La fête de l'Aïd, qui clôture un mois marqué par la privation, est toujours attendue avec impatience par les culottes courtes qui y voient une occasion d'exhiber leurs nouveaux atours devant les amis, les proches et les membres de la famille. C'est une aubaine également pour les commerces de vêtements d'enfants qui préparent des collections spéciales en vue de cet événement afin de réaliser quelques gains substantiels. Cette année, la facture sera lourde pour les parents qui doivent faire face à la fois aux dépenses liées au mois de Ramadan et à celles de l'Aïd et de la rentrée scolaire. Pourtant, l'affluence était au rendez-vous dès le début du mois saint, malgré la cherté des prix. Le long de l'avenue Jamel- Abdenasser, en plein centre de Tunis, les boutiques pour enfants ne désemplissent pas. Tous les jours, après la rupture du jeûne, l'avenue, vide quelques minutes avant l'appel à la prière, se remplit pour ressembler à une ruche d'abeilles juste après. Accompagnés des enfants, les parents scrutent les vêtements exposés dans les devantures, tâtent le tissu pour en apprécier la qualité et pèsent le rapport qualité-prix. Cette année, les matières utilisées pour les vêtements d'enfants sont le molleton pour les zéro à six mois, le coton pur ou mélangé à de la matière synthétique, le crépon, le lin et le jersey. Les vêtements exposés sont soit de production locale, soit importés de pays comme la Turquie, la Syrie, l'Arabie Saoudite... Les commerçants de la capitale s'approvisionnent chez les grossistes de vêtements qui ont pignon sur rue dans le quartier de la Hafsia et qui , chaque année, passent commande auprès de grands grossistes turcs, saoudiens, syriens... de milliers de vêtements pour enfants âgés de zéro à quatorze ans. Ils s'approvisionnent également auprès de petits ateliers de stylistes locaux spécialisés dans la confection de vêtements pour enfants. Cette année, la mode est aux jolies robes imprimées pour les petites filles et aux pantacourts, débardeurs et chemises couleur pastel pour les garçons, confectionnés avec du coton mélangé à du polyester, une matière inflammable. Alors que les prix pratiqués par les grossistes ne dépassent pas les soixante dinars toutes tranches d'âge confondues, ils varient du simple au double dans les boutiques. Un débardeur et une jupe destinés aux deux, quatre et six ans s'élèvent à soixante-dix- huit dinars neuf cents millimes. Le prix d'une robe en satin pour les trois à sept ans coûte quatre-vingt- quatorze dinars. Une robe en viscose destinée aux enfants âgés entre zéro et six mois s'élève à... soixante-six dinars ! Un ensemble pantacourt, débardeur et chemise : quatre-vingts dinars. «Les temps ont été durs après la révolution, relève un grossiste installé dans un coin de la rue El Bellar. Ils veulent profiter de cette occasion pour compenser». Les commerçants ont recours à certaines astuces pour écouler leurs produits à des prix intéressants. Cette année, au lieu de vendre séparement les vêtements, ils vendent pour les garçons des ensembles composés d'une chemise, d'un débardeur et d'un pantacourt et, pour les petites filles, d'une jupe et d'une chemise. Les parents sont tentés et achètent des ensembles complets. Dans un grand centre commercial de la capitale, une boutique spécialisée dans la vente de vêtements pour enfants expose des robes, des pulls, des pantalons, des jupes et des chemises pur coton. Les prix sont élevés et avoisinent les cent dinars. Cette hausse, la gérante l'impute au coût élevé de la matière première servant à confectionner ces habits importés de l'étranger. «Nos prix ne diffèrent pas de ceux pratiqués dans les autres commerces, mais contrairement à ce que vous trouvez dans les autres boutiques, nos vêtements sont en coton à 100%. Nous les importons et nous avons une styliste qui nous confectionne la nouvelle collection pour enfants. C'est sur ce vêtement confectionné en coton que nous rajoutons des accessoires conçus dans d'autres matières, du satin à titre d'exemple. Par contre, la plupart des vêtements que vous voyez dans les autres boutiques sont confectionnés avec du coton mélangé à de la matière synthétique et, pourtant, ils coûtent cher». Et c'est les parents qui payent.