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L'alternative biologique
Lutte contre la prolifération des moustiques
Publié dans La Presse de Tunisie le 15 - 08 - 2011

Victime de l'ignorance humaine qui la perçoit comme un monstre et l'emblème du vampirisme, la chauve-souris a toujours été considérée comme un animal "non grata". En France, toutes les espèces sont protégées. En Orient, la chauve-souris est vénérée. Par contre, en Afrique, on la chasse pour sa chair. Or il s'est avéré qu'avec la Gambusie (un petit poisson d'eau douce) ainsi que la coccinelle, les chauves-souris (chiroptères) sont des insectivores voraces et des alliées de poids contre les moustiques et les mouches qui infestent notre quotidien, surtout en été. Voilà un moyen très efficace, biologique et non polluant pour exterminer toutes les bestioles que nous détestons tant, à commencer par les moustiques !
Cet été, la prolifération des moustiques du côté du Grand-Tunis a rendu la vie de plusieurs de nos concitoyens insupportable. En effet, les habitants des quartiers populaires à proximité de Sabkhet Sijoumi (Melassine, Sidi Hassine, etc.) et même à l'Ariana ont vécu et vivent jusqu'à l'écriture de ces lignes l'enfer au quotidien avec une lutte acharnée contre les moustiques. Makram Barroughi, un habitant de Melassine, nous raconte : "C'est infernal ce que nous vivons depuis le mois de mai. La nuit on n'arrive pas à dormir. Les piqûres des moustiques sont anormales et laissent des traces atroces. Même les insecticides n'ont pas d'effet sur ces bestioles. Ils nous est arrivé au début de l'été de dîner à 16h00 car après, il n'était plus possible de mettre les produits alimentaires sur la table sans qu'ils soient envahis par les moustiques. Même un agent de la santé publique qui nous a rendu visite au quartier, impuissant devant ce phénomène, nous a suggéré d'équiper nos lits et nos portes ainsi que nos fenêtres de moustiquaires. C'était l'unique solution. Tout cela parce que la municipalité n'a pas traité les moustiques à temps. C'est la révolution !".
Comment se protéger physiquement ?
Et si la toile moustiquaire peut équiper les portes et les fenêtres, entourer les lits, berceaux ou poussettes d'enfants et même protéger le visage dans les zones fortement infestées, elle sert aussi à empêcher les femelles de pondre dans les réserves d'eau, comme l'atteste M. Slim Zeddini, vétérinaire, qui rajoute une louche : "Il y a aussi d'autres moyens pour se protéger physiquement contre les Culicidae (nom scientifique des moustiques). Mais avant de les citer, il faut toujours rappeler que ce sont uniquement les moustiques femelles qui attaquent l'homme. Ces dernières sont attirées par une température entre 18° et 30°C, la transpiration, l'humidité ainsi que l'odeur de celle-ci, accentuée par certains aliments (bière, fromages…) ou le gaz carbonique (CO2) émis par leurs cibles. D'autre part, certains médicaments comme les stéroïdes ou les médicaments anti-cholestérol attirent aussi les moustiques ainsi que les parfums. Mais heureusement, il y a des répulsifs qu'on peut appliquer pour se protéger contre les moustiques. Il suffit d'aller chez votre pharmacien et d'acheter des crèmes antimoustiques. En fonction du type de peau, le pharmacien peut recommander un répulsif particulier. Lors de voyages, mieux vaut acheter sur place, les produits seront plus adaptés aux moustiques locaux. En outre, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande principalement ceux qui renferment du Deet, de l'IR3535 ou de l'icaridine. Sauf que les répulsifs à base d'huile de haricot de soja et d'IR3535 présentent une protection de plus courte durée contrairement aux Deet. Déconseillée demeure l'utilisation des appareils antimoustiques électroniques qui selon leurs fabricants éloignent les moustiques par émission d'ultrasons. Mais il s'est avéré qu'elles sont inefficaces, car tout bonnement, la femelle étant insensible à ces vibrations".
"Une seule chauve-souris brune peut facilement capturer 600 moustiques à l'heure"
D'habitude, quand on parle de traitement contre les moustiques, il nous vient à l'esprit directement l'utilisation des insecticides et des pesticides. Or, selon les scientifiques, ces derniers sont parfois inefficaces avec un impact négatif sur l'environnement et surtout sur le couvert végétal (les cultures maraîchères, légumes, fruits) et même sur certains individus (cancérigènes à long terme). M. Francis Dumartel, zoologue retraité résident en Tunisie, voit les choses différemment. Selon lui, les moustiques ont plusieurs ennemis : "Qui dit milieu naturel, dit systématiquement prédation. Et la nature recense plusieurs prédateurs de moustiques. En effet, les larves et les nymphes de moustiques sont dévorés par les tritons, les grenouilles, les crapauds, les salamandres (batraciens) ainsi que les oiseaux aquatiques et les insectes comme la Chaoboridae, les Notonectes, etc. Certains crustacés et plantes carnivores (en Amérique Latine) les consomment aussi, sans oublier la fameuse gambusie (poisson d'eau douce). Parallèlement, il y a aussi d'autres espèces qui se nourrissent de moustiques adultes, à l'image des araignées, l'hirondelle ou l'engoulevent et surtout les chauves-souris européennes qu'on trouve aussi en Tunisie et qui sont essentiellement insectivores. En outre, une microchiroptère insectivore (chauve-souris du Nouveau Monde), peut avaler en une nuit jusqu'à un tiers de son propre poids en insectes divers: soit pour une noctule commune, par exemple, 10 g ou 1.000 insectes par nuit. Et toutes les chauves-souris européennes sont non seulement inoffensives mais également écologiquement très utiles". De son côté, M. Zeddini renchérit : "60% des chauves-souris sont insectivores. Dans les 40% restants, la majorité est frugivore. Certaines se nourrissent de poissons. En fait, il n'existe que 3 espèces qui se nourrissent de sang. D'autre part, les espèces européennes qui ont pris l'habitude de se nicher dans nos grottes et nos cavernes sont strictement insectivores. Selon de récentes études, une seule chauve-souris brune peut facilement capturer 600 moustiques à l'heure. En une saison, une seule chauve-souris peut gober 60.000 moustiques. Parallèlement, les chauves-souris sont reconnues pour la qualité de leurs excréments comme fertilisant. En effet, les excréments sont un fertilisant exceptionnel qui se vend d'ailleurs très cher". Parallèlement, selon M. Tarek Hadroug, un naturaliste du côté du Cap Bon : "Aménager des habitats pour les chauves-souris tout près des plans d'eau comme Sebkhet Sijoumi ou Sebkhet Korba sera une solution pour lutter contre la prolifération des moustiques, surtout en été. Il suffit de réaliser une étude géotechnique et géologique en s'inspirant des grottes et des cavernes d'El Haouaria tout en préservant les mêmes caractéristiques (humidité et température aux alentours de 30°C) pour que les chauves-souris puissent y trouver refuge. Avec la chute des températures extérieures, les insectes disparaissent. Les chauves-souris insectivores doivent survivre pendant de longs mois sans nourriture en saison hivernale : c'est la raison de leur hibernation. Elles choisiront pour cela des zones propices au repos, donc calmes et à la température relativement stable. Ces zones sont variables selon les espèces : pour ce qui nous concerne, il faut noter que de nombreuses grottes peuvent abriter des colonies ou des individus isolés en hibernation de novembre à mars. D'autre part, songer à aménager des niches en bois ou à creuser des habitats creux en dessous des ponts ou dans les toits des maisons peut être utile pour abriter des chauves-souris et par conséquent lutter biologiquement contre les moustiques. Alors n'hésitez pas à construire une maison à chauves-souris dans votre jardin et attendre que des chauves-souris s'y installent. Et n'oubliez pas que les chauves-souris qui vivent dans nos contrées sont inoffensives".
La gambusie : une prédatrice de première classe
D'autre part, toujours selon M. Dumartel, "pour lutter contre la prolifération des moustiques vecteurs du paludisme, dans plusieurs pays, la gambusie, de son petit nom Gambusia affinis (un petit poisson d'eau douce originaire des Etats-Unis qui aime vivre en banc). En France, elle a été introduite avec succès dans plusieurs régions françaises dont les marais camarguais et certains cours d'eau du Sud-Ouest afin de lutter contre la prolifération des moustiques". Il ajoute : "Originaire des zones chaudes des Etats-Unis, la gambusie possède des facultés d'adaptation incroyables. Ses eaux de prédilection sont douces mais il n'est pas rare de la rencontrer en eaux saumâtres ou dans des eaux saturées et très faiblement dosées en oxygène. On peut la qualifier de robuste et batailleuse : il faut souvent l'isoler lorsqu'elle vit en aquarium car elle a tendance à s'attaquer aux nageoires des autres poissons, elle peut même manger ses propres petits. Enfin, les gambusies se nourrissent de larves de moustiques, de vers de vase, de puces d'eau ou même de têtards."
Enfin, il reste à signaler que l'Association de l'environnement de Menzel Temime (Aemt) a débuté le 8 août une action environnementale intitulée "Le mois de la lutte biologique" et qui se poursuit jusqu'au 30/08/2011. Selon M. H'mida Boulabiar, président de l'association : "Cette manifestation est divisée en trois actions pilotées par trois groupes. Ces trois actions tournent autour de trois animaux de lutte biologique : la gambusie qui sera extraite du barrage de Lebna, les chauves-souris et la coccinelle. Ainsi du 8 jusqu'au 20 août, le premier groupe va essayer de sensibiliser les gens sur l'importance de la gambusie et va encourager son élevage dans des aquariums. Cette action sera reconduite après 3 mois. Ensuite, du 15 au 25 août, le deuxième groupe effectuera une visite aux grottes et aux chambres funéraires du marabout Sidi Salem du côté du Cap Bon, où ils vont essayer d'aménager un habitat pour les chauves-souris dans ces grottes (cette action sera reconduite après 8 mois). Enfin, du 21 jusqu'au 30 août, le troisième groupe va mettre en exergue l'importance de la coccinelle qui est une prédatrice qui se nourrit de petits insectes (les pucerons) et qui peut manger 500 par jour (50 sortes différentes). Quant aux larves de la coccinelle, fuselées, de couleur bleu métallique-grisâtre, elles ont un appétit extraordinaire et peuvent dévorer jusqu'à 9.000 pucerons pendant les 3 semaines de son développement. Notre groupe va distribuer des coccinelles aux agriculteurs de la région et les assister dans leur lutte biologique".


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