'étrange noël de Monsieur Jack » pour ne citer que ces deux titres de son importante filmographie, sont autant de déclinaisons de la richesse de sa palette cinématographique.
Voir un film en 3D, pour un béotien adepte de la 2D, c'est nécessairement renoncer à quelque chose de ce lien privilégié qu'il a pu tisser jusque là avec le cinéma. C'est aussi prendre le risque que la nouveauté du procédé transforme le voyage dans le monde merveilleux d'Alice en une expérience sensorielle de nature à faire écran à toute distance critique par rapport au film. Disons le d'emblée, Alice ne fait probablement pas partie des meilleurs films de Tim Burton qui s'est honnêtement acquitté de sa tâche. Linéaire schématique et convenu, il arrive par moments à nous interpeller grâce à quelques trouvailles visuelles dont l'effet est décuplé par le dispositif de projection en relief. Le spectateur est désormais captif du monde imaginaire dans lequel il se trouve plongé par la magie du relief. Il ne lui est plus demandé de réfléchir mais de réagir et de partager les émotions d'Alice dans son merveilleux voyage. On n'est plus face à l'héroïne du roman de Lewis Caroll mais avec celle et là ou désire nous voir le réalisateur. Le regard n'a plus cette latitude de pérégrination dans le plan mais est fortement canalisé vers l'avant plan ou l'arrière plan grâce à la troisième dimension de l'image. Celle-ci n'est plus le fait de la mise en scène, mais le produit de la confrontation entre une technique et un dispositif de projection.
Au-delà du cas d'Alice, l'avènement du cinéma en relief pose des questions inédites au cinéma auxquelles nous tenterons d'apporter quelques éléments de réponse dans ce qui suit.
Considérations préliminaires sur un phénomène naissant
Après deux expériences éphémères dans les années cinquante puis dans les années quatre vingt, le cinéma en trois dimensions est en passe de s'imposer définitivement. Certains observateurs vont même jusqu'à prédire qu'il est le seul devenir possible du septième art.
Steven Spielberg, Tim Burton, James Cameron, Joe Dante et Robert Zemekis ont tous opté pour le cinéma en relief dans leurs derniers films. L'engouement de ces cinéastes doit être entendu comme un signal fort quant aux garanties techniques qu'offre désormais la 3D.
Sur le plan économique, les cinquante millions de spectateurs réalisés par « Avatar » attisent les convoitises des majors américaines appâtées par les perspectives de rentabilité du cinéma en relief. Du point de vue des publics, cette révolution dont on ne mesure pas encore toutes les implications, est synonyme d'une mutation du regard porté sur le monde qui s'offre à nos yeux. Dans ce type de dispositif, le spectateur n'est plus face aux images mais dans des images. La 3D permet en effet une immersion dans le monde du film, avec cette illusion d'y être, d'y côtoyer les personnages et de traverser les paysages. Plus, la notion même d'image et son statut de représentation filmée doit être réinterrogé. A l'ère du numérique, l'image cinématographique n'est plus la trace de ce qui a été, un « analgon », mais le produit de calculs effectués par des logiciels informatiques surpuissants. Le représenté jadis limité par le monde concret, donc représentable n'a désormais plus aucune autre limite que celle des machines informatiques.
Triste destin que celui du spectateur. A rebours de l'histoire du cinéma, dont la modernité avait fait voler en éclats, l'illusion de la transparence, la 3D est peut être en voie de réaliser, l'ambition inouïe des marchands de rêves hollywoodiens : neutraliser le regard du spectateur pour y substituer l'illusion de co-présence dans le monde filmé. L'émancipation du regard au fondement des modernités cinématographiques aurait-elle fait long feu face aux conquêtes techniques du cinéma en relief ? L'avenir nous le dira.


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