Soucieuse de mieux cibler ses actions et d'en assurer l'efficacité, la Banque Africaine de Développement œuvre désormais à évaluer les projets et les actions qu'elle conduit. La première revue annuelle sur l'efficacité des actions a été publiée en 2011 et présentée en marge des assemblées annuelles de la banque tenues à Lisbonne. «Cette évaluation se fait, précise M-Donald Kaberuka, président de la BAD dans l'avant- propos de la revue, non pas sur la base des ressources déployées ou des projets mis en œuvre mais sur la base des changements durables qui interviennent dans la vie des Africains». Il relève, en outre, que cette tâche est complexe et qu'outre la croissance économique reconnue comme composante essentielle du processus de développement, il est essentiel de considérer des facteurs telles l'éducation, l'amélioration des conditions de santé, de la sécurité et du soutien social pour évaluer le développement d'une population. Concernant la Revue annuelle sur l'efficacité du développement (RAED), M.Kaberuka précise qu'elle offre un aperçu des réalisations et des tendances en matière de développement en Afrique et décrit la contribution de la BAD à ces résultats. La revue se penche, par ailleurs, sur la manière dont la banque gère ses opérations et son organisation. Il souligne, enfin, que la RAED constitue pour les pays membres et les partenaires ainsi que les autres intervenants en Afrique et dans le monde, une source d'informations sur la performance de la banque. Ainsi, cette première revue serait le premier rapport exhaustif sur la performance de la BAD, elle présente un examen des tendances du développement sur le continent et étudie la façon dont les activités de la banque ont contribué aux résultats en matière de développement. Pour évaluer sa performance, la BAD s'est fixé certains critères. La mesure de la performance a été faite sur la base de quatre niveaux : le 1er niveau concerne la mesure de l'ensemble des progrès sur le plan du développement en Afrique dans 9 domaines ( la croissance, le développement humain, la prestation de services publics et la gouvernance…), le niveau 2 brosse un tableau global des résultats des opérations dans les 9 domaines et démontre ainsi dans quelle mesure la banque a contribué au développement de l'Afrique, le niveau 3 évalue la qualité de la gestion du portefeuille d'opérations, le niveau 4 permet, enfin, de montrer la qualité de la gestion organisationnelle en étudiant les progrès accomplis dans des domaines comme la décentralisation et la gestion des ressources humaines. La revue révèle, notamment, que durant la dernière décennie, le développement en Afrique s'est avéré particulièrement dynamique. «Dès la fin des années 1990, l'Afrique a joui d'une croissance économique sans précédent qui a atteint la barre des 6% au cours de la période 2005-2010 et à laquelle on attribue un recul rapide de la pauvreté. Cette bonne performance économique étant due en grande partie à l'émergence de la Chine et d'autres pays dont la forte demande en matières premières a été une aubaine pour le continent qui regorge de ressources naturelles», lit-t-on à ce propos. On précise, toutefois, que l'accélération de la croissance n'aurait pas uniquement résulté de l'essor de l'exploitation des ressources mais aussi des efforts déployés par les gouvernements pour restaurer la stabilité macroéconomique et créer des conditions plus propices aux affaires , fait qui a valu au continent de devenir une destination de choix pour les investisseurs étrangers. Il importe, par ailleurs, de remarquer que l'augmentation constante de la classe moyenne et de son pouvoir d'achat rend le marché africain de la consommation de plus en plus attrayant; ainsi les secteurs des biens de consommation, des télécommunications et des banques progressent à un rythme deux à trois fois plus rapide dans le pays d'Afrique que dans les pays de l'Ocde. A relever, en outre, que l'Afrique continue à accuser de grands déficits en matière d'infrastructures de base aussi bien sur le plan de la qualité que de la quantité. Pour réaliser le travail d'évaluation de la contribution de la Bad au développement de l'Afrique, l'équipe de travail de la revue a examiné les résultats de toutes les opérations mises en œuvre entre janvier 2008 et décembre 2010. Au total, ce sont 133 opérations qui ont été achevées au cours de cette période et qui ont fait l'objet de cette évaluation. L'analyse de l'ensemble des produits de la banque permet de constater qu'au cours des dernières années, la BAD a intervenu, rapidement, pour aider les pays africains à atténuer les répercussions de la crise financière. Par ailleurs, l'approbation de nouveaux projets a été accélérée à travers un recours plus accru à des instruments de décaissement rapide. Concernant le développement du secteur privé, la BAD a appuyé des réformes pour améliorer le climat des affaires dans 18 pays. En vue de stimuler l'intégration économique, la banque affecte 28% de ses ressources destinées aux pays à faibles revenus à des opération régionales visant à bâtir des réseaux d'infrastructure pour le transport, l'énergie, les ressources en eau transfrontalières ainsi que les technologies de l'information et de la communication. D'un autre côté, la banque déploie des actions multiples et ciblées dans les domaines-phares pour le développement du continent tels les secteurs de l'agriculture, du développement humain et de la gouvernance. Ainsi la BAD a-t-elle fourni une assistance technique et financière pour favoriser la gouvernance économique et améliorer la gestion des finances publiques dans 35 pays. L'évaluation des différentes actions conduites dans chacun des secteurs cités permet de constater que, dans l'ensemble, les résultats escomptés ont été atteints. En effet pour 76% des opérations, l'objectif a été réalisé ou dépassé. En outre et en vue d'optimiser l'aide apportée, la banque a adopté de nouvelles mesures d'assurance de la qualité à l'entrée pour garantir que les opérations soient bien conçues et qu'elles répondent aux besoins des bénéficiaires. La majorité des opérations de la Bad font, désormais, l'objet d'une supervision semestrielle, fait qui permet de cerner rapidement les nouveaux problèmes et d'intervenir avec célérité pour les résoudre. Le rapport annuel sur l'efficacité de développement aura permis de relever un certain nombre de constats et de cerner certains points à améliorer. Il en ressort notamment que l'imminence d'un essor économique durable en Afrique nécessiterait une préparation optimale aux occasions de croissance émergente sans, toutefois, négliger les plus démunis. Les recommandations qui en ressortent concernent, entre autres, l'intensification des efforts déployés en vue d'encourager le développement du secteur privé en préconisant des réformes du climat des affaires et des investissements stratégiques qui se traduiront par la mobilisation de nouveaux financements pour l'Afrique. Par ailleurs, la banque mettra, davantage, l'accent sur les déficits en infrastructures du continent et maintiendra ses investissements dans les infrastructures matérielles et immatérielles, socles de l'intégration régionale. (Source : Revue annuelle sur l'efficacité du développement-édition 2011)