Le sport tient une place importante dans la vie d'une grande partie de la population. Il n'est pas un îlot dans la société, mais fait partie intégrante de celle-ci. L'évolution de la société exerce donc une grande influence sur la manière dont les individus sont amenés à pratiquer le sport quelle que soit leur qualité. Il s'inscrit donc constamment au sein des valeurs, des normes et des habitudes en vigueur au sein de la société. Plusieurs questions se posent donc à nous : Comment le sport, en tant que moyen d'épanouissement humain et d'intégration sociale, peut-il se développer dans une société en mutation? Quelles sont les influences qu'exerce la société sur la pratique du sport? Qu'attendons-nous du sport? Le sport est une activité qui relève de l'ordre du sens et du goût de vivre. Ceux qui le pratiquent y trouvent un accomplissement; ceux qui y participent, quelle que soit leur tâche, ressentent satisfaction, valorisation et parfois une reconnaissance; ceux qui le regardent sont portés à considérer les athlètes comme des modèles qu'on admire et auxquels on aime s'identifier. C'est pour toutes ces raisons que le sport se doit de rester éthique. Celle-ci doit penser le sport dans sa globalité, sous tous ses aspects. Elle doit reconnaître le sens que peut avoir le sport pour l'individu et la société, et réfléchir aux conditions dans lesquelles il doit être exercé pour qu'il demeure une activité digne de l'homme. Cette activité possède des valeurs de base, immuables dans le temps et dans l'espace, car elles sont universelles. Le sport est considéré comme une école du courage, de la persévérance et de la discipline. C'est un lieu où l'individu apprend à la fois à s'engager personnellement, à rencontrer les autres dans leur diversité, à collaborer avec eux dans les sports d'équipes, à les respecter et à tenir compte d'eux, qu'ils soient adversaires, corps arbitral ou spectateurs. Il nous apprend le dépassement de soi dans la recherche de la performance. Celle-ci est l'expression d'une autre valeur fondamentale qui est la liberté. Personne ne doit être obligé à la performance. Si on la recherche, c'est volontairement, parce qu'on aime le sport, qu'on désire aller au bout de soi-même pour exprimer une part de son humanité, en privilégiant la santé et la vie, dans le souci de la sécurité des sportifs et le respect des valeurs sociales en cours. Se passionner pour le sport ne se justifie que si l'on reste perméable et réceptif à toutes les valeurs qu'il véhicule, y compris la justice et la paix. L'activité sportive, bien gérée et bien conduite se met au service de l'individu, car c'est un facteur de développement personnel et de meilleure intégration sociale. Cette activité sert aussi le groupe parce que c'est une fête de la fraternité et de l'amitié, qui sont des facteurs de rencontre entre les personnes, les générations, les groupes sociaux et les nations. Par là même, le sport contribue à la paix et à la reconnaissance mutuelle dans l'acceptation des différences. Mais d'un autre côté, le sport peut aussi, si l'on n'y prend pas garde, constituer une menace pour la santé du sportif lorsque celui-ci est transformé en machine à performances, en pur objet de spectacle que l'on consomme, menaçant ainsi sa santé physique et mentale, le niant dans son intégrité et sa dignité. Il peut tout aussi bien s'accompagner de violence ou même la générer. C'est pour tout cela que l'éthique sportive est fondamentale, voire vitale pour le sport. C'est elle qui permet de discerner et différencier les pratiques sportives humanisantes de celles qui sont aliénantes. Les premières valorisent l'être humain dans sa globalité, les secondes n'en tiennent pas compte et nient la primauté de la personne humaine. L'éthique sportive, parce qu'elle tient compte de la liberté individuelle, doit se préoccuper de justice et de solidarité. La pratique sportive doit être accessible à tous ceux qui le souhaitent. Par là même, ils ont accès à une formation et à l'éducation qui leur permettra de comprendre et d'intégrer tout ce que le sport peut apporter. Ils doivent recevoir une information sportive pluraliste afin de pouvoir réfléchir au sens que peut avoir le sport dans la société, et à quelles perversions il peut aboutir si l'éthique n'est pas sauvegardée. Ainsi , de facteur de développement social, il peut se transformer en outil d'aliénation sociale. En somme, le sport doit être raisonné avant tout comme une activité éducative à grande échelle, touchant la totalité de la population et en particulier la jeunesse. Il ne doit pas devenir un support pour le «business». Il faut lui garder à tout prix ses notes d'amateurisme au sens noble du terme, c'est-à-dire le sport pratiqué pour l'amour d'une discipline, pour l'amour du maillot que l'on porte, pour l'amour du pays que l'on représente. Le sport est source de plaisir, de bien-être physique, psychique et social. Il se pratique avec fair-play, mettant en avant les notions d'amitié, de responsabilité, de respect de l'autre et de soi. Il faut que le sport soit sain et loyal, excluant toute forme d'agression, de violence, de tricherie, de discrimination et de dopage. Il favorise ainsi l'équilibre et l'épanouissement de notre jeunesse. Nous la mettons ainsi à l'abri des dérives du professionnalisme et de l'argent roi, car c'est l'argent qui doit rester au service du sport et non l'inverse. Nous devons faire de telle sorte que celui qui est digne d'être vu, regardé et admiré ne soit pas forcément celui qui est payé le plus cher. Rappelons à tous que le sport est un jeu avant d'être un produit, que c'est une activité citoyenne avant d'être un marché, que c'est un spectacle avant d'être un business.