• Enquête en cours sur les victimes en prison • 42 détenus ont péri dans les prisons • 2.019 dossiers examinés La Commission nationale d'établissement des faits sur les dépassements et abus commis au cours des événements de la révolution continue son inlassable travail pour enquêter sur les abus qui se sont produits au cours de cette période, identifier le nombre des morts et des blessés et déterminer les responsabilités. Ce travail d'investigation a nécessité plusieurs déplacements dans les différentes régions du pays pour recueillir les témoignages des familles des victimes et de toutes les personnes susceptibles d'apporter de nouveaux éléments d'information de nature à contribuer à l'établissement de la vérité. La Commission a, aussi, interrogé des responsables et des agents de sécurité dont certains sont en état d'arrestation. Comme elle a reçu en son siège à Tunis plusieurs centaines de personnes venues exprimer leurs doléances, lui remettre des documents et des preuves sur les abus dont ils étaient victimes avec parfois des listes nominatives des responsables présumés de ces abus. On apprend de source fiable que la Commission a, jusque-là, examiné 2.019 dossiers. On apprend, également, que le bilan définitif des victimes des événements survenus au cours de la révolution fait état de 243 martyrs et 1.300 blessés. Actuellement, la Commission se penche sur l'examen du dossier des victimes des prisons lors des premiers jours ayant suivi le 14 janvier. Dossier à la fois épineux et délicat puisqu'il s'agit d'établir la vérité sur ce qui s'est passé dans les prisons tunisiennes durant ces journées et de déterminer les responsabilités. L'on se rappelle que certaines prisons, comme celle de Monastir, ont connu des incendies qui ont causé plusieurs victimes, d'autres comme celle de Mornaguia ont été "sciemment" ouvertes devant les prisonniers qui on profité pour fuir en masse. Faut-il rappeler que plusieurs milliers de détenus, dont de dangereux criminels, se sont évadés avec des complicités pas encore élucidées. Dans leur tentative d'évasion, certains fuyards ont été pris au piège, se faisant rattraper dans leur course effrénée par des balles réelles. Au total, 70 prisonniers sont tombés victimes dont 42 ont péri au cours de ces événements survenus à Monastir et La Mornaguia. Car, plusieurs autres évasions ou tentatives d'évasion ont eu lieu jusqu'à une date récente dans plusieurs prisons parfois concomitamment. Des évasions répétées qui n'ont pas jusqu'à ce jour trouvé d'explications. La Commission qui continue à sillonner le pays en ce mois de Ramadan pour approfondir ses investigations et rassembler le maximum d'éléments d'information pouvant servir de preuves concernant les abus compte établir le rapport de cette enquête sur les victimes des prisons au cours de la première semaine de septembre. Reste que prouver les bavures, les abus et les dépassements n'est pas une sinécure et y arriver est plus compliqué encore. Il faudrait la coopération de toutes les parties concernées, ce qui n'est pas toujours le cas. D'autant plus que certains témoignages recueillis se sont avérés faux alors que les preuves présentées par les familles des victimes ne sont pas toutes irréfragables et que les listes des noms des présumés bourreaux ne sont pas exemptes de reproches. Sans chercher à se substituer à la justice, cette commission est en train d'accomplir un travail préliminaire en utilisant "les mêmes procédures que celles de la police judiciaire et du juge d'instruction, mais sans la possibilité de lancer des mandats d'amener ou d'émettre de mandats de dépôt". Les dossiers instruits sont transmis à la justice seule habilitée à décider de la suite qui leur sera donnée. Les familles des victimes sont invitées à déposer des plaintes auprès de la justice. Le décret-loi n° 8 en date du 18 février qui l'a instituée ne précise pas de délai pour la fin de ses travaux. Mais dans un précédent entretien accordé à notre journal, son président, maître Taoufik Bouderbala, avait indiqué que "la Commission présentera son rapport final en janvier 2012". D'ici là, elle va continuer son travail d'investigation sans concession ni complaisance, mais avec rigueur et détermination. Pour que cela ne se reproduise plus.