Par Abdelhamid Gmati Le malaise que vivaient les forces de sécurité intérieure depuis le 14 janvier a débouché sur les événements du lundi et mardi derniers : insurrection de certains membres de la Garde nationale, manifestations, envahissement de la place du gouvernement, protestations…Depuis des mois, les policiers (en uniforme ou en civil), les gardes nationaux et autres agents du ministère de l'Intérieur sont pris à partie, dénonçés, accusés de tous les maux. Il n'y a pas de fumée sans feu : sous la dictature, on vivait dans un Etat policier, les flics faisaient ce qu'ils voulaient en toute impunité. Il n'y avait pas que les objecteurs de conscience, les opposants et tous les porteurs d'opinions différentes de la pensée unique, qui étaient traqués mais le commun des mortels avait aussi peur des flics, en civil ou en uniforme. On susurrait officiellement que la "police protège la population" mais d'aucuns s'interrogeaient tout bas " qui protège la population des flics ?". On sait aussi toutes les victimes (morts et blessés) tombées lors de la révolution, dues aux forces de la répression. Il était—il est—légitime de demander des comptes aux auteurs de ces drames. Les agents de sécurité comptent aussi des victimes et l'une de leurs revendications est de punir les coupables. Oui mais cela demande enquête. A qui incombe la responsabilité de ces enquêtes ? A la justice, bien entendu, qui, elle, s'appuie nécessairement sur les forces de police. Quand on sait l'omerta et le corporatisme qui sévissent dans ces corps de métier, on n'est pas sorti de l'auberge. Quoiqu'il en soit, nos agents de l'ordre vivaient un malaise profond, ayant perdu la confiance de la population et étant critiqués à chacune de leur intervention. D'où un repli sur soi et, dans un reflexe d'auto défense la constitution de syndicats. Lesquels se sont multipliés et bien qu'encore dans le provisoire, se lancent dans toutes sortes de revendications, certaines légitimes, d'autres politiques. On ne peut s'empêcher de penser que là aussi il y a manipulation. De la part de ceux qui veulent noyer le poisson et faire oublier leurs méfaits mais aussi d'autres forces occultes. Le bras de fer engagé par un groupuscule ne saurait aboutir sur du positif et il est temps que l'on revienne à une situation responsable exigée par la réussite de la révolution et l'établissement d'un Etat démocratique. Quelle police veut-on ? La réponse va de soi : une police républicaine, respectueuse des lois qu'elle est chargée d'appliquer, au service de la population dont elle doit assurer la sécurité etc. Mais à entendre certaines voix, on reste perplexe. Un avocat clame que la police ne doit pas utiliser la force : il suffit d'arrêter les malfaiteurs. Mais comment arrêter un malfaiteur sans user d'un minimum de force ? Les malfrats, les contrevenants, les hors-la-loi usent souvent de violence? comment les en empêcher sans user de violence. Il est entendu que la violence ne doit pas être excessive, même si l'agent est lui-même menacé. Le policier, dans tous les pays du monde, n'est pas un enfant de chœur et ne tend pas l'autre joue quand on le gifle. Faire respecter les lois, qui ne souffrent pas de laxisme dans un Etat de droit, n'est pas une tâche facile et les contrevenants ne sont pas de gentils garçons. Il faudrait arrêter de rêver à un policier qui offrirait des fleurs au lieu de dresser procès verbal, ou qui se contenterait d'une remontrance contre un malfaiteur. La police a fauté parfois très lourdement sous la dictature qu'elle servait presqu'exclusivement. Mais il faut savoir distinguer le bon grain. Et les bons flics, ça existe et ils sont majoritaires. Il serait temps de faire le distinguo et refaire confiance. Même si la peur du gendarme persistera toujours. Comme ailleurs. Il suffira pour être tranquille de ne pas griller les feux rouges, respecter les limitations de vitesse et ne pas transgresser les lois. Comme tous les bons citoyens. Et après tout, comme dirait l'autre : " un gendarme, c'est un civil en uniforme ". Même s'il est en civil.