Du mardi 13 septembre au 15 octobre 2011, se tient au Palais Kheïreddine l'exposition de l'Association des arts plastiques de Monastir, à l'occasion du déroulement du 9e festival international des arts plastiques de Monastir. Des plasticiens de 46 pays du monde y présentent plus d'une centaine d'œuvres qu'ils ont réalisées lors des sessions précédentes du festival. Le terme festival en Tunisie rimant avec salon, le choix des participants n'est pas sévère et l'on invite des artistes de tous bords, entre professionnels et amateurs. La vision folklorique chez eux domine, d'autant plus qu'on leur a demandé de peindre la Tunisie. Chacun a ainsi peint ce qu'il considère comme aspect essentiel. Les artistes serbes, polonais, russes, macédoniens et lettons ont été rigoureux dans leurs compositions, pour la plupart des architectures. Turujkanovic Miroslava, de Macédoine a peint légèrement — relief et avec une économie de moyens et du blanc sur blanc ornementé de quelques coups de fusain — son architecture, une des rares peintures de recherche. Quant à Alexandra Stepanova, elle a travaillé le Ribat de Monastir de l'intérieur avec une gamme d'ocre-rouge. Dragana Dodig, du Monténégro, présente avec une matière épaisse un paysage post-impressionniste nocturne relevé par des éclats de lumière dispersés. Ceux qui ont peint les souks ont axé leur préoccupation sur l'accumulation des personnages et de la lumière. Humberto Pinochet du Canada, avec une éclatante lumière au fond, nous en fait vivre l'ambiance effervescente. La Russe Anatolie Filatov a peint le Ribat de Monastir fidèlement, avec une construction classique sans souci de création. Tahar Abdelkader d'Egypte nous présente un paysage du Rif égyptien, alors que Hiba Noureddine du Maroc s'est tournée vers les «tabbals» et les «zakkars» de Kerkennah avec leurs habits en rouge et blanc, pour les peindre avec des touches spontanées. Le Turc Serkan Sen, fidèle à la peinture classique, présente des baigneurs à la plage avec une gamme chaude. Gizèle Bouliane du Canada, avec beaucoup de métier et en grand format nous offre deux peintures : d'abord des paysages marins avec une spontanéité dans le traitement des barques. La deuxième peinture est une vue nocturne d'une rue de Tunis avec un jeu de clair-obscur subtil, des drapeaux bien intégrés et des personnages animant la rue. Mohamed Habib Rokbani réalise une architecture linéaire avec une multitude de petites courbes posées en accumulation pour former un tout harmonieux. Un groupe d'artistes turcs : Levent Ogluctarhan, Ugur Culer et Tunapire se sont préoccupés de l'architecture locale qu'ils ont interprétée avec beaucoup de sensibilité, un bain de lumière et une application dans la construction. Certaines de ces œuvre dégagent une atmosphère surréaliste, grâce aux tons subtils des gris colorés. Derya Ulker, dans une ambiance nocturne, a peint une place avec un café en plein air. Quant à Abdelaziz D. d'Arabie Saoudite, se basant sur une technique mixte, a réalisé une composition équilibrée dans une gamme verdâtre variée. Lotfi Dridi de Tunisie, fidèle à la ville de Bizerte et aux peintres impressionnistes dont, en particulier, Sisley et Monet, aboutit ces deux dernières années à une expression proche de la photographie par la distribution de la lumière pour créer des paysages rocheux et maritines. Il imagine un port, des barques et une atmosphère métaphysique incarnée par l'absence de personnages et le silence qui se dégage de ce paysage. Le sujet n'est qu'un prétexte, en fin de compte. Le rôle de l'artiste est de savoir mettre sa technique et sa vision au profit du thème tout en étant lui-même, pour aboutir à une œuvre personnelle. Ainsi a procédé Hakan Esmer de Turquie, dont les quatre grandes toiles forment le clou de l'exposition. Il a pu résumer dans l'une d'elles, les aspects essentiels de la Tunisie, en sachant intégrer un ensemble de demeures traditionnelles, dans un point sensible de la toile au-dessus d'un paysage saharien avec des plantes et une impression d'infini, entre ces deux scènes réalisées avec beaucoup de virtuosité technique, on est attiré par une masse rouge vif, au milieu, richement nuancée. Deux des toiles de Hakan traitent le même sujet, une scène classique de la Médina avec les arabesques au fond et des personnages peints à la manière des impressionnistes — Lautrec — avec un changement de tons et d'expression dans chaque toile. Cette exposition mérite d'être visitée pour nous éclairer sur quelques aspects de la peinture dans le monde.