Lorsque l'on voit la ferveur et la joie avec lesquelles on fête une victoire, on comprend que ceux qui se laissent aller vers autant de frénésie n'ont encore rien compris au sport. Le sport, c'est cette école où on apprend ce que c'est que l'effort, l'abnégation et l'honnêteté morale et intellectuelle. Certains s'acharnent à demeurer "responsables fédéraux à vie". D'autres continuent à tirer des ficelles, rongés par la rancœur, dans les coulisses; d'autres encore", opportunistes, ignorants et coupables", se proposent comme les sauveurs qui attendent leur heure pour... revenir et... prendre leur revanche. Sur le plateau d'une des chaînes de télévision, Adel Tlatli avait fait élégamment allusion à ce comportement, en relevant qu'il n'y avait aucune raison d'être surpris par la performance de l'équipe nationale de basketball. Ce technicien du cru, modeste, humble et pédagogue jusqu'au bout des ongles, donnait clairement l'impression que cette agitation et ces questions banales qu'on lui posait n'avaient aucun sens. Gageons qu'il aurait voulu bien dire en deux mots ce qu'il pensait de ce sacre qui constitue quand même une belle performance : "Nous avons travaillé et nous avons eu des résultats. Ce n'est pas plus difficile que ça !" La médaille d'argent de la jeune Habiba Ghribi au Mondial d'athlétisme en était la parfaite illustration. Lorsqu'il avait pris en main l'équipe, cette discipline sportive n'était même pas classée parmi les "sports ciblés" auxquels le département des sports accordait une priorité au niveau du financement des activités. Ce technicien a mis sept ans pour monter son cinq majeur. Et lorsque Ali Benzarti avait pris la tête de la FTBB, bien des caciques lui souhaitèrent "bonne chance" à la tête d'une institution qui était à genoux. Pourtant, des joueurs de très grande valeur, le basket tunisien en avait connu. Ils sont tous partis sans rien remporter et la Tunisie a attendu de très longues, pénibles et frustrantes décades pour remporter ce premier titre africain. Qu'est-ce qui avait changé ? Tout simplement les hommes et leur manière de travailler! Au point de vue infrastructures et nombre d'équipes d'élite, c'est presque les mêmes données. Pire, nous avons perdu l'Espérance, nous n'avons plus la même JSK, la même USM, la grande ESRadès, etc. Nous avons heureusement conservé d'autres places fortes (espérons qu'elles ne seront pas gangrenées par l'arrivée du football professionnel) et des techniciens qui avaient gardé toute leur foi et leur enthousiasme. Avec le peu de moyens dont ils disposaient, ils ont su comment entretenir la flamme et animer la scène en attendant des jours meilleurs. Le basketball, dans cette intervalle, aurait pu disparaître, comme le rugby, faute de soutiens (à tous les niveaux, à commencer par le département des sports) et de conviction profonde en ses moyens. Nous nous souvenons avec quelle insistance il quémandait un budget de fonctionnement qui n'aurait pas suffi pour un stage de l'équipe de football en déplacement à l'intérieur du pays ! Faute d'initiatives et de combativité, le basketball vivotait tant bien que mal. Il a su attendre son heure pour revenir au premier plan. Il est champion continental, et la marge de progression est encore réelle, avec des jeunes et des hommes bien de chez nous, imbus des qualités citées plus haut sans lesquelles rien ne peut être assuré. Face à ce comportement d'hommes, de sportifs véritables, solidaires et consciencieux dont nous sommes tous fiers, certains n'ont que leurs yeux pour pleurer leur incapacité à vivre leur époque !