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«Le cinéma est humanisme ou ne l'est pas»
L'entretien du lundi : Khaled Barsaoui, cinéaste
Publié dans La Presse de Tunisie le 29 - 08 - 2011

Son nom s'est associé à toute initiative citoyenne dans le milieu cinématographique. Eternel jeune cinéaste, dès ses premiers pas dans le cinéma amateur, Khaled Barsaoui a démontré une passion pour le documentaire. Car, il conçoit le cinéma comme un acte subversif qui se doit d'ébranler le monde de sa force et de sa beauté.
Rencontre avec le cinéaste qui a toujours su garder «un certain regard»…
Pour vous, le cinéma est une vraie passion, racontez-nous comment elle est née ?
Cela remonte à l'enfance, quand tout petit, j'allais avec mes parents au cinéma, à Souk El Arba (Jendouba, actuellement). Il y avait, à l'époque, deux salles pour une ville qui comptait à peine vingt mille habitants. Vous vous rendez compte‑!?
Puis, un peu plus tard et d'une façon plus consciente, grâce au ciné-club quand j'étais interne au lycée, à quelque 300 km de ma ville. Je ne pouvais donc rentrer chez moi que pendant les vacances et je n'étais même pas autorisé à sortir les dimanches et jours fériés. Alors imaginez ce que pouvait représenter pour moi la séance hebdomadaire du ciné-club. Et lorsque il vous arrive de regarder des films comme Kes ou Miracle en Alabama alors que vous avez à peine 11 ou 12 ans, il se passe forcément quelque chose en vous.
Du coup, vous vous rendez compte que la souffrance, la peur ou la solitude, sont probablement les choses les mieux partagées. Et cela vous soulage d'autant plus que vous aurez retrouvé en l'autre, l'espace d'une projection, sinon l'expression, du moins l'image de votre propre douleur et de votre propre solitude. Dès lors, vous êtes pris au piège du cinéma qui sera désormais à la fois votre délivrance et votre échappatoire.
Cette passion s'est renforcée avec votre départ pour Alger…
Oui, avec sa mythique cinémathèque et ses cinq projections quotidiennes. C'est vrai qu'à l'époque, à part la fac et la cinémathèque, il ne se passait pas grand-chose dans cette ville. Alors quand vous avez l'opportunité de regarder l'intégrale de R.W. Fassbinder, de W. Herzog ou de Fritz Lang, on peut être certain que vous n'en sortirez pas indemne.
Ensuite il ya eu Kélibia…
Oui, un lieu : Kélibia. Un temps : l' été 1981.
Le festival du film amateur battait son plein. Venu d'Alger couvrir le festival pour une revue de cinéma algérienne…, je découvre des petits films d'une force et d'une pureté exceptionnelles, libres, audacieux, car affranchis des contraintes économiques et financières de la production cinématographique conventionnelle. Le format super 8, grâce à la légèreté de son support et à la modicité de ses coûts, venait de révolutionner l'acte de filmer… Le cinéaste, parvenu ainsi à s'approprier les moyens de production, est désormais devenu maître de sa destinée.
Moi qui m'étais consacré jusque-là à des études de sociologie, qui vivotais de chroniques qui paraissaient dans les journaux et revues de la place et qui n'avais jamais pensé un jour réaliser des films, j'étais loin d'imaginer que mon sort venait d'être définitivement scellé.
Deux mois plus tard, je me suis acheté une petite caméra super 8…
Quand vous regardez votre premier film à la Ftca, qu'est-ce que vous vous dites ?
C'est vrai que Le voleur de jasmin a une place particulière dans mon cœur. Un film de jeunesse, fait de bric et de broc avec une poignée d'amis… On était au club de Tunis des cinéastes amateurs. Cette année-là, on avait réalisé huit petits films à nous seuls. C'était une période de grande effervescence et même si l'on n'en avait pas pleinement conscience, on était partie prenante d'un cinéma alternatif qui était à ses premiers balbutiements… Un cinéma qui puisait sa force et sa légitimité dans sa lutte contre toute forme de contrainte, qu'elle soit économique, financière, morale ou politique.
Pour vous, le cinéma a toujours été associé à une vision militante de l'exercice de l'art. Expliquez-nous cette vision ?
Pas tout le cinéma justement. Là on devrait parler d'un certain cinéma, celui que nous aimons, que nous défendons et pour lequel nous militons.
Car, malheureusement, la majorité des films produits à travers le monde n'ont fait que légitimer l'ordre établi des classes dominantes et l'hégémonie des puissances militaro-financières. Dès lors, le bon cinéma c'est celui qui s'inscrit en porte-à-faux par rapport aux films qui, de façon souvent pernicieuse, se font le chantre du grand capital, de la violence, des guerres, de la colonisation, des inégalités, … et qui s'insurge contre la légitimation de toute forme de domination. C'est en cela que des films tels que Le cuirassé Potemkine, Les temps modernes, le dictateur, Les raisins de la colère, Apocalypse now, Les portes du paradis, La terre ou Les dupes, par exemple, devraient s'inscrire aujourd'hui dans le patrimoine de l'humanité non seulement pour l'humanité des valeurs qu'ils charrient et leur contribution à l'existence d'un monde plus juste, mais encore pour les moments de grande émotion qu'ils nous ont fait partager.
Vous restez toujours proche du milieu associatif. Quelle est votre conception du cinéma?
Le cinéma est humanisme ou ne l'est pas. Cela veut dire qu'il ne peut être que du côté des opprimés, des faibles, des laissés pour compte. Cela ne veut pas dire non plus que c'est un cinéma de propagande, mais un cinéma qui se place du côté de l'individu, dans ce qu'il a de grandiose mais aussi de petit, de mesquin... un cinéma témoin de son temps, de son époque et qui porte un regard, non condescendant, virulent s'il le faut, mais tendre et généreux, sur sa société.
Un cinéma miroir des troubles de la société et de l'individu pour une possible réconciliation de l'être avec son image.
La création de l'association des réalisateurs qui vient de voir le jour n'est pas née d'hier, racontez-nous les circonstances de sa création ?
Cela remonte à 2005. Nous étions un groupe de réalisateurs, plus ou moins jeunes, âgés entre 30 et 50 ans, ayant fait au meilleur des cas un premier long métrage, sinon un ou deux courts métrages, au plus. Jilani Saâdi, Mounir Msallem, Ibrahim Letaïef, Mohamed Zran, Nawfel Saheb Ettabaa, Elyes Baccar, Fares Nanaa, Mourad Ben Cheikh, Elyes Zrelli et moi-même. Un groupe de réalisateurs venus d'horizons divers qui ne faisaient pas partie de l'«Establishment» et qui n'avaient aucune envie d'en faire partie.
A l'époque et depuis plusieurs années déjà, l'ACT (l'Association des cinéastes tunisiens), qui était le cadre historique qui regroupait toute la profession, a été confisquée, avec le soutien complice des autorités de l'époque, par son président qui avait exclu la plupart des cinéastes et qui avait fait de l'association un instrument de propagande au service du régime déchu.
Il fallait donc trouver une alternative à cette défaillance d'autant plus que seuls les producteurs bénéficiaient d'un cadre organisationnel pour élaborer et exprimer leurs revendications.
La volonté de créer l'association des réalisateurs répondait donc à la nécessité de pallier à cette double anomalie d'autant plus que la plupart de nos films étaient initiés par leurs auteurs-réalisateurs.
Bien sûr, le ministère de l'Intérieur n'a pas trouvé mieux pour nous souhaiter la bonne année que de nous signifier par courrier le 2 janvier 2006 son refus de nous accorder le visa.
Après le 14 janvier, et à l'unanimité du bureau, nous avons décidé de redéposer le dossier de demande de visa, tel que nous l'avons déposé six ans plus tôt, et avec les mêmes personnes (sauf feu Elyes Zrelli et Jilani Saâdi qui avait signifié son indisponibilité).
Aujourd'hui, l'association existe bel et bien. Et comme nous l'avons promis, elle vient de tenir sa première assemblée générale élective, le 16 août 2011.
Quelle est donc la philosophie qui est derrière cette association?
L'ARF a, entre autres missions, celles de défendre la liberté d'expression et de création de l'auteur-réalisateur et de faire en sorte pour qu'il puisse exercer son métier dans la liberté et la dignité, sans exclusion aucune, ni de sexe, ni d'âge.
Son rôle consiste aussi à participer au sein de toutes les instances de prise de décisions à l'élaboration d'un paysage cinématographique et audiovisuel qui soit à la hauteur des aspirations de la société et en conformité avec les objectifs de la révolution.
Elle sera également le cadre de réflexion des cinéastes pour penser leur métier et leur acte de filmer à la lumière des nouvelles exigences de la société.
La consolidation du tissu associatif dans le paysage cinématographique semble donner ses fruits avec la création du cnci. Comment voyez-vous les relations avec le ministère de la culture avec cette nouvelle donne‑?
En effet, avec la promulgation du décret-loi de création du Centre national du cinéma et de l'image (Cnci), les cinéastes viennent de gagner une bataille engagée depuis presque quarante ans, c'est aussi parce qu'un travail de réflexion en profondeur a été entamé depuis 2009 par l'ensemble de la profession pour mettre en place un projet de réforme visant à sauver un cinéma dont la situation est plus que sinistrée.
Et si la révolution tunisienne a réussi, c'est certainement dû à la maturité de son peuple et à son engagement citoyen constaté depuis lors et qui contraste avec l'aversion qui prévalait avant le 14 janvier dans la plupart des milieux, par peur ou par sentiment d'échec, à l'encontre du travail associatif.
Ce qui est extraordinaire, aujourd'hui, c'est qu'il est devenu possible de se mettre autour d'une table et de privilégier, non pas ce qui nous éloigne, mais ce qui nous rapproche. Ce vent de liberté et de responsabilité citoyenne a secoué les différentes composantes du secteur pour mieux les souder. Et le résultat n'a pas tardé à venir. Abolition de la censure et création d'un centre du cinéma et de l'image, doté de l'autonomie financière et de la personnalité civile et géré par des commissions paritaires représentatives de la profession. Deux mesures révolutionnaires qui vont garantir la liberté d'expression et de création du cinéaste et assurer les moyens économiques et financiers pour faire du cinéma et de l'audiovisuel, non plus un secteur assisté par l'Etat, mais une activité économique et culturelle viable, génératrice de richesses. Cela veut dire aussi que les choix de la politique cinématographique ne seront plus jamais décidés par le ministère, mais par les professionnels du cinéma eux-mêmes, à travers des commissions représentatives de leurs organisations.
Le statut du cinéaste a beaucoup souffert avant la révolution. Comment voyez-vous la création post-révolution ? 
Je ne pense pas qu'il y ait une relation de causalité entre la révolution et la création car cela pourrait supposer qu'il n'y avait pas de création puisqu'il n'y avait pas de liberté. Malheureusement, souvent, le manque de liberté a contribué à la genèse d'œuvres d'une grande beauté. Par contre, l'essentiel, c'est que de mon point de vue, les créateurs n'auront plus jamais à subir les affres de l'administration et de l'exclusion.
S'il y a suffisamment de moyens — et il y en aura, puisque l'image génère énormément de bénéfices (regardez Cactus par exemple, sauf que les bénéfices cette fois-ci iront au cinéma et à l'audiovisuel et non pas dans les poches de quelques privilégiés soutenus par une administration corrompue) — les cinéastes n'auront plus à dépenser la majeure partie de leur énergie à essayer de boucler leur plan de financement, à casser du sucre sur le dos de leurs concurrents ou à se complaire dans les situations inextricables de la victime abandonnée ou rejetée par les siens.
Je suis persuadé que les cinéastes vont se rapprocher de plus en plus les uns des autres, amorcer des dialogues constructifs et élaborer des projets en commun, parce qu'ils auraient vaincu leurs peurs et leurs blocages et retrouver la confiance nécessaire en eux-mêmes et en leurs capacités.
Après, c'est entre eux et eux-mêmes que la question va se poser de savoir quel regard poser sur la société et avec quels moyens techniques et artistiques il faudrait le faire.
Le rapport producteur-réalisateur est une relation de «je t'aime moi non plus» ; comment voyez-vous les nouveaux rapports entre eux‑?
A moins que je ne me trompe, j'ai quand même l'impression que parmi les films tunisiens les plus importants, il y a bon nombre qui ont été menés de bout en bout par des producteurs. Je citerai à titre d'exemple Fi bilad etararanni, Traversées,  Les baliseurs du désert, L'homme de cendres, Sabots en or, Satin rouge, Layla's birthday ou Le royaume des fourmis.
Les rapports producteur-réalisateur, trop souvent tendus jusqu'ici, devraient à mon sens s'harmoniser une fois que nous aurons vaincu nos peurs, les suspicions et les incompréhensions qui en résultent.
Je crois que la profession s'achemine de plus en plus vers une division des tâches et qu'il y a comme une prise de conscience de la nécessité d'asseoir les conditions d'une véritable collaboration entre les divers métiers. Aujourd'hui, presque plus personne ne songe à être à la fois auteur, réalisateur et producteur de son film, et si certains l'ont été jusqu'ici, c'était la plupart du temps par nécessité ou par obligation et non par désir.
De simple boîte aux lettres, le producteur est en passe de devenir l'initiateur et le promoteur d'un projet cinématographique. Une sorte d'agitateur d'idées, qui a suffisamment de culture, de sensibilité et de charisme pour pouvoir créer les synergies nécessaires à l'aboutissement d'une œuvre, depuis le choix du scénario jusqu'à la campagne de promotion pour sa sortie commerciale.
A ce propos, feu Ahmed Baha Eddine Attia, et Hassan Daldoul sont des prototypes du producteur-créateur qui ont consacré leur vie pour faire émerger des œuvres de qualité. Ils y sont parvenus quelquefois mais leurs déboires étaient aussi nombreux que leurs réussites.
Depuis, ils ont montré la voie à d'autres producteurs appartenant à une autre génération de cinéastes dont Dorra Bouchoucha, Nejib Ayed, Imed Marzouk, Habib Attia et plus récemment Chawki Kniss qui se consacrent entièrement à ce métier et qui jouent pleinement leur rôle de promoteurs et d'accompagnateurs à bon port des projets de films.
La question de la double casquette (producteur-réalisateur) a fait l'objet d'un long et houleux débat lors de l'assemblée générale. Comment voyez-vous les perspectives de ce statut particulier à la lumière des nouvelles mutations ?
C'était le débat qui n'aurait pas dû avoir lieu, parce qu'il s'est apparenté à une rhétorique d'arrière-garde qui consiste à vouloir coûte que coûte ramener les causes de la sinistrose de notre cinématographie à une vision réductrice, voire simpliste. Les dichotomies réalisateurs /producteurs, hommes/femmes, jeunes/vieux sont des catégories qui étaient certainement opérationnelles à un moment donné, mais qui ne le sont plus aujourd'hui eu égard aux mutations survenues récemment dans notre secteur et au nouvel état d'esprit qui prévaut entre les cinéastes eux-mêmes et à travers leurs organisations respectives.
On ne peut pas guérir le mal par le mal, comme l'on ne peut pas substituer à l'exclusion, une autre forme d'exclusion. La révolution n'est pas l'instrument des opprimés pour devenir à leur tour des oppresseurs. C'est en cela que les discours enflammés lors de l'assemblée s'inscrivaient beaucoup plus dans la démagogie et la surenchère que dans un projet consensuel auquel, d'ailleurs, les réalisateurs ont souscrit pleinement lors du vote. Et pour ma part, je suis pleinement satisfait du résultat des élections, car les réalisateurs ont fait preuve d'une grande maturité. Finalement, c'est le bon sens qui a prévalu, en dépit de tout, pour aboutir à un bureau diversifié, représentatif, homogène et équilibré.
Quant à un réalisateur, il se définit ni par l'âge, ni par le sexe, ni par la casquette qu'il porte, mais par l'œuvre qu'il réalise.


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