Les Tunisiens ont sans doute commencé les achats relatifs à l'Aïd et à la nouvelle rentrée scolaire. Certains parents n'ont pas attendu les derniers jours de Ramadan pour se préparer à ces deux échéances successives. Les soldes d'été commencés depuis plus d'un mois ont encouragé les familles à s'y prendre assez tôt sachant que les collections exposées risquent de s'épuiser sans qu'on ait acquis à temps les meilleurs articles. Pour ceux qui ont laissé les choses traîner, ils n'ont qu'à se contenter de la marchandise restante. Côté fournitures scolaires, le problème ne se pose pas puisque le marché déborde de marchandises de toutes sortes et de tous prix. Pour acquérir ce qu'il en est indispensable en cette période, les pères et mères de familles hésitent toujours quant à se faire ou non accompagner de leurs enfants pendant de telles sorties. Les uns y trouvent des avantages incontestables, Les autres n'y voient que des inconvénients. Tels Si Mokhtar qui craint qu'en prenant avec lui les enfants, il ne subisse leurs caprices toujours difficiles à satisfaire tant ils sont nombreux et par moments contradictoires. Son épouse Aicha éprouve la même appréhension mais seulement quand il s'agit d'enfants ou d'adolescents gâtés : " Je pense par ailleurs qu'il faut habituer ses enfants à la gestion de l'argent, au marchandage, au choix de la meilleure qualité. Ils doivent de visu mesurer les aptitudes multiples des commerçants à l'arnaque et à la tricherie. Au fil du temps, ils apprendront à réaliser de bonnes affaires en effectuant n'importe quels achats. Cela peut se répercuter sur tous leurs autres comportements " économiques ". C'est en effet une bonne démarche pour former des gestionnaires habiles et rusés. " Astuces et appréhensions M.Khaled était en famille lorsque nous l'avons abordé à la rue Boumendil : " Comme vous pouvez le constater, je préfère que mes enfants choisissent eux-mêmes leurs articles. Mais l'astuce consiste à ne pas les laisser décider de l'endroit où s'approvisionner. Parce que, là, c'est bonjour les dégâts ! ". Mme Ferjani était accompagnée de deux fillettes et leur payait deux nouveaux tabliers à dix dinars chacun. " Elles en sont contentes et c'est tant mieux, autrement j'aurai payé au moins le double dans une boutique ou une grande surface. Je ferai de même pour leurs chaussures, je les achèterai au prix le plus bas et mes deux trésors comprendront ma précaution. Elles savent que leur père et moi avons d'autres charges encore plus lourdes à honorer. Mais je crains que, dans peu de temps, nous n'ayons plus cette chance d'imposer nos choix aux enfants. Ces derniers ont tendance à faire de plus en plus plier les parents à leur diktat en matière d'achats de toutes sortes. En cédant aux désirs souvent onéreux de leur progéniture, certains parents se condamnent au gaspillage sinon à l'endettement ! " Ménager les grands et les petits " Il ne faut pas non plus, objecte Samir (collégien), frustrer les jeunes en les privant des articles qu'ils convoitent. Ils craignent, en effet, de paraître ridicules aux yeux de leurs amis et des camarades qui ont acquis de bien meilleures marchandises. Personnellement, je préfère que mes parents me paient les vêtements de mon choix et tant pis pour la valeur des fournitures scolaires qu'ils m'achèteront. Néanmoins, s'il en aavait les moyens, mon père me ferait vraiment plaisir s'il m'offrait des cahiers de luxe et un sac à dos signé ! ". Le mieux conclut Amir, son malicieux compagnon, serait de ménager la chèvre et le chou : " Moi, par exemple, je me contenterais bien d'un seul article de très bonne qualité ou bien de deux. Il me faut effectivement frimer avec quelque chose devant mes camarades. Si je laisse mes parents tout choisir à leur goût, je risque de passer pour un plouc au collège ou dans le quartier. Nos parents doivent tenir compte de ces petits détails, de notre côté, nous sommes prêts à comprendre leurs contraintes financières ! ".