Parmi les fantaisies alimentaires ramadanesques, on citerait volontiers l'abondance des variétés locales de pain croustillant et parfumé et pour lequel les Kairouanais conservent de grandes traditions dans la fabrication. En effet, il existe jusqu'à nos jours certaines familles qui préparent durant le mois saint leur propre pain (tabouna, galette, sini'ya ou pain au blé dur). Mais la plupart des gens s'approvisionnent auprès des boulangers artisans qui font preuve chaque année de beaucoup d'imagination. Ainsi, on a l'embarras du choix devant le chaouey, le pain bzezel à la croûte très tendre, le pain saupoudré de nigelle, le pain à base d'orge, le petit pain parfumé de safran, le pain de romarin ou mélangé à des miettes d'olives ou d'oignons, le pain aux céréales, le pain de mie, le pain au son, le pain brioché ou le pain noir. Il va sans dire que les prix des pains spéciaux sont élevés, même si la bonne qualité fait parfois défaut. En effet, certains boulangers ne sont pas assez regardants sur la qualité du pain complet, par exemple, puisqu'ils n'hésitent pas à ajouter du son à une farine ordinaire et à vendre ce pain comme étant complet. De toute façon, les avertis n'achètent leur pain préféré que dans les boulangeries notoires dont les artisans respectent les normes de fabrication du pain, de la préparation de la pâte, de la cuisson et des conditions de vente. En outre, ils détiennent toutes les astuces d'un bon pain, ce qui contribue à sécuriser le consommateur et à assurer la pérennité d'un noble métier.