A partir d'aujourd'hui, 20 mai, le festival "Musiciens de Tunisie" fera son ouverture à «Ennejma Ezzahra». Cet événement organisé par le Centre des musiques arabes et méditerranéennes sera une occasion, à travers des concerts internationaux (Tunisiens d'ici et évoluant à l'étranger), de mettre à l'honneur les nouveaux travaux des musiciens créateurs de notre pays. Le festival, qui se prolongera jusqu'au samedi 29 mai avec divers récitals internationaux, fera son coup d'envoi jeudi à 20h00, avec Kif Eddenya, un spectacle musical de Mohamed-Ali Kammoun. Nous avions déjà fait la découverte de ce jeune pianiste tunisien lors de «Jazz'na», un spectacle musical arrangé et composé par le même musicien, accompagné de The Tunis-Amsterdam Big-Band. Rappelons-nous. C'était le 6 février dernier, de surprenantes tendances de jazz métissé nous avaient pris par la main pour une délicate promenade musicale… Pour la soirée d'inauguration de "Musiciens de Tunisie", nous pourrons écouter Kammoun, le pianiste, compositeur et interprète, «chaperonné» par ses fidèles acolytes Hichem Badrani (nây), Hédi Fahem (guitare), Nafae Allem (batterie), Arnaud Meunier (trompette), Enrico Luconi (saxophone), Hamza Zeramdini (basse) et Nasreddine Chebli. En «special guests», l'orchestre sera conduit par Alia Sellami (vocal) et Malek Ellouz (oûd). Ces derniers semblent avoir trouvé un terrain prometteur autour de néo-pistes d'esthétiques musicales iconoclastes, où une spécificité originale se dégage d'un duo piano/nây, Mohamed-Ali Kammoun/Hichem Badrani. Leur dernier opus «Kif Eddenya» (Comme la vie) » est justement le titre d'une œuvre écrite pour nây et piano dans «Jazz'na». Ouvrage salué par de nombreux spécialistes et musicologues de différentes disciplines. nous pouvons dire qu'il a dès lors posé une empreinte marquée sur la scène contemporaine tunisienne. Pour «Ennejma Ezzahra», le programme du récent «Kif eddenya» se constituera d'arrangements musicaux inédits, toujours écrits par Mohamed-Ali Kammoun, dont certaines pièces seront présentées en avant-première, à l'occasion de l'ouverture du festival. Le pianiste a pour désir manifeste de mettre en place un répertoire intrinsèque et a des ambitions de reclassification des esthétiques musicales dominantes, tout en gardant une écriture fusionnelle et innovante. Contraste de sonorités piano et nây, avec un ensemble de vents typique du «jazz» où la trompette et le saxophone s'en donneront à cœur joie, le style pianistique de Mohamed-Ali Kammoun et symphonique de l'ensemble de la troupe sera certainement porteur d'éléments de pluralité métissée. Tels ces phrasés enclavant de plus en plus d'éléments du style «be-bop» et d'ornements mélodiques ottomans, démarches d'harmonisation modales assez atypiques. Processus de forme transmusicale prédominé par deux pôles culturels, l'Orient et l'Occident, il s'inspire non seulement du jazz, mais également de musiques occidentales actuelles, comme le latino et le rock, ainsi que de langages modaux traditionnels venant du Maghreb, de Turquie et d'Inde. Ainsi, «Kif eddenya», qui sera le «son» inaugural pour cette nouvelle session de "Musiciens de Tunisie" à Ennejma Ezzahra, pour la soirée du jeudi 20 mai, permettra aux festivaliers mélomanes de débuter leur parcours auditif sous de bons augures. Nous y reviendrons.