Depuis la révolution du 14 janvier, nous constatons que la pollution urbaine et suburbaine se développe inexorablement. Je pense que cela est dû au fait que la plupart des autorités locales (maires et conseillers municipaux) sont la principale force politique rcdiste/bénaliste qui demeure quasi intacte. Elle participe donc à la contre-révolution avec tous les moyens dont elle dispose. Saboter l'environnement, c'est hypothéquer l'avenir de la Tunisie pour plusieurs générations, c'est aussi miner l'économie : coût exorbitant de la dépollution, maladies graves, fuite des touristes, etc. Sans parler de l'exaspération de la population, qui, par dégoût et par réaction contre cet état de pollution généralisée, ira voter pour des extrémistes, ou n'ira même pas s'inscrire sur les listes électorales. Je prends le cas de notre région : Nabeul, Dar Chaâbane, Hammamet. Dans ces villes, mises à part les artères centrales (avenues Habib-Bourguiba), le reste des quartiers est souvent délaissé. En particulier, les quartiers populaires, principaux foyers de la révolution et principales victimes (en nombre de morts et de blessés), sont dans un état d'abandon. Les rues sont jonchées d'immondices et de papiers plastiques, sans parler des odeurs nauséabondes, des moustiques, mouches et rats. Bien pire, la municipalité de Dar Chaâbane a ouvert, à proximité d'un quartier populaire réputé «réfractaire», une méga-décharge sauvage. Malgré des lettres de protestation envoyées aux autorités supposées compétentes et responsables, rien n'y fait. Pourtant, une décharge légale existe bel et bien à trois kilomètres de là. On vous invoque des prétextes fallacieux, du genre : la décharge est en grève… Mais quand la décharge contrôlée ouvre de nouveau après la grève, croyez-vous que les autorités supposées veiller sur la propreté de la ville et des citoyens déplacent les ordures illégalement déposées ? Que nenni. Que le vent se lève, et vous avez des nuées de papiers plastiques, et autres détritus qui dévalent la colline et inondent les routes, les habitations voisines, et la campagne environnante. Sans parler des odeurs pestilentielles, des mouches et autres insectes mal nuisibles. Cette décharge illégale est située sur un terrain appartenant à la direction des forêts du Crda de Nabeul, à flanc de colline, donc visible par tout le monde. Voyant cela, des «citoyens» déposent donc leurs ordures provenant d'usines ou de chantiers, voire d'abattoirs plus ou moins clandestins, sur les bords de route. Les rares touristes qui osent s'aventurer dans l'arrière-pays nabeulien ont vite fait de rebrousser chemin et d'aller se calfeutrer dans leur hôtel. Ils ne reviendront jamais, ni à Nabeul ni en Tunisie. Comme ce genre de situation semble se généraliser en Tunisie, je pense que cela est organisé collectivement par les édiles locaux, mis là par l'ancien régime, et qui sont restés fidèles à leur ancien bienfaiteur. Ils profitent aussi de l'incurie, ou de la complicité d'autres organismes censés lutter contre toute forme de pollution. En effet, mes lettres de protestation ont été envoyées simultanément, et à plusieurs reprises, photos à l'appui, à la Direction des collectivités locales du ministère de l'Intérieur, à l'Agence nationale de protection de l'environnement, et au Crda de Nabeul. Naturellement, je n'ai reçu aucune réponse. La pollution continue. Ma lutte aussi. Un citoyen tunisien