Michele Bachmann, qui a remporté samedi une élection-test dans l'Iowa visant à départager les prétendants républicains à la présidentielle américaine de 2012, mise sur ses origines modestes et son étiquette ultra-conservatrice du "tea party" pour séduire l'Amérique profonde. Elue du Minnesota (nord) au Congrès depuis 2007, cette mère de cinq enfants de 55 ans, chrétienne pure et dure --elle a assuré avoir été inspirée par Dieu dans sa décision de présenter sa candidature à la Maison Blanche--, se veut fidèle au credo du "tea party": une administration moins présente dans la vie publique, moins d'impôts et moins de dépenses publiques. Elle souhaite faire abroger la réforme de la couverture santé du président Barack Obama. "Je crois en la vision de nos pères fondateurs d'un gouvernement limité qui fait confiance au peuple américain et préserve son potentiel", avait-elle expliqué en juin peu après avoir annoncé sa candidature à l'investiture républicaine. "Je pense que les gens voient que je suis une vraie personne, que je suis authentique", a-t-elle déclaré dimanche sur la chaîne de télévision ABC au lendemain de sa victoire dans l'élection-test menée à Ames (Iowa, nord). "Ils veulent quelqu'un qui va aller à Washington pour représenter leurs valeurs et c'est vraiment ce que nous avons vu dans cette élection-test", a-t-elle ajouté. Michele Bachmann, une ex-avocate fiscaliste, a obtenu 28,5% des 16.892 suffrages exprimés, devant le candidat anti-establishment Ron Paul (27,6%). Ce scrutin informel, sans valeur scientifique, est néanmoins considéré comme important pour déterminer les chances des candidats aux primaires de l'Iowa, premières à être tenues dans le pays début 2012. Interrogée sur CNN dimanche, Mme Bachmann a expliqué que si elle était élue à la Maison Blanche, elle remettrait en vigueur la loi controversée "Don't ask, don't tell" obligeant les militaires gays à dissimuler leur homosexualité sous peine de renvoi, qui doit être abrogée le 20 septembre. Mme Bachmann est dans le collimateur de la communauté homosexuelle à la suite d'informations selon lesquelles le centre chrétien de conseil dirigé par son mari Marcus, proposerait des programmes pour changer l'orientation sexuelle des gays. Selon le New Yorker, Mme Bachman a comparé en 2004 le fait d'être homosexuel à "un asservissement". Elle avait aussi déclaré qu'une légalisation du mariage homosexuel "forcerait les enfants à apprendre que l'homosexualité est normale et naturelle". Elle a apparemment été influencée par Francis Schaeffer, un théologien chrétien évangélique décédé en 1984 qui rejetait notamment avec force la théorie de l'évolution de Darwin et prônait le créationnisme, toujours selon un portrait publié dans le New Yorker. Le magazine américain rapporte aussi que Michele Bachmann aurait découvert la foi à la suite du traumatisme provoqué par le divorce de ses parents et l'abandon de la famille par son père. Opposée au relèvement du plafond de la dette américaine, elle avait rejeté les avertissements du Trésor américain selon lesquels un refus du Congrès de voter cette mesure aurait des conséquences graves pour l'économie. En politique étrangère, elle prône un retour à une Amérique plus dominatrice. Selon elle, les Etats-Unis doivent retrouver leur place de leader mondial et ne pas s'effacer, comme en Libye, devant la France, l'Otan ou l'ONU. Mais, à l'instar de sa rivale du "tea party" Sarah Palin qui laisse toujours planer le doute sur une éventuelle candidature à la présidentielle, Mme Bachmann est connue pour ses bourdes. En juin elle avait ainsi confondu dans une intervention publique le lieu de naissance dans l'Iowa de l'icone du cinéma américain John Wayne avec celui d'un tueur en série, John Wayne Gacy.