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Judas, ou la double trahison
Figures et concepts
Publié dans La Presse de Tunisie le 19 - 08 - 2011

Faut-il le souligner : les évangiles ne représentent pas un texte révélé! Il y a bien révélation dans la religion chrétienne, mais elle n'est pas contenue dans les textes qui, comme chacun sait peut-être, ont été rédigés par des hommes —les «évangélistes»— qui apportent chacun son témoignage : témoignage inspiré, chargé de la vérité révélée, mais témoignage humain!
Le personnage de Judas, qui incarne la trahison dans toutes les cultures qui ont baigné dans le christianisme, figure dans un des quatre évangiles reconnus par l'Eglise, ou «canoniques» : l'évangile de saint Matthieu. Mais on le trouve dans un autre texte, qui n'est pas appelé évangile mais qui a cependant une grande importance dans l'ensemble des textes formant le Nouveau Testament : les Actes des Apôtres. Or, le récit relatif à Judas diffère d'un texte à l'autre. Il ne s'agit pas ici de crier à la contradiction, selon une tradition apologétique quelque peu superficielle qui veut voir dans ce genre d'écarts la preuve d'une autre trahison, celle des textes sacrés. Les différences, en réalité, peuvent aussi avoir parfois un sens positif : elles annoncent que nous sommes en présence d'une allégorie… Où le sens recherché détermine librement la nature du récit, ou du moins ses détails, à l'opposé de toute démarche historienne qui vise à restituer l'exactitude de faits. La différence entre les deux textes porte sur la mort de Judas qui, dans un cas, se pend dans la solitude de son désespoir et, dans l'autre, tombe dans le champ qu'il vient d'acquérir pour le prix de sa trahison, se rompt par le milieu du corps et laisse ses entrailles se répandre au dehors…
Mais qui est Judas, ce personnage dont le nom fait résonner en lui celui du peuple dont est issu le Messie? Il est l'un des douze apôtres. Porteur à ce titre de la parole divine révélée à Jésus, il est appelé à la répandre dans le monde, de la même manière que les douze tribus issues de Jacob, ou Yaacoub, avaient à porter l'Alliance abrahamique à la face du monde, afin de la faire connaître au monde. Cette parole divine, dans le langage chrétien, n'est pas tant affaire d'énonciation que d'incarnation : elle advient et résonne quand les corps ne font plus qu'un. D'où l'importance de l'image du repas pris ensemble dans les évangiles : ce partage de nourriture est toujours acte d'unité sacrée, ou pacte d'unité sacrée, selon une tradition ancienne que l'on retrouve d'ailleurs chez différents peuples.
Judas a partagé la parole divine comme on partage un repas : elle est désormais dans son corps, dans ses… entrailles ! Et cependant, il va trahir : il va livrer à la mort celui dont il a reçu cette parole vivifiante qui unit les corps et les entrailles en un seul, disons, « baiser sacré ». Et c'est justement par un autre baiser —le «baiser de Judas»— qu'il désigne Jésus à ses bourreaux‑: «Celui à qui je donnerai un baiser, c'est lui ; arrêtez-le.»
Pourquoi fait-il cela? L'évangéliste nous indique qu'il était parmi les apôtres celui qui était chargé du trésor : il est celui qui reçoit le don sur un mode qui n'est pas le partage mais la thésaurisation. Avec le risque que cette thésaurisation, qui peut être temporaire, en attendant des dépenses qui surviennent au profit de la communauté, se transforme en une volonté de garder pour soi.
Il est difficile bien sûr de ne pas faire le rapprochement avec le peuple juif qui, gardien de l'Alliance, est tenté de se la réserver et d'en exclure les autres peuples. Notons à ce propos que c'est pour les mêmes raisons que les Juifs sont pris à partie avec véhémence dans des sourates du Coran comme la sourate d'el baqara (La Génisse) : non pas parce qu'ils sont Juifs, ni pour leur dénier le privilège de la priorité, mais parce qu'ils veulent garder pour eux ce qui est voué au partage. Et, à vrai dire, ce qui est visé, c'est bien plus une attitude qu'un peuple. Plus encore : si cette attitude de thésaurisation du message et de la promesse se retrouve finalement présente aussi en islam à travers une codification outrancière de la vie, on est paradoxalement dans cette situation de confiscation implicite du message où des fidèles s'exposent à la colère d'une religion qu'ils prétendent défendre avec colère. Eux aussi, comme Judas, sont alors dans la trahison: ils ne lisent pas la parole divine selon la vérité de ce qu'elle dit ! Ils sont dans le «tahrif» malgré l'inaltération du texte comme énoncé! Ils ont goûté à la vérité, en ont été pénétrés, mais veulent la faire fructifier pour leur propre compte ou pour leur «tribu» en vertu d'une préférence de soi. Or, faire cela c'est trahir cette vérité et s'exclure de la fête de la vie : le désespoir est leur horizon et leurs entrailles sont à l'air libre, vidées de toute vérité!


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