La troupe Soleil méditerranéen de Zied Fatnassi a donné un récital vendredi dernier, au club Tahar-Hadded, en présence d'un public jeune et nombreux, venu à la découverte de ce groupe constitué lui aussi de jeunes artistes, au nombre de six entre chanteurs et musiciens. Créé en 1999, cet ensemble cherche à se trouver un style musical propre, à travers un métissage entre deux registres différents, à savoir le jazz et l'oriental classique. Aussi, Massafat (parcours), l'intitulé du show proposé, a-t-il consisté en une variété de chansons et de compositions "enrobées" dans un bel brassage artistique, où le luth et le piano, par exemple, se sont côtoyés, sans anicroche ni divergence. Le bal a été ouvert par une chanson, tahia li chouhada Tounis (hommage aux martyrs de la Tunisie), composition et paroles de Zied Fatnassi, interprétée par la talentueuse Inès Chkimi qui, soutenue particulièrement par le son de la flûte, a plongé l'assistance dans une ambiance faite de compassion, de nostalgie...et d'amour du pays, merveilleusement rendue par sa voix grave et expressive. Et c'est à juste titre qu'Ines a dédié ce morceau au peuple tunisien et à tous les martyrs de la révolution. Ensuite, ce fut le tour de la troupe, avec Wissem El Euch au piano, Chawki Kefaya à la contrebasse, Mohamed Ali Kiblaoui au saxophone, Hamdi Slimane (percussions) et Zied Fatnassi au luth de nous présenter, pendant une heure, six pièces instrumentales, parfois légères, parfois consistantes, mais toujours dans un foisonnement de tonalités féériques, presque magiques. Tel fut le cas de ayam (des jours), kadar (destin), ou de tifl sghir (petit enfant) qui ont émerveillé le public présent. Le chanteur Yasser Jradi, l'invité d'honneur de la soirée, a interprété deux chansons puisées dans son répertoire personnel, en plus d'une troisième en langue espagnole où, soutenu par sa guitare électrique et les applaudissements de l'auditoire, , il nous a rendu l'air joyeux de la célèbre Clandestins du groupe Manotcho, écrite et composée pendant l'ère de «Franco». Toujours avec sa guitare électrique en parfaite symbiose avec les instruments de percussions, le rythme devient de plus en plus fort et saccadé. Le public s'est retrouvé chantant avec Jradi le titre phare de la soirée, à savoir la fameuse et célèbre dima dima, un morceau repris dans plus de cinquante langues. Le chanteur a clos sa prestation par sa toute dernière chanson engagée, ounadikom (je vous appelle), écrite pendant la révolution du 14 janvier, et s'adressant à toute l'humanité afin qu'elle se débarrasse de toute forme de dogmatisme et de pensée unique. La dernière partie de la soirée a été consacrée à un deuxième passage de Ines Chkimi, qui nous a offert quelques airs du répertoire classique oriental et tunisien. Elle s'est surtout distinguée par une merveilleuse reprise de la chanson libanaise ana batnaffass horria (je respire liberté), où elle était accompagnée par tous les instruments, surtout le piano qui, dominant, a apporté une tonalité qui allait très bien avec la voix grave et forte de Chkimi. Sous un tonnerre d'applaudissements, la chanteuse a également visité le répertoire de Omayma Khalil, à travers takabbar, avant de clore le spectacle par un cocktail des meilleures chansons de Hédi Jouini, nous régalant avec taht el yasmina fil lil, lamouni illi gharou minni, Samra ya samra... Un spectacle haut en couleur et en mouvemenst qui a satisfait un public assoiffé de musique métissée et à texte d'un côté, rythmée et variée, de l'autre.